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Le privé s’étend aux cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées

Tout comme les médecins, des dizaines d’infirmières offrent désormais des services payants en clinique privée.

Un couple dans une salle d'attente avec leur bébé.

Yanic Charland et Kelly-Anne Babin, des clients de la clinique privée de santé Praxis de Terrebonne, avec la petite Liliane.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Lorsqu’ils se sont présentés la semaine dernière à la clinique privée de santé Praxis de Terrebonne, Yanic Charland et Kelly-Anne Babin en étaient à leur cinquième rendez-vous avec un infirmier praticien spécialisé pour leur nouveau-né de 9 mois.

On l’a inscrite au guichet d’accès pour un médecin de famille et, durant ma grossesse, j’ai vérifié avec mon médecin de famille [...] mais ils sont tous débordés, constate Mme Babin.

Pour le couple, les 245 $ déboursés pour chaque visite permettent d’avoir une tranquillité d’esprit. La santé n’a pas de prix, ajoute son conjoint.

Son de cloche similaire au sud de Montréal, en Montérégie.

Lors de notre passage à la clinique Praxis de La Prairie, une aînée n’avait aucune hésitation à payer pour obtenir un rendez-vous rapidement avec une infirmière praticienne spécialisée (IPS) en raison d’une infection urinaire.

On n'apporte pas ça [l’argent] au paradis!, nous a répondu du tac au tac Louisette Parent.

Louisette Parent dans les locaux de la clinique.

Louisette Parent, une cliente de Praxis

Photo : Radio-Canada

Aucun médecin en groupe de médecine de famille (GMF) n’était disponible, et ni elle ni sa fille qui l’accompagnait ne souhaitaient patienter cinq à six heures à l’urgence d’un hôpital.

645 000 patients en attente

Il faut dire que bien des familles n’ont pas encore accès à un médecin de famille ou à un professionnel de la santé en GMF.

On en compte 645 000 de ces patients à travers le Québec, dont près de 250 000 en Montérégie, dans Lanaudière et dans les Laurentides.

Selon les données du ministère de la Santé, 87 % à 90 % de la population de la couronne de Montréal ont accès à un service de première ligne, y compris au Guichet d’accès à la première ligne (GAP).

Dans la grande région de Montréal, les cliniques privées d'infirmières praticiennes spécialisées se multiplient. La chaîne Praxis, par exemple, a ouvert cinq cliniques depuis six ans. Elles viennent combler un manque de services, là où le secteur public ne fournit pas à la demande. Reportage de Davide Gentile.

Un marché qui se développe

Comme l’explique la directrice générale de Praxis, Geneviève Dubé, c'est sûr que dans les couronnes nord et sud de Montréal, l'accessibilité aux soins est quand même plus compliquée.

Geneviève Dubé dans les bureaux de l'entreprise, à Terrebonne.

La directrice générale de Praxis, Geneviève Dubé

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Au fil des ans, elle a constaté l’évolution de la clientèle.

Des gens qui sont professionnels, des retraités, des gens qui ont des moyens plus élevés, certains qui ont des moyens plus faibles et qui économisent pour venir chez nous parce qu'ils n'ont pas accès au système public à des services de santé, explique Mme Dubé.

L’entreprise a saisi l’occasion depuis 2016 d'ouvrir graduellement cinq cliniques privées de santé familiale autour de Montréal.

On a également misé sur l’élargissement du champ de pratique des IPS pour offrir une solution de rechange aux 377 GMF du Québec où on utilise la carte d'assurance maladie.

Depuis 2021, les IPS peuvent, entre autres, diagnostiquer des maladies, prescrire des examens et de la médication, déterminer des traitements médicaux et effectuer des suivis de grossesse sans la surveillance d'un médecin.

38 IPS chez Praxis

IPS de première ligne, Estelle Fournier a fait le choix en 2020 de quitter le réseau public vers le privé.

J'avais une frustration du point de vue des conditions de travail et, souvent, j'avais l'impression au public, des fois, d'être là pour avantager les médecins, affirme-t-elle.

Estelle Fournier dans son bureau.

Estelle Fournier, l'une des 38 IPS chez Praxis

Photo : Ivanoh Demers

Mme Fournier n’est pas la seule à avoir fait ce choix. Praxis compte aujourd’hui une centaine d’employés, dont 38 IPS et 7 médecins.

L’entreprise appartient au Groupe Santé Sedna. Détenu par des intérêts européens, le Groupe Santé Sedna se présente au Québec comme le premier partenaire de l’État dans la gestion et la prestation des soins et des services de santé.

Le Groupe compte plus de 4000 employés œuvrant en soins de longue durée, en hébergement privé, en réadaptation ainsi que dans des cliniques de santé familiale. Il est dirigé par un ex-PDG d’un établissement de santé et compte parmi ses administrateurs l’ex-ministre Michel Clair.

D’autres cliniques privées offrent les services d’IPS sur les sites de prises de rendez-vous.

Entre-temps, le réseau public cherche toujours à recruter des IPS dans l'une des quatre cliniques ouvertes ces derniers mois dans la région de Montréal.

Radio-Canada dévoilait récemment que ces cliniques accueillaient le tiers des 650 patients prévus chaque semaine.

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