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Incendie mortel à Buckingham : l’accusée écope de 15 ans de prison

L'extérieur du palais de justice de Gatineau et de l'édifice Jos-Montferrand.

Le juge Langevin a tenu compte de « nombreux » facteurs aggravants dans le dossier. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Sébastien Marier

Près de quatre ans après un incendie criminel qui a fait deux morts dans le secteur de Buckingham, à Gatineau, la femme accusée a écopé, vendredi, de 15 ans de prison. En soustrayant sa détention provisoire d’une durée de 7 mois, il lui reste donc 14 ans et 1 mois à purger.

Le juge de la Cour du Québec, Gaston Paul Langevin, a tenu compte de nombreux facteurs aggravants dans le dossier, notamment que l’accusée n’ait pas démontré de signes de peine ou de tristesse après les événements. Il a de plus insisté sur sa grossière négligence et son insouciance grave.

Sa décision met ainsi un terme à un long processus judiciaire à la suite de cet incendie survenu dans la nuit du 31 août 2019 dans un immeuble de logements, où se trouvaient le conjoint de l’accusée et trois enfants.

Un bébé de trois mois est mort quelques heures après l’incendie. L’homme de 31 ans a été hospitalisé pendant quelques mois pour traiter des brûlures graves. Il a finalement rendu l’âme à la fin du mois de décembre.

Selon le juge, le crime de l’accusée a causé des souffrances et des séquelles permanentes, physiques et mentales, aux victimes, aux familles de celles-ci et à leurs amis, a-t-il énuméré, mentionnant au passage qu’un enfant a dû subir plusieurs greffes et chirurgies, dont une amputation de la jambe droite au niveau du genou.

Cet enfant devra aussi faire de la réadaptation toute sa vie.

La mère du conjoint décédé a accepté de s’exprimer sur la décision rendue vendredi matin. La vie continue. C’est à nous d’accepter les choses telles qu’elles sont. Pour moi, le mot "deuil" demeure encore un grand mot.

Des voitures de police et des camions de pompiers sont stationnés à proximité de l'immeuble.

Le tribunal a déterminé que l'accusée avait planifié l'incendie du 31 août 2019 « intentionnellement et sans conséquence de ses actes ». (Photo d'archives)

Photo : S.B.

Le ministère public en voulait davantage

Le ministère public avait recommandé une peine de 18 à 20 ans d’incarcération en dénonçant le caractère odieux du crime et des conséquences atroces sur les victimes et leurs familles. Le juge a qualifié cette recommandation de trop sévère.

Il a donc choisi 15 ans, c’est-à-dire le maximum de la recommandation de l’avocate de l’accusée, qui a suggéré une peine de 12 à 15 ans. La défense a mis en avant certains facteurs atténuants, comme l’absence d’antécédent judiciaire de la femme, aujourd’hui âgée de 42 ans, et le fait qu’elle a été décrite comme une femme aimante.

La procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Marie-Josée Genest, a assuré que le ministère public était très satisfait et très content de la décision. Ça permet à la famille de tourner la page, a-t-elle commenté dans un court point de presse, au palais de justice de Gatineau, vendredi matin.

Une avocate répond aux questions.

Me Marie-Josée Genest estime que la famille des défunts pourra désormais passer à autre chose.

Photo : Radio-Canada

L’avocate de l’accusée, Me Annabelle Clavet-Routhier, n’a pas voulu répondre aux questions de Radio-Canada. Elle a exprimé le désir de parler à sa cliente afin de faire le point avec elle.

L’accusée en colère

Avant de rendre sa décision, le juge Gaston Paul Langevin a lu tous les détails de la nuit du 31 août 2019. Après une quinzaine de minutes, l’accusée s’est levée pour invectiver le juge en le traitant de menteur et en promettant que la vérité allait sortir.

Le juge lui a laissé quelques secondes avant de lui demander si elle allait se calmer.

L’accusée a alors rétorqué : La marde que tu dis, je ne veux pas l’entendre, en plus de promettre qu’elle allait porter la cause en appel. Elle a alors été guidée vers la sortie de la salle de la cour, accompagnée par deux policiers à qui elle a demandé de ne pas la toucher.

Ensuite, le juge Langevin a repris sa lecture, où il a été question du caractère colérique de l’accusée et du manque de respect dont elle a fait preuve auprès de témoins et de procureurs au fil du processus judiciaire, au point où le tribunal a dû intervenir.

Précision

Une ordonnance de non-publication nous empêche de publier toute information qui permettrait de révéler l'identité des enfants visés par ce dossier. Ces derniers ont été pris en charge par la Direction de la protection de la jeunesse.

Invitée à commenter la réaction de l’accusée, Me Marie-Josée Genest a répondu qu’elle a été fidèle à elle-même, en précisant que ce n’était pas la première fois. Elle a été comme ça tout au long du processus judiciaire.

Geste planifié, graves conséquences

Dans les explications du juge, il a été possible d’en apprendre davantage sur le modus operandi de l’accusée, et ce, même si elle a fait exercer son droit de ne pas témoigner lors du procès, de sorte que le tribunal ne peut que spéculer sur les raisons qui l’ont poussée à commettre le crime.

Le tout a commencé en raison d’une chicane avec ses voisins sur l’emplacement du bac à ordures. Selon le premier scénario du tribunal, l’accusée a d’abord tenté de convaincre son conjoint de déménager, mais celui-ci a refusé pour des raisons financières.

L’accusée est devenue de plus en plus impatiente. Elle voulait convaincre son conjoint que les voisins étaient dangereux. Elle a fait de ce conflit une obsession, a raconté le juge Langevin.

Ce scénario soulève plusieurs questions : [...] était-il nécessaire de déverser de l’essence à l’intérieur du logement et, surtout, devant les portes de l’immeuble, de l’appartement et des portes des chambres?

L’absence de mobile ne justifie en rien la gravité des gestes posés. Ils étaient planifiés et intrinsèquement dangereux, en plus de causer la mort et des lésions corporelles.

Une citation de Extrait de la décision du juge Gaston Paul Langevin

Le second scénario du tribunal va comme suit : Selon la preuve, l’accusée était épuisée et le couple vivait des difficultés. La femme consommait de plus en plus d’alcool pour se détendre et cela causait des conflits avec son conjoint. Ajoutez à cela la dispute avec les voisins. Ainsi, elle aurait incendié l’appartement dans un moment de découragement pour mettre un terme à cette vie.

En plus de ses années derrière les barreaux, la femme devra aussi respecter quelques ordonnances, comme l’interdiction de posséder certaines armes à feu en plus de ne pas communiquer avec quelques personnes précises. Un prélèvement a également été autorisé à des fins d’analyse génétique.

Avec les informations de Julien David-Pelletier et de Rebecca Kwan

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