Versements hypothécaires : hausse de 20 à 40 % à prévoir, selon la Banque du Canada

La Banque du Canada prévoit que, d’ici la fin de 2026, presque tous les détenteurs de prêts hypothécaires auront vu leurs paiements s’accroître. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Depuis plus d'un an, les ménages canadiens dont le prêt hypothécaire est à taux variable font les frais des hausses répétées du taux directeur. Épargnés pour l'instant, les détenteurs d'hypothèques à taux fixe ne sont pas pour autant à l'abri. La Banque du Canada prévient que leurs versements pourraient augmenter de 20 à 25 % au moment du renouvellement.
Depuis la première hausse du taux directeur en mars 2022, seul le tiers des propriétaires ont vu leurs versements hypothécaires augmenter, note la banque centrale canadienne dans sa revue du système financier pour 2023 (Nouvelle fenêtre).
À ce jour, les effets des huit hausses consécutives du taux directeur se sont concentrés chez ceux qui détiennent des hypothèques à taux variable.
La plupart d’entre eux ont des prêts à versements fixes. Ainsi, une bien plus grande proportion de leur versement sert maintenant à payer les intérêts, ce qui repousse alors le remboursement du capital.
Lors du renouvellement, ces propriétaires verront leurs versements augmenter de 40 % s’ils désirent conserver la période d’amortissement initiale de leur prêt, estime la Banque du Canada.
Elle prévoit que, d’ici la fin de 2026, presque tous les détenteurs de prêts hypothécaires auront vu leurs paiements s’accroître de 20 % en moyenne.
C'est la fin de la fête. Durant les dernières années, le crédit était tellement simple d'accès que la plupart des gens pouvaient changer de propriété, changer de voiture, acheter de nouveaux meubles
, remarque Simon Lupien, courtier hypothécaire et cofondateur d'apoint Hypothèque.
Il soutient qu’aujourd’hui les propriétaires sont portés à assurer un meilleur contrôle de leur budget et de leur niveau d’endettement.
Même son de cloche chez Simon Bilodeau, courtier immobilier de la région de Vancouver.
Il y a des gens qui vont avoir de bonnes surprises. Si on cherche 500 à 700 dollars par mois dans un budget, il y a des gens qui vont avoir un peu de problèmes avec ça. Il y en a qui vont couper dans leurs économies, il y en a qui vont aller moins souvent au restaurant
, explique-t-il.
Du temps pour s’ajuster
M. Bilodeau rappelle néanmoins que les hausses du taux directeur se sont faits de manière progressive, donnant ainsi le temps aux propriétaires de s’ajuster à d’éventuelles augmentations de leurs paiements hypothécaires.
Il note également que ceux qui ont contracté une hypothèque il y a plus d’un an ont tout de même dû prouver qu’ils pouvaient s’acquitter de leurs versements hypothécaires advenant une hausse de taux similaire à celle enregistrée dans les derniers mois.
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Depuis juin 2021, les emprunteurs doivent démontrer qu’ils peuvent supporter un taux de 5,25 % ou leur taux contractuel majoré de deux points de pourcentage si celui-ci est plus élevé.
Avec des taux hypothécaires qui se négocient aujourd’hui autour de 5,5 %, les propriétaires doivent ainsi se qualifier avec un test de résistance à 7,5 %, ce qui pourrait être difficile pour bien des ménages, selon M. Lupien.
Là on parle de prêts conventionnels, mais si on a un produit avec une marge de crédit, [...] l'enveloppe se qualifie non pas à 7,5 %, mais parfois à 8 % ou 9 %
, renchérit-il.
Des pistes de solution
Les courtiers interrogés appellent les propriétaires à ne pas attendre la veille du renouvellement de leur hypothèque pour réévaluer leur budget.
Le courtier Simon Lupien propose notamment aux ménages de s'interroger sur leurs besoins.
Est-ce que tout le monde a besoin de vivre dans une maison unifamiliale en banlieue qui vaut 700 000 dollars avec deux voitures dans la cour?
, demande-t-il.
Selon lui, se départir d’un véhicule, réduire la taille de sa propriété ou la partager avec un proche permet de s’adapter à cette nouvelle réalité économique.
Dans le cas d’une jeune famille qui pourrait difficilement se serrer davantage la ceinture, Simon Bilodeau rappelle qu’il est possible d’étendre temporairement la période d’amortissement du prêt pour réduire le montant des versements.
Il y a aussi l’option de changer de banque. Des fois, on peut obtenir un meilleur taux d'intérêt
, ajoute-t-il. Il y a plusieurs choses qu'on peut faire pour améliorer son sort. [...] Il ne faut pas penser que c'est la fin du monde.