Trioxyde de soufre à la Fonderie Horne : « pas de danger », assure la santé publique

La Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir
La Fonderie Horne de Rouyn-Noranda confirme qu’elle a projeté accidentellement du trioxyde de soufre (SO3), lundi en fin de matinée, en raison d’une « fuite mineure » qui aurait touché l’une des conduites de son usine d’acide.
Cette situation aurait duré une quinzaine de minutes et ne présenterait aucun risque pour la population, selon la Direction de santé publique (DSPu) de l’Abitibi-Témiscamingue.
En résumé, il est à retenir qu’à partir de l’information reçue par la DSPu, il n’y a pas eu et il n’y a pas, à l’heure actuelle, de danger pour la santé de la population en lien avec cette fuite de gaz. Aucune intervention préventive n’est donc requise de la part de la population
, poursuit la santé publique.
Cet avis est partagé par Urgence-Environnement (UE), un organisme chapeauté par le ministère de l’Environnement et chargé de réduire les méfaits de sinistres environnementaux.
L'émanation serait due à une défaillance de cheminées de l’usine. Cela aurait duré un maximum de 30 minutes. Un périmètre de sécurité a été mis en place pour les employés de l’usine
, affirme Frédéric Fournier, porte-parole d’UE.
Comme la DSPu, UE estime que la ville de Rouyn-Noranda n'aurait pas été affectée par ces émanations en raison de la direction des vents. Les vents étaient du sud-est, à une vitesse d’environ 6 km/h. Il n’y aurait donc pas eu d’impact sur la ville
, ajoute M. Fournier.
Mesures préventives
Cet épisode d'émanations de trioxyde de soufre serait survenu vers 11h20 lundi matin. Le ministère de l’Environnement en a fait l’annonce sur Twitter lundi en fin d’après-midi. Une publication similaire à suivi quelques heures plus tard sur la page Facebook de l’organisme.
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Abitibi-Témiscamingue indique pour sa part avoir été informé lundi en milieu d’après-midi, à 14h50.
On s’assure que toutes les mesures soient mises en place pour assurer la protection de la population environnante
, mentionne Frédéric Fournier en donnant l’exemple du périmètre de sécurité érigé par la Fonderie Horne.
Il faut comprendre que cela a été d’une durée maximum de 30 minutes. Il n’y a pas eu d’autres actions à mettre en place à ce niveau-là. Par contre, si cela avait perduré dans le temps, il y aurait pu y avoir d’autres choses.
La Fonderie Horne confirme par courriel qu’une fuite de dioxyde de soufre et de trioxyde de soufre a été signalée par des employés.
Considérant la fuite mineure de SO3, nous avons purgé et arrêté l’usine ainsi que délimité un périmètre de sécurité restreint autour de la fuite. Nous avons contacté le ministère de l’Environnement afin de déclarer le déversement sans délai. Par la suite, le joint d’expansion qui permet de relier deux sections de conduite [de l’usine d’acide] et où se situait la fuite a été réparé rapidement. Nous avons ensuite pu procéder à la reprise sécuritaire des opérations
, précise par écrit Cindy Caouette, surintendante communications et relations avec la communauté pour la Fonderie Horne.
Invités à répondre aux questions de Radio-Canada, le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue et la Fonderie Horne ont préféré s’en tenir à des déclarations écrites.
Un épisode fugace
La situation survenue à la Fonderie Horne n’étonne guère Marc Olivier, chimiste et professeur-chercheur au Centre de transfert technologique en écologie industrielle.
M. Olivier rappelle que le risque zéro
n’existe pas et qu’il est ainsi normal que les équipements industriels connaissent des dysfonctionnements sur une base occasionnelle.
Il est impossible qu’une technologie, qu’un procédé, fonctionne 365 jours par année sans connaître de ratés. C’est un principe de base. Ce que nous voulons, nous, c’est de faire une gestion de risques pour diminuer autant que faire se peut les occasions où on va perdre le contrôle. Et si on perd le contrôle à cause d’une pièce d’équipement qui cesse de fonctionner, il faut qu’on soit en mesure de reprendre rapidement le contrôle, comme cela semble avoir été le cas lors de l’épisode fugace à la Fonderie Horne lundi
, fait-il remarquer.
Explications plausibles
Marc Olivier juge également plausible les explications d’Urgence-Environnement sur la direction des vents, laquelle aurait permis d’amoindrir les impacts du trioxyde de soufre sur le territoire de Rouyn-Noranda.
Il prévient toutefois que les émanations de trioxyde de soufre se répercutent tout de même sur l’environnement, notamment en contribuant à la formation de précipitations acides.
À chaque fois qu’une usine, quelque part, perd du dioxyde de soufre et que s’enclenche cette transformation [vers le trioxyde de soufre], c’est une contribution de plus aux précipitations acides
, fait observer M. Olivier.
Sur l’intensité de l’événement, 15 minutes, 20 minutes, 30 minutes, ça n’en fait pas beaucoup plus dans un monde qui est déjà pollué par un fond constant de précipitations acides qui nous retombent dessus à cause de nos voisins outre frontières. En ce sens-là, ce n’est pas la catastrophe [au sujet des émanations de lundi].
La DSPu de l’Abitibi-Témiscamingue signale dans son communiqué que le trioxyde de soufre occasionne des brûlures des voies respiratoires, des poumons et des yeux
en cas d’exposition.