Fin des consultations sur la réforme en santé : des inquiétudes demeurent Outaouais

L'urgence de l'Hôpital de Hull à Gatineau (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Laurie Trudel
Des organismes de l'Outaouais dénoncent le manque de consultation quant au projet de loi 15 et craignent que cette réforme du réseau de la santé n'ait un impact négatif sur leurs services.
Les questions de la centralisation et de la réduction du financement font partie des préoccupations mises de l'avant.
Un collectif regroupant 55 organismes communautaires en santé et services sociaux a signé une lettre ouverte parue mardi dénonçant la fin des consultations publiques concernant le projet de loi 15 sur la réforme en santé et la rapidité avec laquelle le gouvernement souhaite adopter cette loi.
Cette démarche prenait fin mardi, après six jours de consultation ayant permis au gouvernement d'entendre plus d'une quarantaine d'acteurs du milieu.
Divers organismes de l'Outaouais font partie des signataires et s'inquiètent des conséquences pour la région.
Le directeur général de la Table régionale des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais, Daniel Cayley-Daoust, déplore qu'il n'y ait pas eu de débat concernant ce projet qui va transformer énormément un grand aspect de nos services publics
.
Force est de constater qu’on n’a pas eu suffisamment de temps pour, un, bien se préparer, et deux, bien analyser l’ampleur des changements qui sont à venir.
Ce dernier souhaite éviter qu’on se retrouve avec une énième réforme du système de santé avec encore toutes sortes de manquements et qu'on oublie de considérer la réalité sur le terrain.

Daniel Cayley-Daoust est le directeur général de la Table régionale des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / David Bates
Une réforme « centralisatrice », selon des acteurs du milieu
Il craint plus précisément les impacts sur les programmes de financement dont plusieurs organismes communautaires dépendent et l'augmentation de la sous-traitance en santé, ce qui réduirait considérablement l'autonomie des organismes.
M. Cayley-Daoust redoute également que les besoins de la région ne soient pas considérés adéquatement dans cette réforme qui est, à son avis, centralisatrice. Est-ce que la réalité des organismes en Outaouais va être entendue
, demande-t-il en entrevue.
Cela fait aussi partie des préoccupations de Geneviève Tremblay Racette, la coordonnatrice pour la Table ronde des organismes volontaires en éducation populaire de l’Outaouais.
Le projet de loi est très centralisateur et on oublie un peu les spécificités régionales qui existent partout au Québec
, fait-elle valoir en entrevue.
Elle souligne les nombreuses lacunes du projet, qui ne tient pas compte, selon elle, de la réalité frontalière de l'Outaouais et des problèmes de rétention de personnel que cela cause.
Mme Tremblay Racette concède qu'une réforme de la santé est nécessaire
, mais trouve que le gouvernement va trop vite.
Je ne suis pas certaine que la réforme qu’on veut mettre en place est la meilleure.
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Un pas vers plus de privatisation, craint un organisme
Pour sa part, le directeur d'Action Santé Outaouais, Mathieu Charbonneau, fait remarquer que le projet de loi réitère la volonté du gouvernement d’aller de l’avant avec la privatisation.
Or, on sait que le privé en santé, c’est inefficace
, ajoute-t-il, faisant référence au récent projet-pilote sur les chirurgies privées.
L'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques a publié, en avril dernier, des données qui démontrent que les chirurgies réalisées dans le cadre de ce projet-pilote se sont avérées 150 % plus coûteuses que dans le réseau public.
Tout comme ses homologues, M. Charbonneau ne rejette pas les propositions qui sont faites dans le projet de loi 15, mais souhaite que le gouvernement accepte d’en discuter davantage.
En réponse à cette mobilisation, le ministre de la Santé, Christian Dubé a indiqué avoir reçu plus d'une centaine de mémoires. Ça veut dire que les gens peuvent s'exprimer
, souligne-t-il. Des changements sont toujours possibles.
Je veux rassurer tout le monde, je l’ai dit, on va être capable de tenir compte de tous les commentaires qu’on a reçus.
C’est sûr qu’on n’aura pas fini le 9 juin, mais je suis excessivement content de la mobilisation du réseau qui a fait tous ces commentaires
, précise le ministre.
Selon ce dernier, la loi devrait être appliquée dès le printemps 2024 si elle est adoptée.
Avec les informations de Nafi Alibert