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Québec songe à accueillir plus de 60 000 immigrants en 2027

Christine Fréchette, François Legault et Jean-François Roberge.

Le premier ministre, François Legault, ainsi que sa ministre de l'Immigration, Christine Fréchette, et le ministre responsable de la Francophonie, Jean-François Roberge, ont annoncé des changements aux objectifs en matière d'immigration.

Photo : La Presse canadienne / Karoline Boucher

Le gouvernement de François Legault propose deux scénarios pour encadrer l'immigration au Québec pour la période 2024-2027; la première orientation vise l'augmentation graduelle jusqu'à 60 000 nouveaux arrivants en 2027, tandis que la seconde préserve la cible de 50 000 immigrants par année.

La ministre de l'Immigration du Québec, Christine Fréchette, a présenté deux documents à l'Assemblée nationale aujourd'hui. Le Recueil de statistiques sur l’immigration au Québec et le Cahier de consultation doivent guider les discussions à venir sur les quotas d'immigration dans la province.

Il faudra attendre pour connaître la cible finale du gouvernement Legault, puisque celui-ci doit entendre l'avis des experts et des organisations avant de prendre part à la consultation parlementaire qui devrait avoir lieu au début de l'automne prochain.

Toutefois, les deux documents donnent le ton sur les priorités de Québec.

Deux scénarios

En début d'après-midi, le premier ministre, François Legault, la ministre de l'Immigration, Christine Fréchette, et le ministre responsable de la Langue française, Jean-François Roberge, ont tenu une conférence de presse pour présenter les deux scénarios possibles en matière d'immigration.

Le premier scénario propose une hausse graduelle des seuils d’admission pour atteindre 60 000 en 2027 grâce à une hausse de l'immigration des travailleurs qualifiés.

De plus, les admissions au Programme de l’expérience québécoise (PEQ) volet « Diplômés du Québec » seraient réalisées en continu et hors plafond. En comptant les postulants au PEQ – qui sont déjà établis au Québec et parlent français, fait valoir Québec –, le nombre total d'immigrations permanentes devrait excéder la cible de 60 000.

Scénario 1 : Nouvelles admissions 2024-2027

2024 : 50 000

2025 : 54 000

2026 : 57 000

2027 : 60 000

* À l'exclusion des personnes admises par le Programme de l'expérience québécoise

La première orientation vise à tendre vers une sélection composée entièrement de personnes immigrantes adultes connaissant le français dans les programmes d’immigration économique et à augmenter la proportion de personnes adultes déclarant connaître le français à l’admission, lit-on dans le Cahier de consultation.

« Pour la première fois dans l’histoire du Québec, les candidats à l’immigration économique [devront avoir] une connaissance du français pour pouvoir être sélectionnés. »

— Une citation de  Christine Fréchette, ministre de l'Immigration

Le second scénario propose quant à lui un maintien des seuils d’admission à 50 000 pendant les quatre années couvertes par la planification pluriannuelle. Les admissions réalisées dans le PEQ volet Diplômés du Québec seraient incluses dans les cibles.

La langue française

Qu’importe le scénario choisi, la question linguistique occupe une place importante pour le ministère de l'Immigration. Tôt ou tard, pour s'installer au Québec en dehors des programmes humanitaires ou du regroupement familial, une bonne connaissance de la langue française à l'oral, et parfois à l'écrit, sera obligatoire, a spécifié la ministre Fréchette.

Le ministre de la Langue française a évoqué la nécessité de cette mesure, parmi d'autres, pour contrecarrer le déclin de la langue française dans la province.

« Le Québec est dans une situation exceptionnelle, on est le seul État francophone d’Amérique du Nord, on est une minorité linguistique dans une mer anglophone et on est dans une situation où nos indicateurs sont au rouge, il y a un recul du français en ce moment. »

— Une citation de  Jean-François Roberge, ministre de la Langue française

Si le gouvernement Legault mise sur la connaissance du français auprès des immigrants économiques, c'est que cette catégorie représente un nombre plus important de nouveaux arrivants que les réfugiés et les regroupements familiaux.

Ainsi, dans les deux scénarios, la proportion de la connaissance du français dans l’immigration économique devrait augmenter à 96 % d'ici à 2027 et gagnerait ainsi 7 points de pourcentage par rapport à 2024.

Par exemple, suivant le premier scénario de croissance, en 2027, 41 950 immigrants économiques entreraient au Québec, 10 400 viendraient rejoindre leurs proches et 7200 entreraient à titre de réfugiés.

Puisque les personnes réfugiées ou recourant à la réunification familiale ne sont pas tenues de parler français à leur arrivée dans la province, le pourcentage de connaissance de la langue est en réalité plus bas que le 96 % visé chez les immigrants économiques.

Dans cet ordre d'idée, en suivant le premier scénario, le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec (MIFI) estime que la proportion de personnes adultes déclarant connaître le français à l’admission s’établirait à 79 % en 2027, en croissance de 8 points de pourcentage par rapport à 2024.

Pour le second scénario de seuil d’immigration proposé, cette même proportion se chiffrerait à 77 % au terme de l’exercice.

Un autre changement proposé par Québec est l'ajout d'une modulation des exigences de français en fonction du quart de travail concerné. Par exemple, un emploi manuel nécessitera une connaissance du français plus modeste qu'un emploi auprès du public.

« Ouverture » du côté fédéral

Si Québec a un contrôle sur les admissions permanentes dans la province, notamment en exigeant des critères de français pour l'obtention d'un permis de travail, l'immigration humanitaire, comme les réfugiés et les réunifications familiales, demeure une prérogative fédérale.

Or, M. Legault estime qu'il existe une réelle ouverture de la part du gouvernement fédéral concernant le nombre de personnes admises en fonction de cette catégorie.

« Ce n’est pas parce qu’on augmente les immigrants économiques qu’on est obligé d’augmenter les deux catégories qui sont contrôlées par le fédéral. »

— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

Le premier ministre a cru bon de revenir sur ses propos durant la dernière campagne électorale, lorsqu'il a déclaré qu'il serait « un peu suicidaire » d'accepter davantage plus que 50 000 immigrants par année au Québec en raison du déclin du français.

En augmentant le nombre d'immigrants économiques qui parlent français par rapport aux autres arrivants qui ne s'expriment pas nécessairement dans la langue de Molière, M. Legault considère que le Québec est en mesure d'accueillir plus que 50 000 immigrants annuellement.

La position des autres partis

Le porte-parole en matière d’Immigration de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard, a réagi favorablement aux propositions de la CAQ en matière de langue française, mais a critiqué la position du gouvernement Legault sur la question des immigrants temporaires.

« C'est quoi la place qu'on laisse à notre bassin de temporaires et quelle chance on leur laisse vraiment de pérenniser un statut de permanents? »

— Une citation de  Guillaume Cliche-Rivard, député de Québec solidaire

Considérant qu’on a environ 180 000 travailleurs temporaires et près de 100 000 étudiants étrangers temporaires au Québec, et que dans les deux scénarios qui sont présentés [par la CAQ] on a environ 30 000 places en moyenne dans l'économique, calcule-t-il, on peut comprendre qu'il y a environ 10 % qui auront accès à la résidence permanente.

Pour sa part, le porte-parole du Parti libéral du Québec en matière d'Immigration, Monsef Derraji, remet en question les nouvelles exigences en matière de connaissance du français. Cette mesure risque de limiter le bassin d'immigration du Québec, fait-il valoir.

Je pense que c'est une erreur grave de ne pas regarder d'autres bassins francotropes, estime M. Derraji, en référence aux immigrants dont la langue maternelle n'est pas le français, qui ont des affinités avec la langue, mais qui seraient susceptibles d'échouer aux tests de français de Québec.

Pascal Bérubé, porte-parole du Parti québécois en matière d'immigration, a quant à lui critiqué vivement la CAQ pour ses promesses électorales rompues. On a dit [40 000 immigrants au maximum] en campagne électorale pour se faire élire en 2018. Après, 50 000, comme Jean Charest et Philippe Couillard. Après, "c'est suicidaire d'augmenter". On est rendu à 60 000.

Quel était le slogan à l'origine? En prendre moins, mais en prendre soin. Maintenant? En prendre beaucoup plus, et on n'en parle plus, a-t-il renchéri, en faisant référence à l'immigration temporaire.

Le patronat salue les propositions

Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) ont de leur côté réagi favorablement aux changements proposés par Québec.

La modulation des exigences de français en fonction de l'emploi occupé s’arrime parfaitement aux besoins des employeurs et à la réalité de plusieurs de nos personnes immigrantes, écrit le CPQ dans un communiqué.

Le gouvernement a pris la sage décision de revoir le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) et de simplifier son recours. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour les employeurs, souligne pour sa part la FCCQ.

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