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Mort du sergent Eric Mueller à Bourget : un village « paralysé et sous le choc »

Une photo du sergent Eric Mueller, devant deux livres de condoléances à signer.

Le village de Bourget est lié, à jamais, au sergent Eric Mueller.

Photo : Radio-Canada / Patrick Louiseize

Dans une petite communauté comme celle de Bourget, les citoyens préfèrent généralement rester loin des projecteurs. Mais depuis la mort du sergent Eric Mueller la semaine dernière, le village doit composer avec une attention inhabituelle pendant que ses résidents essaient toujours de comprendre l'incompréhensible.

Notre communauté est paralysée et sous le choc. Nous ne comprenons pas pourquoi nous avons perdu l’un des nôtres. Je suis très émotive, a admis Ginette Hamilton à l'occasion d'une rencontre jeudi midi au Centre communautaire de Bourget, où une vingtaine de citoyens ont choisi de regarder la retransmission, à l’abri du public, des funérailles tenues au Centre Canadian Tire.

Ces gens ont choisi de vivre cette cérémonie ensemble plutôt que de suivre le tout isolément dans le potentiel vide de leur salon. Quelques-uns admettent avoir trouvé un peu de réconfort en restant près les uns des autres.

Une vingtaine de personnes regardent un écran.

Ginette Hamilton (au centre) a suivi les funérailles avec émotion.

Photo : Radio-Canada / Patrick Louiseize

Une semaine après la mort du sergent Eric Mueller, les résidents de Bourget pansent leurs blessures, avec un mélange d’incompréhension et de profonde tristesse. Un jour, le village se relèvera de cette tragédie survenue en pleine nuit. Mais jamais il ne l’oubliera. Il ne faut pas que cet événement nous définisse, a dit Mme Hamilton avec détermination.

Le sergent Eric Mueller a perdu la vie lors d’une fusillade pendant qu’il répondait avec des collègues à un appel, au milieu de la nuit. Deux autres policiers de la PPO ont aussi été blessés lors de l’intervention.

En 2021, le recensement canadien a comptabilisé 1175 résidents, une goutte d'eau dans l'océan de la population ontarienne de près de 15 millions d'habitants. Ici, tout le monde connaît tout le monde, a décrit Ginette Hamilton. Presque tout le monde en fait, car personne ne connaissait le suspect de 39 ans qui a aussitôt été maîtrisé, arrêté et accusé. La Police provinciale de l’Ontario en est rapidement venue à la conclusion qu’il s’agissait d’une « embuscade ».

La pancarte du centre communautaire de Bourget.

Par définition, un centre communautaire est un lieu public où les membres d’une communauté peuvent se réunir. Jeudi, celui de Bourget pouvait difficilement mieux le refléter.

Photo : Radio-Canada / Charles Lalande

Troublant et choquant

Café à la main, Christine Pagé est arrivée au centre communautaire quelques minutes avant le début de la cérémonie. La retraitée a justifié sa présence par respect à l’égard du sergent.

Elle vit à Clarence Creek, le village voisin de Bourget. Son fils habite à quelques maisons de l’endroit où Eric Mueller a vu ses 42 années de vie - et ses 21 ans au service de la police - s’arrêter abruptement.

Les grandes villes canadiennes, comme Ottawa, Montréal et Toronto, tentent de freiner la violence armée qui fait de plus en plus de victimes, souvent innocentes. À Bourget, on ne pensait pas que ce fléau allait se faufiler à l’intérieur des 2,2 kilomètres carrés du territoire. On croit que [cette violence] se passe dans les grandes villes, mais pas dans les petites communautés.

Une femme, de dos, regarde une cérémonie.

Christine Pagé, de dos, a tenu à être présente pour l'hommage au sergent.

Photo : Radio-Canada / Charles Lalande

Mme Pagé ne manque pas d'épithètes pour décrire la tragédie survenue sept jours plus tôt. Choquant, désolant... C'est de l’incompréhension. Ça a affecté tout le monde.

Au moment où la résidente prononce ces mots, elle doit s’arrêter. Le projecteur montre l’arrivée du cercueil d’Eric Mueller au Centre Canadian Tire. À l’instar des autres citoyens présents, elle prend place, bien assise sur une chaise.

Les funérailles commencent. Au centre communautaire, un silence solennel règne. Il est facile de se laisser transporter par l’émotion et d’avoir l’impression d’être sur place, aux côtés des 9000 policiers de partout en Amérique du Nord qui ont convergé vers l’ouest d’Ottawa pour rendre hommage à leur frère d’armes.

Un membre de la PPO tient une photo d'Eric Mueller dans ses mains.

À ses funérailles, le sergent Eric Mueller a été décrit comme un héros, un mentor, un mari exemplaire et un père aimant.

Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby

Pendant deux heures, les citoyens, comme des milliers de gens à travers le pays, ont écouté les discours de politiciens et de policiers. Suspendus aux lèvres de ceux qui ont pris le micro, certains ont pleuré.

Avant et après la cérémonie, les résidents du village ont discuté entre eux. Dans chacune des conversations, on a pu sentir, facilement, la compassion, le respect et la peine des gens. Mais aussi plusieurs questions encore sans réponses.

Que s’est-il passé? Il ne s’est pas protégé? A-t-il commis une erreur?, pouvions-nous entendre ici et là.

Des gens observent le cortège funéraire du sergent Eric Mueller sur l'autoroute depuis un pont.

Le cortège funéraire du sergent Eric Mueller a été suivi par de nombreux citoyens.

Photo : La Presse canadienne / Patrick Doyle

Raynald Joly et son épouse, Colette Joly, ne sont pas venus au centre communautaire pour connaître les détails du drame, mais pour rendre un dernier salut au défunt policier. Le couple de personnes âgées était présent puisqu’il connaît la famille Mueller, dont on dit beaucoup de bien.

Ce sont nos amis, et c’est arrivé proche de chez nous. Aujourd’hui, je veux rendre un hommage à Eric et à sa famille, a répondu M. Joly.

Le couple habitant Bourget a fait un arrêt à Rockland pour assister au départ du cortège vers le Centre Canadian Tire avant de se rendre au centre communautaire.

On voulait suivre le sergent pour une dernière journée. On sympathise avec la famille. On aimerait en faire plus, mais on ne peut pas… Il n’aurait pas dû partir comme ça, a ajouté Mme Joly avec délicatesse et empathie.

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