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Envoyé spécial

Justin Trudeau au G7 : le Canada veut serrer encore plus la vis à la Russie

C’est la guerre en Ukraine et la montée de la Chine qui seront au centre des discussions des dirigeants du G7 à Hiroshima, au Japon, au cours des prochains jours.

Il lève la main droite.

Avant de se rendre à Hiroshima pour le sommet du G7, Justin Trudeau a fait une escale à Séoul, la capitale de la Corée du Sud.

Photo : The Canadian Press / Adrian Wyld

L’idée derrière les sanctions imposées contre Moscou est de lui couper les vivres, tant sur le plan économique que militaire, afin de nuire à son effort de guerre en Ukraine.

En limitant les échanges commerciaux et en plafonnant le prix qu’ils sont prêts à payer pour le pétrole russe, les pays européens et autres alliés réduisent les revenus qui entrent dans les coffres de Moscou.

En interdisant la vente de matériel militaire et de haute technologie au régime de Vladimir Poutine, les alliés de l’Ukraine forcent l’armée russe à faire la guerre avec de l’équipement moins sophistiqué, ce qui a pour effet de ralentir sa progression sur le terrain.

Les sanctions fonctionnent, estime Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères. Le secteur militaire est affecté de façon négative parce qu’il n’y a pas en Russie d’importation de nouvelles technologies.

Mais le régime de sanction n’est pas parfait et fonctionne en partie seulement, selon Frédéric Lasserre, professeur à l’Université Laval, et titulaire de la Chaire de recherche en études indopacifiques.

D’une part, les sanctions ont des effets réels sur Moscou. Mais d’autre part, elles ne sont manifestement pas suffisantes pour amener la Russie à changer de politique.

Une citation de Frédéric Lasserre, professeur à l’Université Laval, et titulaire de la Chaire de recherche en études indopacifiques

Justin Trudeau et les autres leaders du G7 réunis souhaitent donc durcir les sanctions contre la Russie et élargir leur portée. Et d’autre part, trouver une façon de sévir contre certains pays, comme la Moldavie, qui aide Vladimir Poutine à contourner les interdictions d’importations.

L’ingéniosité des Russes

Même si l’Occident resserre son étau commercial, la Russie trouve encore les moyens de contourner les mesures prises contre elle.

Par exemple, on peut réutiliser les microprocesseurs d’appareils électroménagers à des fins militaires, indique M. Lasserre. La qualité et la précision peuvent être différentes, mais l’armée russe réussit à fonctionner avec les moyens du bord.

De plus, le fait que certains pays aident la Russie à éluder certaines sanctions est certainement un problème, estime Mélanie Joly. Il va y avoir des conversations avec les leaders du G7, faut coordonner nos efforts. Le G7 cherche une façon d’augmenter les pénalités pour les contrevenants, mais sans trop les humilier pour éviter qu’ils prennent ensuite ouvertement parti en faveur de la Russie.

Quant aux sanctions économiques, les oligarques proches de Vladimir Poutine usent de tous les moyens à leur disposition pour camoufler leurs avoirs, afin d’éviter qu’ils soient gelés par la communauté internationale.

Un véritable jeu du chat et de la souris

Un rapport du Conseil mondial sur le contournement des sanctions contre la Russie détaille avec minutie tous les stratagèmes utilisés par les riches Russes pour se protéger contre les sanctions : transfert d’actif à des proches, utilisation de compagnies à numéro, compte en banque dans les paradis fiscaux, blanchiment d’argent par le biais d’achats de biens immobiliers.

Il faut rappeler aux entités réglementées qu’elles ont l'obligation de détecter et de signaler les activités illicites, y compris l'évasion des sanctions contre la Russie, dans tous les pays.

Une citation de Extrait du rapport du Conseil mondial sur le contournement des sanctions contre la Russie

Les dirigeants du G7 sont conscients du problème et devraient se pencher sur le rapport du Conseil mondial pour trouver des pistes de solutions. À savoir :

  • assurer que les institutions financières et des entités réglementées augmentent leur surveillance des avoirs russes;
  • assurer qu’elles prennent tous les moyens nécessaires pour renforcer la conformité face aux sanctions;
  • améliorer le partage de renseignement entre les pays.

Le Canada aime se vanter qu’il est le seul pays à avoir adopté une loi qui lui permet non seulement de geler les avoirs russes, mais aussi de les saisir, de les revendre et d’utiliser les profits pour aider l’Ukraine.

Une mesure qui a eu jusqu’à présent un effet limité, et qui n’a pas été imitée par ses alliés.

Un outil imparfait

Les sanctions sont donc un moyen imparfait de limiter les avancées de Vladimir Poutine en sol ukrainien.

Elles empêchent l’armée russe de procéder à des frappes-éclair en Ukraine. Ce qui force Moscou à se livrer à une guerre d’attrition, en espérant ainsi venir à bout de la détermination du peuple ukrainien, dit Maria Snegovaya, du Centre d’études internationales et stratégiques de Washington.

La Russie ne gagne pas, mais ne perd pas non plus. Ce qui pourrait à long terme mettre à rude épreuve la solidarité des pays alliés de l’Ukraine.

C’est donc pour cette raison que le G7 souhaite serrer encore une fois la vis à la Russie.

Il y a des voix qui se sont levées pour demander qu’on durcisse les sanctions pour accélérer l'impact économique et militaire sur la Russie, explique Frédéric Lasserre.

On peut essayer de resserrer les mailles du filet, mais il ne sera jamais complètement étanche.

Une citation de Frédéric Lasserre, professeur à l’Université Laval, et titulaire de la Chaire de recherche en études indopacifiques

Et c’est là en partie que résident les lacunes à propos des sanctions : elles sont efficaces seulement si elles sont mises en application par les institutions privées responsables.

Ce sera aux membres du G7 de décider jusqu’où ils sont prêts à aller pour que les mots prononcés dans les corridors diplomatiques aient un véritable effet sur le terrain.

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