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Sainte-Luce pourrait exproprier un couple pour sa nouvelle source d’eau potable

Le chien du couple regarde les poissons dans le lac.

Un lac se situe tout juste derrière la maison d'Anne-Sara Sean et de François Gagnon-Lévesque. Ils y élèvent des truites et des ombles chevalier.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

La Municipalité de Sainte-Luce souhaite mettre à niveau ses infrastructures en eau potable, mais aussi assurer l'approvisionnement en eau de ses résidents à plus long terme en acquérant un terrain où se situe une source d'eau. Cet achat passerait toutefois par l'expropriation de ses propriétaires actuels.

Après avoir tenté sans succès de s'entendre avec les propriétaires, le conseil municipal a adopté en mars un règlement d'emprunt de 509 180 $ pour acquérir ce terrain.

Les négociations pour l'achat avec les propriétaires n'ont pas été concluantes. Une démarche d'expropriation sera enclenchée, écrit-on à ce propos dans la parution d'avril du Coquesillon, le journal municipal.

Ces propriétaires, Anne-Sara Sean et François Gagnon-Lévesque, ont du mal à croire qu'ils puissent être expropriés de leur petit paradis, un lot à bois d'environ deux kilomètres de long, situé tout juste derrière leur maison. Cette dernière ne sera pas visée par l'expropriation puisqu'il s'agit de deux lots séparés.

On ne pensait pas qu'ils allaient arriver aussi vite comme ça. On s'était dit : "bon, on va s'installer, on va voir comment ça va", raconte François Gagnon-Lévesque.

Ici, c'était un rêve. Là, on ne se le cachera pas, ça tourne un peu au cauchemar.

Une citation de François Gagnon-Lévesque, propriétaire du terrain

Sa conjointe et lui ont acheté il y a deux ans cette terre, connue comme l'ancienne Pisculture des Cèdres, après un coup de cœur.

Ils savaient, lors de l'achat, que la Municipalité de Sainte-Luce avait déjà exploré l'idée d'acquérir ce terrain pour y exploiter la source d'eau potable qui alimente notamment le lac qui borde leur maison.

Anne-Sara, biologiste, y élève notamment des ombles de fontaine et des ombles chevalier.

Puisque la source d'eau que souhaite exploiter la Municipalité alimente ce lac, il pourrait donc être asséché. Le couple note avec tristesse que c'est cette petite étendue d'eau qui fait le charme de leur propriété.

Anne-Sara Sean, François Gagnon-Lévesque et la fille de ce dernier devant le lac qui se situe sur le lot à bois.

Anne-Sara Sean et François Gagnon-Lévesque considèrent leur terre à bois comme un «petit paradis».

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Anne-Sara Sean et François Gagnon-Lévesque ont négocié avec la Municipalité la possibilité d'établir une servitude pour le puisage de l'eau, mais ils ne sont pas parvenus à s'entendre.

Ils n'étaient pas capables de nous garantir que le lac allait être conservé. On trouvait ça quand même difficile parce qu'on l'utilise tous les jours.

Une citation de François Gagnon-Lévesque

Quand bien même qu'ils nous donneraient un million ou deux millions [de dollars], j'aimerais mieux qu'ils me trouvent un endroit qui est semblable à celui-là. Qu'on pourrait juste se tasser et qu'ils viennent prendre l'eau parce que je sais qu'il n'y en a pas d'autres, des places comme ça. On l'a cherchée longtemps, poursuit M. Gagnon-Lévesque.

La mairesse de Sainte-Luce, Micheline Barriault affirme être toujours ouverte à la discussion, mais qu'effectivement, ils n'en sont pas arrivés à une entente pour le moment.

Ils voulaient avoir des garanties que les spécialistes n'étaient pas capables de leur donner. Est-ce que leur lac va être asséché? On ne peut pas le savoir tant que la captation d'eau ne se fait pas, explique-t-elle.

Pour nous, ce n'était pas un objectif de leur enlever leur bien.

Une citation de Micheline Barriault, mairesse de Sainte-Luce

Un réseau d'aqueduc à mettre aux normes

La mairesse rappelle que l'exploitation de cette source fait partie de la mise à niveau des installations en eau potable de la Municipalité.

Sainte-Luce souhaite profiter du repavage du rang où se situe le terrain visé pour procéder aux travaux de raccordement.

On n'a jamais manqué d'eau, mais il y a des périodes, durant l'été, où on était sur la ligne.

Une citation de Micheline Barriault

Les spécialistes nous ont dit : "il faut que vous fassiez attention, il faut que vous essayiez d'aller chercher d'autres sources d'eau, poursuit Micheline Barriault.

Les installations d'aqueduc de Sainte-Luce sont désuètes, selon un rapport produit par la firme Akifer pour le compte de la Municipalité.

Lors d'une séance d'information publique organisée le 1er mai, l'ingénieur d'Akifer, Gilles Michaud, a indiqué que les installations d'eau potable de Sainte-Luce ne respectent plus les normes et qu'elles sont vulnérables à la contamination.

La Municipalité souhaite, par la même occasion, joindre les deux réseaux d'aqueduc distincts pour les secteurs de Sainte-Luce et de Luceville.

Toujours selon la Municipalité, la capacité actuelle du réservoir est également insuffisante pour la protection contre les incendies.

Un bassin de rétention à Sainte-Luce.

Les installations en eau potable de Sainte-Luce doivent être mises à niveau, dont ces bassins de rétention.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

Sainte-Luce ne manque pas d'eau présentement, confirment les explications de Gilles Michaud d'Akifer.

Je vous dis même qu'on a une réserve d'à peu près 30 % de la capacité au niveau de la captation qui est supérieure à la capacité d'utilisation, a-t-il affirmé lors de la séance d'information du 1er mai.

Il a ensuite précisé que la Municipalité travaille plutôt de manière préventive parce que sa source actuelle d'eau souterraine se fait plus rare et que la consommation d'eau des résidents pourrait faire en sorte, dans un horizon de 10 ans par exemple, qu'elle devienne alors insuffisante, surtout avec les nouvelles résidences qui seront construites.

La mairesse indique qu'environ 200 unités de logements doivent s'ajouter dans les prochaines années, dont 130 dans le secteur de la résidence pour aînés La Grande Maison.

Elle ajoute que le surplus de 30 % survient lors des périodes de faible utilisation d'eau, mais que la demande durant la saison estivale reste plus élevée et que cette réserve s'amoindrit alors.

On ne peut pas attendre 15 ou 20 ans non plus pour réagir. Au niveau du conseil municipal, on trouve qu'il faut prendre nos responsabilités.

Une citation de Micheline Barriault

La Municipalité de Sainte-Luce se donne environ trois ans pour réaliser les travaux nécessaires à la mise aux normes de ses infrastructures en eau potable.

La mairesse de Sainte-Luce, Micheline Barriault.

La mairesse de Sainte-Luce, Micheline Barriault, indique que la Municipalité souhaite sécuriser son approvisionnement en eau pour le futur. (photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Plusieurs étapes doivent encore être franchies pour l'aménagement de la nouvelle source d'eau potable, dont la prise de possession du lot et la réception des approbations nécessaires, notamment de la part de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) et du ministère de l'Environnement.

Ce sont des choses qui sont en train de se faire. Au niveau de la CPTAQ, quand c'est pour des services municipaux, entre autres pour l'eau potable, c'est comme une lettre à la poste, c'est une formalité, et avec le ministère de l'Environnement aussi, soutient la mairesse à ce propos.

Ces travaux sont évalués à un peu plus de 10 millions de dollars, financés à 95 % par Québec.

La source d'eau qui se situe sur le lot à bois de François Gagnon-Lévesque et Anne-Sara Sean pourrait fournir l'équivalent du quart des besoins en eau de Sainte-Luce.

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