Des propriétaires déplorent la réglementation entourant les locations

Des propriétaires affirment que les lois de la Colombie-Britannique rendent l'augmentation des loyers et l'éviction des locataires ardue.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Alors que la Colombie-Britannique détient le taux d'éviction le plus élevé au Canada, certains propriétaires affirment que les règles de location en Colombie-Britannique rendent difficile d'augmenter le loyer et d'évincer les locataires pour des raisons valables.
Nicolas Blachette est agent immobilier agréé au sein de RE/MAX Crest. Il constate l’augmentation des taxes foncières, des frais de copropriété ainsi que des paiements hypothécaires, en raison des taux d’intérêt à la hausse, alors que les loyers demeurent circonscrits à l’augmentation légale.
L'augmentation est de 2 % en 2023, de 1,5 % en 2022, de 0 % en 2021 et de 2,6 % en 2020.
Les propriétaires ont moins de flexibilité. Si un locataire vit dans le bien immobilier depuis six ou sept ans, par exemple, il paie un loyer très bas, très inférieur au marché. Le propriétaire ne peut pas augmenter le loyer au même rythme
, indique Nicolas Blachette.
David Hutniak, directeur général de LandlordBC, abonde dans le même sens. Il affirme que les propriétaires vendent leurs biens parce qu'ils sont incapables d'augmenter les loyers pour payer leur hypothèque.
Vous ne pouvez pas survivre avec des flux de trésorerie négatifs année après année.

Le taux d'augmentation des frais associés à la possession d'une propriété dépasse le taux d'augmentation des loyers, estime l'agent immobilier Nicolas Blachette.
Photo : Radio-Canada
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Louer à court terme
La propriétaire Sherryl Yeager et son mari doivent louer deux appartements dans leur maison du quartier Grandview-Woodland de Vancouver pour pouvoir régler leur hypothèque.
Sherryl Yeager indique qu'elle a songé à inscrire les logements sur Airbnb pour éviter d'être confrontée aux règles de location. Selon elle, la réglementation en place laisse peu de pouvoir aux propriétaires.
Les propriétaires sont perçus comme des personnes riches, des gens qui ont beaucoup d'argent. Ce n’est pas le cas pour beaucoup d'entre nous.
Elle estime que le paiement hypothécaire à taux variable a doublé et que les coûts mensuels associés à la propriété qu’elle a achetée avec son mari ont augmenté de 500 $ depuis l’acquisition du bien en 2017.
Sherryl Yeager déplore également les longs délais lors de recours auprès de la Direction de la location à usage d'habitation (BC Residential Tenancy Branch). En 2020, le couple a évincé un locataire qui fumait de la marijuana pour des raisons médicales, ce qui exacerbait l'asthme de Sherryl Yeager en raison des conduites de ventilation partagées.
Il s'agissait d'un logement non-fumeurs.
Le locataire a contesté l'éviction auprès de la Direction de la location à usage d'habitation et a déménagé pendant la période d'attente de l'audience. Il a également déposé une plainte pour atteinte aux droits de la personne. Le couple propriétaire affirme avoir dépensé 35 000 $ pour contester les plaintes.
Des évictions motivées par l'appât du gain
Robert Patterson est avocat au Tenant Resource and Advisory Centre de Vancouver, une organisation à but non lucratif qui a pour mandat d'améliorer les protections juridiques des locataires en Colombie-Britannique.

Robert Patterson, avocat au Tenant Resource and Advisory Centre, affirme que la Colombie-Britannique a besoin de sanctions plus sévères contre les propriétaires qui évincent illégalement des locataires.
Photo : Photo fournie par Robert Patterson
Il exprime de la sympathie envers les propriétaires qui ont besoin de revenus locatifs pour payer leur hypothèque. Il estime toutefois que l'assouplissement des protections des locataires ne ferait que transférer le fardeau financier des propriétaires aux locataires.
De plus, les défenseurs des locataires estiment qu'il est encore trop facile pour les propriétaires d'expulser des locataires. Ils expliquent qu’il incombe aux locataires de contester les ordonnances d'éviction plutôt qu'aux propriétaires de prouver que leurs raisons sont exactes, sauf dans le cas de rénovictions.
« Un incitatif pernicieux »
Robert Patterson estime que les faibles peines encourues en cas d'expulsion illégale créent un incitatif pernicieux
. Selon lui, cette situation pousse les propriétaires à chasser les locataires qui habitent un logement depuis longtemps et dont le loyer est relativement faible, afin de l’augmenter par la suite.
Le profit est suffisant pour convaincre les propriétaires de ne pas respecter la loi
, estime-t-il.
L’avocat souhaite que les gouvernements construisent davantage de logements abordables pour réduire l’effet de l’appât du gain. Nous devons commencer à réfléchir à l'abandon des modèles qui considèrent le logement comme un moyen d'extraire des richesses de ceux qui n'en ont pas et de les transférer à ceux qui en ont déjà
, indique Robert Patterson.
Avec les informations de Moira Wyton