Une des victimes présumées de Robert Mantha raconte son calvaire

Avery (nom d'emprunt) est l'une des plaignantes. Elle espère que son témoignage incitera d'autres femmes à chercher de l'aide.
Photo : Radio-Canada / Meghan Grant/CBC
Une femme de Calgary, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a décidé de se confier sur une attaque physique et sexuelle dont elle aurait été victime de la part de Richard Robert Mantha. L'Albertain de 59 ans fait face à 20 chefs d'accusation d'agressions sexuelles.
Il y a un peu plus d'un an, Avery (un prénom d'emprunt pour protéger son identité) était toxicomane et travailleuse du sexe dans le sud-est de Calgary. Elle raconte s'être retrouvée à courir à travers des champs, pour sauver sa vie, après avoir échappé à une attaque brutale de la part, dit-elle, d'un homme accusé d'avoir drogué et agressé sexuellement cinq femmes.
Avery a 44 ans, elle est pétillante et confiante dans son avenir. Je me prostituais pour subvenir à mes besoins
, dit-elle en fumant une cigarette, assise sur une couverture dans l'herbe fraîche d'un parc du nord-est de la métropole albertaine.
La quadragénaire raconte que c'est ainsi qu'elle a fait la connaissance d'un homme appelé Poncho
. Celui-ci serait Richard Robert Mantha, un homme aujourd'hui inculpé pour plusieurs agressions.
Avery relate que, le 22 avril 2022, Poncho lui aurait proposé de la payer pour l'aider à effectuer des travaux dans sa propriété et qu'elle a accepté. Une fois dans la demeure de l'homme, celui-ci l'aurait attaquée physiquement et sexuellement.
Selon les documents judiciaires, Richard Robert Mantha est accusé d'avoir drogué Avery, de l'avoir étouffée et d'avoir utilisé un couteau lors de son agression.
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La fuite
Avery raconte qu'elle s'est défendue et qu'elle s'est enfuie pour sauver sa vie.
J'ai traversé deux ou trois fermes pour atteindre l'autoroute. J'avais l'impression d'être aspirée vers le bas et je me battais littéralement pour ne pas finir morte dans ce champ.
Une cicatrice au milieu du bas de son dos serait une marque de son agression. Je ne savais pas qu'il m'avait poignardée.
Alors qu'elle atteignait l'autoroute, Avery raconte qu'un automobiliste qui passait par là s'est arrêté en la voyant courir. Elle se souvient ensuite de s'être réveillée à l'hôpital.

Richard Robert Mantha doit comparaître devant la cour la semaine prochaine pour une audience de libération sous caution. (Photo d'archives)
Photo : Facebook
La force et l'espoir
Avery dit qu'il lui a fallu de la force et du courage pour travailler avec la police. Lorsque l'on est une femme active et que l'on mène ce style de vie, il n'est pas facile de tendre la main et de dire “quelqu'un m'a fait du mal”, car on craint que les gens ne nous jugent et ne pensent que c'est de notre faute
, explique-t-elle.
La Calgarienne espère que son témoignage incitera d'autres femmes à chercher de l'aide.
Il y a toujours un endroit où l'on peut aller chercher de l'aide. Personne ne doit avoir peur. Si quelqu'un vous fait du mal, il ne mérite pas de s'en tirer à si bon compte.
Accusations pour cinq agressions en 17 mois
Richard Robert Mantha a été inculpé pour l'agression d'Avery, mais en mars dernier, il a manqué une comparution devant le tribunal de Strathmore et des mandats d'arrêt ont été lancés contre lui.
À peu près au même moment, la police de Calgary enquêtait sur des agressions contre d'autres travailleuses du sexe. Pendant le long week-end de Pâques, la police a investi la propriété rurale que l’accusé louait et où Avery dit avoir été emmenée.
Après 5 jours de recherches auxquelles ont participé des enquêteurs des unités des personnes disparues et des homicides, la police a porté d'autres accusations contre M. Mantha. Deux autres femmes ont été identifiées comme victimes présumées. La semaine dernière, la police a annoncé qu'il y en avait deux autres.
Aujourd'hui, Richard Robert Mantha est accusé d'avoir drogué et agressé sexuellement cinq femmes sur une période de 17 mois. Il doit comparaître devant le tribunal la semaine prochaine pour une audience de libération sous caution.
Aucune des accusations n'a encore été prouvée en cour.
Avec les informations de Meghan Grant