Appelé à démissionner, Pierre Dufour présente ses excuses

Le député d'Abitibi-Est, Pierre Dufour. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, exhorte le député caquiste d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, à démissionner. Celui-ci rétorque qu’il ne dément pas la commission Viens et présente ses excuses aux personnes blessées par ses propos.
Le chef Picard estime que la récente sortie publique de M. Dufour mine les efforts de réconciliation et de rapprochement entre les Premières Nations et le reste de la collectivité, notamment ceux entrepris par le gouvernement de François Legault.
On demande carrément qu’il démissionne de son poste de député. J’ai de la difficulté à croire que les commentaires de M. Dufour représentent l’opinion générale des citoyens de sa circonscription
, mentionne M. Picard.
Rappelons que Pierre Dufour a pourfendu publiquement les représentants de la Ville de Val-d’Or, lundi dernier, lors d’une séance du conseil municipal. Il a déploré la façon dont la mairesse Céline Brindamour gère les problèmes de l’itinérance et de la délinquance au centre-ville.
M. Dufour a aussi dénigré au passage un reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada sur les femmes autochtones. Il a aussi critiqué la commission Viens, chargée d'examiner les relations entre les Autochtones et certains services publics.
Les commentaires de Pierre Dufour nous ramènent en 2019, poursuit Ghislain Picard. En 2019, après les excuses [aux Premières Nations et aux Inuit] prononcées par le premier ministre [François] Legault, ça vient tout simplement teinter ces excuses-là.

Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Nelly Albérola
Pierre Dufour se défend
Au téléphone, le député Dufour se défend de conforter le racisme de certains citoyens, comme le lui reproche par exemple le chef de la Nation anishnabe de Lac-Simon, Lucien Wabanonik.
Pierre Dufour présente ses excuses aux personnes qui ont été blessées par ses propos. Ce sont des dossiers sensibles, signale-t-il. Si mes propos ont touché à la sensibilité de ces gens, je m’en excuse, car ce n’était pas mon objectif, mais bien d’enrayer la problématique avec laquelle on doit composer depuis quelque temps à Val-d’Or.
M. Dufour ajoute qu’il désirait avant tout s’exprimer sur les problèmes de l’itinérance et de la délinquance au centre-ville de Val-d’Or. Il estime que ces problèmes ne peuvent être réduits à la question du racisme ou encore des relations avec les Premières Nations.
C’est sûr et certain, lorsqu’on fait une sortie médiatique de ce type-là, qu’on risque parfois d’être un peu trop émotif et de dire des éléments qui sont peut-être mal perçus, fait-il remarquer. Dans toute cette dynamique, l’objectif est d’assurer la sécurité des gens [par rapport à la situation du centre-ville de Val-d’Or et au militantisme de citoyens].
Pierre Dufour nuance également ses propos sur la commission Viens, à laquelle il affirme ne pas s’opposer. Ce n’est pas parce que j’ai mentionné un élément de la commission Viens que je ne suis pas en action avec elle
, indique-t-il.
Ce que la commission Viens veut, ce sont des actions pour arriver au mieux-être avec les communautés [autochtones] et avec les milieux allochtones. Je suis parfaitement en symbiose avec cet élément-là
, assure M. Dufour.
Celui-ci a déclaré lundi dernier que la commission Viens avait conclu que les policiers de Val-d'Or racisaient les Autochtones
en donnant plus de tickets aux itinérants
.
Ce dont on parle présentement [pour le centre-ville de Val-d’Or], ce sont des situations d’agression et de vandalisme qui sont faites par différents individus. Et arrêtons de dire que c’est juste des Autochtones. Ce n’est pas simplement des Autochtones, il y a des allochtones là-dedans aussi.

Lucien Wabanonik, chef de la Nation anishnabe de Lac-Simon. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard
Pas suffisants pour Lac-Simon
Lucien Wabanonik, qui réclame lui aussi la démission de Pierre Dufour, croit que les premières explications de celui-ci surviennent trop peu, trop tard
.
Le chef de Lac-Simon fait ici référence à une récente publication Facebook de M. Dufour où ce dernier explique s’être exprimé sous [le coup de] l'émotion
lors de la séance du conseil municipal de Val-d’Or du 15 mai. M. Wabanonik considère également les plus récentes excuses de Pierre Dufour comme insuffisantes. Le mal est déjà fait
, soutient-il.
Premièrement, je ne pense pas qu’il aurait dû dire ces mots-là, avance M. Wabanonik. Quand on vit des émotions importantes et intenses, il vaut mieux prendre un pas ou deux de recul et se la fermer. C’est peut-être ce que M. Dufour aurait dû faire au lieu de se lancer dans ce genre de discours là.
J’ai été très choqué d’entendre encore ce genre de choses. C’est vraiment aberrant. C’est frustrant, même, d’entendre un élu, au niveau du gouvernement, qui prend ce genre de position et ce langage-là. C’est vraiment difficile à comprendre et à entendre.
Les chefs Picard et Wabanonik, outre la démission de Pierre Dufour, enjoignent le gouvernement du Québec à rompre le silence et à dénoncer publiquement la sortie publique du député d'Abitibi-Est.
C’est pris à la légère, c'est comme si c’était anodin, poursuit M. Wabanonik en comparant les récents propos de M. Dufour à ses déclarations passées sur les caribous. Le droit des peuples autochtones, c’est comme si c’est quelque chose qui n’était pas important à ses yeux.