Retrouver le temps perdu de la recherche en ligne avec l’intelligence artificielle

Les moteurs de recherche Google et Bing passent à la vitesse supérieure grâce à l'intelligence artificielle.
Photo : Getty Images / Ivanko_Brnjakovic
Les moteurs de recherche en ligne, marché largement dominé par Google, sont devenus des outils du quotidien aussi banals qu'un réfrigérateur. En 25 ans, leur fonctionnement n'a changé qu'à la marge, mais la vague de l'intelligence artificielle (IA) générative pourrait le transformer radicalement.
Déjà, les requêtes formulées avec des mots-clés et les listes de liens renvoyant vers des sites web semblent démodées par rapport aux conversations que des millions de personnes ont avec des interfaces comme ChatGPT, d’OpenAI, ou Bard, de Google.
Les gens sont en train de réaliser à quel point ils se servent de Google non pas pour trouver une page web, mais pour répondre à une question.
Microsoft a ouvert le bal en intégrant un robot conversationnel modelé sur ChatGPT à Bing, son moteur de recherche.
Le nouveau Bing, offert sans liste d’attente depuis le 4 mai, répond directement aux questions des internautes. Le robot conversationnel émet un résumé succinct des informations accessibles, suivi par des liens et des idées de relances pour discuter avec l’outil.
Celui-ci peut ensuite dresser des tableaux comparatifs entre deux produits, proposer la planification d'activités, rédiger une évaluation ou aider à préparer un entretien d'embauche, par exemple.
[Le moteur de recherche va] faire le gros du travail pour vous.
Cathy Edwards a présenté la nouvelle mouture du moteur de recherche de Google, semblable à celle de son rival Microsoft : quelques paragraphes de réponse rédigés et la possibilité d'affiner les résultats avec des questions supplémentaires.
Ce Google propulsé à l'IA générative va progressivement s’ouvrir à des internautes aux États-Unis, pour commencer.
Nous essayons de rendre le processus plus naturel et intuitif, aussi facile que de poser une question à un ami qui serait un expert dans tous les domaines
, a expliqué à l'Agence France-Presse (AFP) Elizabeth Reid, vice-présidente de Google responsable du moteur de recherche.
L’IA comme génie personnel
Les deux géants des technologies ont commencé à ajouter des outils d'IA générative dans leurs différents services, du nuage (cloud) à la bureautique, pour faire de ces robots conversationnels des copilotes
, pour reprendre la formule martelée par Microsoft.
La recherche va être fracturée en un million de morceaux et intégrée dans de nombreuses interfaces, et non plus restreinte à ce carrefour centralisé, monolithique, qu'est devenu Google.
Mais si chaque site web et application interagit avec la population au moyen d'un robot conversationnel qui s'exprime comme un être humain professionnel et convaincant, ce sera encore plus difficile qu'actuellement de séparer le bon grain de l'ivraie.
Est-ce que vous feriez confiance à l'agent d'un site de voyage pour vous trouver l'option la plus avantageuse? Non
, lance John Battelle.
C'est pour ça que je veux mon propre génie, mon agent personnel, pour négocier avec les services. Si c'est juste moi contre l'IA, je vais perdre
, poursuit-il.
Replika, Anima et d'autres proposent déjà des IA compagnons
, des robots conversationnels faisant office d'amis virtuels.
John Battelle rêve toutefois d'avoir un génie
qui récolterait ses informations partout – sur son téléphone intelligent, son ordinateur, sa télévision, sa voiture – pour répondre à ses questions et exécuter des tâches.
C’est tout comme acheter le meilleur aspirateur en fonction de ses goûts, habitudes et promotions en cours après un bref échange, au lieu d'une longue et fastidieuse recherche en ligne.
De tels modèles de langage, entraînés sur les données personnelles, seraient nécessairement payants pour garantir la confidentialité de ces informations qui, aujourd'hui, servent à cibler les internautes avec de la publicité.
Vers une refonte du modèle publicitaire?
Dans l'immédiat, Google ne disparaîtra pas, selon ce qu'indique Jim Lecinski, professeur de marketing à la Kellogg School of Management.
Il y a quatre ans, avec l'arrivée des assistants vocaux, Google, Alexa (Amazon), Siri (Apple), on se disait que les gens n'allaient plus parler qu'aux machines.
L'irruption de l'IA générative pourrait cependant remettre en question le modèle économique d'Internet, car elle peut permettre aux internautes de trouver le produit désiré sans avoir à cliquer sur une publicité
, souligne Jim Lecinski.
Il ne doute pas que les entreprises concernées trouveront des solutions.
Avec le nouveau moteur de recherche Google présenté mercredi, les publicités apparaissent toujours, soit en premier, soit plus bas dans les résultats, selon la question posée.
On ne peut pas prédire le futur, mais je pense que les publicités vont continuer de jouer un rôle vital
, a assuré Elizabeth Reid.