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Places en garderie : le parcours du combattant des parents

Une mère dépose son enfant à la garderie.

De nombreux parents sont victimes de la pénurie de places en garderie.

Photo : Getty Images / Fly View Productions

Plus de la moitié des enfants en bas âge attendent de trouver une place dans une garderie en Ontario, selon un nouveau rapport publié par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA). Une situation qui inquiète de nombreux parents.

Juliette Alam est la maman d’un garçon de deux ans et demi. Elle fait partie des nombreux parents qui déplorent le manque de places en garderie à Toronto et qui ont compilé une liste des services de garde dans leur secteur.

Ça fait maintenant deux ans et demi que mon fils est sur une liste d'attente, explique-t-elle. On a beaucoup de difficulté à comprendre comment les garderies font le suivi auprès des familles qui sont sur les listes d'attente pendant tout ce temps.

Photo de Juliette Alam, avec son mari et son bébé.

Juliette Alam est préoccupée par le manque de places en garderie, surtout en milieu francophone.

Photo : Juliette Alam

Si un enfant est déjà dans une garderie, le frère ou la sœur a priorité sur toute autre enfant, poursuit Mme Alam qui dénonce un tel règlement.

Des familles désespérées

Si c’est difficile pour un enfant, imaginez la situation lorsqu'il y en a deux, prévient Audrey Debruyne, une mère de jumeaux stressée en raison du manque de place en garderie.

J'ai deux enfants à placer et il n'est pas question d'en avoir un d'un côté de la ville, et l'autre de l'autre côté, lance-t-elle avec exaspération, car ses efforts ont été vains. C'est une fratrie, c'est donc important pour nous qu’ils restent ensemble.

Portrait de Audrey Debruyne avec ses jumeaux.

« Beaucoup trop de femmes se retrouvent en situation de détresse en raison du manque de place en service de garde », dit Audrey Debruyne.

Photo : Audrey Debruyne

« À peine accouchée, il faut déjà penser à mettre son enfant sur une liste. Et encore là, ce n’est pas une garantie. Il faut appeler les garderies régulièrement pour leur rappeler qu'on existe. »

— Une citation de  Audrey Debruyne, mère de jumeaux

De son côté, Claire Teshome a trois enfants en bas âge. Elle a réussi à trouver une place dans une garderie pour son fils aîné de deux ans et demi, mais elle souligne que le trajet représente en moyenne 40 minutes aller-retour.

La jeune maman se demande si elle trouvera deux places pour ses deux bébés de trois mois. Elle craint de ne pas pouvoir reprendre le travail à la date prévue.

Photos des jumeaux de Claire Teshome .

Claire Teshome espère trouver des places en garderie pour ses jumeaux.

Photo : Claire Derelle

La quête de Mme Teshome occupe presque toutes ses journées. C'est difficile de planifier mon retour au travail parce que je ne sais pas du tout si je vais avoir une place pour le mois de septembre, confie-t-elle. Ça bloque toute ma planification de retour au travail.

Même aveu du côté de Mme Debruyne qui a dû prendre les grands moyens.

On se tourne vers une jeune fille au pair française. On n'a pas le choix, confie la mère qui habite dans la région de Thunder Bay et qui espérait reprendre le travail après un congé d'un an.

Maintenant, ses jumeaux ont 17 mois et elle espère que la jeune fille au pair obtiendra son visa rapidement afin de venir l’aider.

Ce que révèlent les chiffres

La situation de ces trois femmes fait écho à ce que révèle le rapport publié par le CCPA.

Ce rapport examine la disponibilité des places en garderie par code postal à travers le pays et constate que les déserts de garde d'enfants sont répandus, explique David MacDonald, économiste principal du CCPA et coauteur du rapport.

Les déserts en milieu de garde sont des zones où il y a une pénurie d'espace en comparaison avec le nombre d'enfants qui habitent là, explique M. MacDonald. Dans ces régions, on compte plus de trois jeunes enfants par place disponible à temps plein dans une garderie réglementée.

Portrait de David MacDonald, l’économiste principal du Centre canadien de politiques alternatives et le coauteur du rapport sur les places en garderie.

David MacDonald est l'économiste principal du Centre canadien de politiques alternatives et coauteur du rapport sur les places en garderie.

Photo : David Macdonald

Le phénomène s'observe, en général, dans les petites villes et les milieux ruraux moins densément peuplés en comparaison des grandes villes, dit l'économiste.

Dans les grandes villes ontariennes de plus de 100 000 personnes, les probabilités de déserts en milieu de garde sont au plus bas, poursuit-il.

En comparaison avec la moyennes nationale de 48%, selon les résultats de l'étude, la proportion d'enfants en Ontario vivant dans des déserts de service de garde est un peu mieux, elle se situe à 44 %.

« Au Québec, seulement 16 % des enfants qui vivent dans un milieu rural habitent un désert où il y a un manque de place en garderie à temps plein. Alors qu’en Ontario, c'est 82 %. »

— Une citation de  David MacDonald, économiste principal du CCPA

Comme piste de solution, M. MacDonald suggère non seulement plus d'éducateurs mieux rémunérés afin d'attirer du personnel qualifié, mais aussi plus de garderies dans les plus petites villes afin de réduire l'inégalité géographique.

On ne met pas les écoles publiques là où c'est génial pour le directeur de l'école. On les met là où se trouvent les enfants. Malheureusement, on ne fait pas ça ici pour les garderies, regrette-t-il.

Une situation qui mérite d’être prise au sérieux, selon M. MacDonald, car les demandes de places en garderie ont augmenté depuis que les frais ont été réduits en décembre dernier.

Pour sa part, le bureau du ministre de l'Éducation, Stephen Lecce, rappelle son engagement à défendre les familles ontariennes et à veiller à ce qu'elles aient accès aux places dont elles ont besoin, en construisant 86 000 places d'ici à la fin de 2026.

Nous avons déjà réduit les frais de 50 % à environ 10 000 $ par enfant. Nous faisons une différence, conclut le ministère.

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