Débat sur les droits des jeunes LGBTQ+ : le malaise règne chez les conservateurs au N.-B.

Ministres et députés progressistes-conservateurs ont quitté en vitesse l'Assemblée législative mercredi, afin d'éviter les questions des journalistes relatives à la politique 713.
Photo : Radio-Canada
Au Nouveau-Brunswick, les députés et ministres progressistes-conservateurs évitent d'appuyer publiquement les positions du premier ministre Blaine Higgs sur les droits des jeunes LGBTQ+.
Invités à se prononcer sur les propos controversés de Blaine Higgs en ce qui a trait aux droits et à la sécurité des jeunes LGBTQ+, la plupart des conservateurs ont préféré se taire, mercredi.
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Des propos controversés
Le premier ministre estime par exemple que les écoles devraient aviser les parents des jeunes qui choisissent un prénom correspondant à leur identité de genre. Selon Blaine Higgs, il ne faudrait plus respecter la confidentialité des jeunes, même si le fait d’aviser les parents pourrait les mettre dans une situation dangereuse.
Blaine Higgs estime aussi que les drag queens ne devraient plus lire de contes aux jeunes élèves. Et il dit ne pas savoir si, par exemple, les personnes naissent homosexuelles ou pas.
Voici un extrait des propos tenus par Blaine Higgs devant des journalistes, mardi.

La cheffe de l’opposition officielle, Susan Holt, dit avoir perçu un inconfort dans les rangs conservateurs.
Je sentais un malaise, je regardais leurs visages quand il parlait, puis on n'entendait rien, on ne voyait pas beaucoup d’applaudissements, alors il me semble qu’ils n'étaient pas à l’aise
, constate-t-elle.
Des opinions variées chez les conservateurs
L’ex-ministre de l’Éducation Dominic Cardy est celui qui a signé la fameuse politique 713, qui protège les élèves LGBTQ+ dans les écoles.
Cette politique vise à faire du monde scolaire un milieu sécuritaire. Élaborée pendant une dizaine d’années, elle protège les jeunes qui sentent qu’ils ne peuvent pas assumer leur véritable identité à la maison.

Dominic Cardy a été ministre de l'Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick de 2018 à 2022.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Dominic Cardy dit qu’après les élections de 2020, le premier ministre Higgs a remis en question la politique 713. Il aurait alors demandé au caucus de se prononcer sur la question.
Le caucus a largement réagi en soutenant la politique
, soutient Dominic Cardy, qui est aujourd'hui député indépendant.
La plupart des ministres et députés conservateurs interrogés à leur sortie de l’Assemblée législative ont préféré filer en vitesse en évitant de répondre aux questions liées à la politique 713.

Le ministre Réjean Savoie a refusé de répondre aux questions relatives à la politique 713.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Parmi eux, le ministre Réjean Savoie s’est retiré rapidement. Le ministre de l’Éducation [Bill Hogan] a répondu là-dessus
, s’est-il contenté de dire.
La ministre de Service NB, Jill Green, n’a pas voulu aborder la question autrement que pour dire : Cette politique est en place depuis quelques années, nous en sommes tous conscients.

La ministre de Service NB, Jill Green, n'a pas voulu se prononcer sur le fond de la politique 713.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Par contre, la ministre du Tourisme, Tammy Scott-Wallace, n’a pas hésité à aborder la question. Contrairement à Blaine Higgs ou au ministre de l’Éducation, Bill Hogan, elle n’est pas convaincue qu’il faille revoir la politique 713. Je ne sais pas, ce sont des conversations que nous avons
, a-t-elle dit.
La ministre souligne qu’aucune proposition formelle de changements n’a encore été faite. Il n'y a actuellement aucune révision sur la table, et donc, pour moi, avoir ces conversations avec mes collègues n'est pas quelque chose dont j'ai peur.

La ministre responsable de l'Égalité des femmes au Nouveau-Brunswick, Tammy Scott-Wallace
Photo : Radio-Canada
Elle ajoute que, dans ce débat, les jeunes sont une priorité pour elle. Je serai toujours, absolument, très intéressée par la sûreté et la sécurité de tous les enfants de nos écoles. Tout le monde a besoin de se sentir inclus à l'école. C'est un endroit sûr et c'est pour moi le plus important
, assure-t-elle.
En ce qui a trait aux drag queens, qui ne devraient pas être admises à l’école élémentaire selon Blaine Higgs, la ministre se montre plus ouverte. Je n'ai pas de problème personnel avec les drag queens, très certainement, ou qui que ce soit dans la communauté LGBTQ+.

Le ministre de l'Éducation et du Développement de la petite enfance, Bill Hogan
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Sur la question des drag queens, d’ailleurs, le ministre Bill Hogan est plus nuancé que Blaine Higgs.
Il dit avoir demandé au ministère pourquoi les drag queens allaient dans les écoles, sans nécessairement dire qu'il était contre. Selon lui, il ne faudrait pas, toutefois, qu’il s’agisse d’en faire la promotion. Promouvoir un certain mode de vie n’est pas acceptable dans nos écoles, même si c’est la chrétienté ou quelconque façon de vivre
, précise-t-il.
La ministre de l’Agriculture, Margaret Johnson, reconnaît que toutes les situations familiales ne sont pas parfaites. Il y a des relations entre les enfants et leurs parents qui ne sont pas idéales.

La ministre de l'Agriculture du Nouveau-Brunswick, Margaret Johnson
Photo : Radio-Canada
Selon la ministre, qui a été enseignante, l’école offre une sécurité aux jeunes. Je suppose qu'il faut toujours se rappeler que les enfants ont l'occasion [de parler en confidentialité] par l'intermédiaire de leurs écoles, de leurs conseillers d'orientation. C'est comme la sainteté du confessionnal.
Quant au ministre de la Sécurité publique, Kris Austin, il appuie sans réserve le premier ministre. Je crois qu’il est important d’avoir une révision
, affirme-t-il, en référence à la politique 713.

Le ministre de la Sécurité publique, Kris Austin
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Le ministre de l’Éducation, Bill Hogan, dit que les changements, qu’il qualifie de mineurs, devraient être présentés dans deux semaines.