La Saskatchewan est touchée par le pire désert de garderies au Canada, selon un rapport

C'est en Saskatchewan que l'on trouve le plus grand nombre de jeunes enfants qui vivent dans des déserts en matière de services de garde au Canada, selon le Centre canadien de politiques alternatives. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / TJ Dhir
En Saskatchewan, 92 % des enfants d’âge préscolaire habitent dans des régions considérées comme des déserts en matière de services de garde, selon un nouveau rapport du Centre canadien de politiques alternatives publié plus tôt ce mois-ci.
Un désert de services de garde est une région – déterminée par le code postal – où il y a plus de trois jeunes enfants par place à temps plein dans une garderie réglementée. Un total de 85 500 enfants se trouvent dans cette situation.
Cette statistique fait de cette province des Prairies le pire endroit au Canada en matière d'accès à des services de garde. Au Manitoba, ce taux est de 76 %, tandis qu'en Alberta, il est de 61 %.
La Saskatchewan a été la troisième province à l'échelle du pays à adhérer au programme fédéral de création de garderies à 10 $ par jour, atteignant ainsi l'objectif trois ans plus tôt que prévu.
Selon un des auteurs de l'étude, l'économiste David MacDonald, il faudrait s'inspirer des écoles publiques pour déterminer l'endroit où implanter des garderies.
Nous avons besoin d'un processus de planification publique qui s'apparente davantage à ce qui existe pour les écoles. On ne construit pas une école là où c'est le plus pratique pour l'administration de l'école mais là où c'est le plus pratique pour les enfants
, lance M. MacDonald.
À lire aussi :
Regina (24 %) et Saskatoon (18 %) sont parmi les villes canadiennes qui sont à l'arrière du peloton avec Vancouver et Kitchener pour ce qui est du taux de couverture pour les enfants qui ne sont pas encore à la maternelle.
Il y a environ deux places agréées pour dix enfants, ce qui correspond à un taux de couverture légèrement supérieur à 20 % dans ces villes
, peut-on lire dans le rapport.
Selon M. MacDonald, il y a encore plus d'enfants qui vivent dans des déserts de services de garde dans les régions rurales de la Saskatchewan.
Préoccupations dans les garderies
Megan Schmidt, directrice du centre de la petite enfance First Years Learning Center, à Regina, indique que son centre a une liste d'attente de 1925 enfants. Elle trouve difficile d'annoncer un refus aux parents.
Nous pourrions ouvrir dix centres supplémentaires dans cette région et nous aurions toujours une liste d'attente
, regrette-t-elle.
À 175 kilomètres de Regina, à Whitewood, la directrice du centre de la petite enfance Wiggles and Giggles, Nichole Kessel, se souvient de tous les ajustements qu'elle a dû faire dans un court délai pour répondre aux exigences du programme fédéral des garderies à 10 $ par jour.

La directrice de la garderie Wiggles and Giggles, à Whitewood, a pris la parole au Palais législatif de la Saskatchewan mardi.
Photo : Radio-Canada
Nichole Kessel indique que les subventions pour les places en garderie à temps partiel prendront fin le 1er juillet, ce qui aura un effet dévastateur sur sa garderie
. Actuellement, elle reçoit 10 $ des parents et 32 $ du gouvernement par enfant par jour.
J'ai l'impression que tous les efforts que nous déployons risquent de ne servir à rien et que notre centre va en souffrir
, lance-t-elle.
Également vice-présidente de l'association qui représente les directeurs de garderies dans le sud-est de la Saskatchewan, Nichole Kessel soutient que la moitié des garderies de la région ont pris la décision de ne plus servir certaines familles, car elles n'auront plus assez d'argent pour couvrir les dépenses en main-d'œuvre et en matériel.
Mme Kessel déplore la difficulté de ne pas pouvoir concurrencer des entreprises qui offrent des salaires de départ de 15 $ l'heure alors que certaines de ses éducatrices commencent à 13,21 $ l'heure.
Le ministre de l'Éducation de la Saskatchewan, Dustin Duncan, indique que la province élabore une stratégie à long terme pour la main-d'œuvre, ce qui définira une vision à long terme pour la croissance du secteur de la petite enfance et une grille salariale pour s'assurer que les éducatrices reçoivent des salaires compétitifs.
Nous envisageons une stratégie d'expansion pour voir où nous pouvons nous développer non seulement là où il n'y a pas de services de garde mais aussi en travaillant avec les centres et les espaces familiaux réglementés pour voir s'ils peuvent accueillir un plus grand nombre d'enfants
, a déclaré M. Duncan lors de la période de questions de mardi à l'Assemblée législative.
Avec les informations de Will McLernon