ArchivesLes maisons de chambres : un milieu où règne la vulnérabilité

Les maisons de chambres représentent un milieu d'habitation dans lequel vivent souvent des populations pauvres et vulnérables.
Photo : Radio-Canada / René Saint-Louis
Les maisons de chambres ont longtemps abrité des populations souvent démunies et vulnérables. C’était aussi un milieu propice aux abus, comme le confirment des reportages tirés de nos archives des dernières décennies. Des efforts sont cependant faits pour améliorer cette situation.
Un milieu précaire où règne la peur…
Généralement, une personne n’habite pas dans une maison de chambres par choix.
C’est souvent un type de logement d'ultime recours pour des gens qui ne disposent que de faibles revenus et qui se retrouveraient probablement dans la rue si ces habitations n’existaient pas.
Les gens qui résident dans des maisons de chambres sont habituellement des hommes dans la cinquantaine.
On a aussi observé, ces dernières années, une augmentation à la fois des personnes âgées et des mineurs qui sortent des centres jeunesse.
Quand on regarde dans l’histoire, les maisons de chambres constituent un environnement où les problèmes de tout genre peuvent s’additionner.

Ce soir, 22 novembre 1977
Le 22 novembre 1977, le journaliste Jacques Martel interviewe la conseillère sociale du CLSC Centre-Ville de Montréal, Louise Pauzé, ainsi que Madeleine Dufresne qui est recherchiste.
Celles-ci décrivent les conditions de vie lamentables dans lesquelles les chambreurs sont obligés de résider.
Les deux femmes confirment notamment le climat de peur dans lequel beaucoup des résidents des maisons de chambres vivent.
… et les abus

Le 4 novembre 1981, c’est au tour du journaliste Pierre Craig de l’émission Contrechamp de consacrer un épisode entier aux conditions de vie des chambreurs dans le quartier Saint-Roch de Québec.
Le reportage est particulièrement saisissant et révoltant.
Pierre Craig nous fait découvrir un univers où certains propriétaires abusent sur une grande échelle de leurs locataires.
Le reportage révèle des démarches d’expulsions illégales qui contreviennent aux règles de la Régie du logement.
Plusieurs personnes interrogées par le journaliste confient que ces abus auraient été tolérés, voire encouragés, par certains fonctionnaires du ministère québécois du Bien-être social.
Personne cependant ne veut lâcher de noms. Plusieurs déclarent que ce serait se mettre en danger, de mort même, s’ils disent ce qu’ils savent.
La situation abusive s’est-elle résorbée avec le temps?
À la fin de la décennie 2010, à Québec, dans un contexte de crise du logement, la réponse semblait négative.

Téléjournal Québec, 2 juin 2019
C’est tout du moins ce que suggère ce reportage du journaliste Jonathan Lavoie présenté au Téléjournal Québec le 2 juin 2019.
Faisant fi des règles de la Régie du logement, de nouveaux propriétaires d’une maison de chambres, située sur la rue Saint-Jean, accordent initialement seulement une semaine aux occupants pour trouver un nouveau logement.
Ceux-ci finalement se ravisent et prolongent à un mois le délai d’expulsion.
Malgré cette prolongation, les locataires expulsés savent qu’ils auront beaucoup de difficulté à retrouver un autre toit.
Cette fermeture abrupte d’une maison de chambres est un drame, dénonce un organisateur communautaire du quartier.
Ce genre d’habitation est un rempart contre l’atterrissage des gens dans la rue.
À lire aussi :
Un peu d'espoir
Il ne faut pas croire que le portrait des maisons de chambres est complètement noir.
Récemment, des initiatives sont apparues dans ce type d'habitation qui aident les gens souffrant de vulnérabilité financière et sociale.

C'est ce que nous montre notamment le reportage de la journaliste Nicole Germain présenté au Téléjournal Québec le 14 avril 2021.
Dans le quartier Maizerets à Québec, le projet de maison de chambres rénovée Le Parcours offre aussi notamment un accompagnement social à ses locataires.
Benoît Bissonnette et Geneviève Hervieux affirment être ravis de l'aide qu'on leur accorde grâce à l'Office municipal de la Ville de Québec. Sans ce dernier, affirment-ils, ils ne s'en seraient pas sortis et ils seraient probablement dans la rue.
La Ville de Québec a consacré 4,5 millions de dollars dans le projet Le Parcours.
Partout au Québec et au Canada, les municipalités demandent davantage d'argent et des solutions innovantes aux gouvernements des provinces et fédéral pour régler le problème de pénuries de logements sociaux et abordables dans le pays.