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En mission pour que les hommes victimes d’agressions sexuelles brisent le silence

Mai est le Mois de la prévention des agressions sexuelles.

Ray Auclair devant l'une de ses affiches à Timmins.

Ray Auclair veut défaire les tabous entourant les agressions sexuelles visant les hommes.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Agressé à l'âge de 13 ans, Ray Auclair de Timmins a attendu 44 ans avant d’aller chercher de l’aide. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il paie de sa poche des panneaux le long des artères principales à Cochrane, Iroquois Falls, Timmins et Matheson, afin d’inviter les hommes victimes d’abus sexuels à parler.

Sur les panneaux, on retrouve l'adresse d'un site web et le numéro d'une ligne téléphonique d’aide qui offrent des services en français et en anglais.

Dans un échange de courriel avec l’organisme responsable de l'aide, on nous indique qu'en général 80 personnes dans le Nord de l’Ontario utilisent ce service annuellement.’’

Quand j’étais un petit bout, j’aurais aimé ça voir un panneau et un numéro à appeler, s’émeut celui qui a été conseiller municipal à Timmins.

« C’est ça ma mission d’amener le monde [à aller chercher] de l’aide pour ne pas garder ça en dedans pendant 44 ans, comme moi j’ai fait. »

— Une citation de  Ray Auclair, ancien conseiller municipal de Timmins

Ray Auclair a organisé différentes parties de hockey caritatives afin de construire et d'installer les panneaux de sensibilisation le long des corridors routiers les plus fréquentés dans sa région.

Ray Auclair vient de recevoir une lettre du ministère du Transport lui indiquant qu'il devra débourser 770 $ par panneau à chaque cinq ans, sans quoi ils seront détruits dans les 30 jours qui suivent la fin de l'échéance.

On lui a suggéré de se trouver un commanditaire, mais qui veut mettre son nom sur un panneau comme ça?, demande-t-il.

C’est moi qui paye, puis ça finit là, affirme M. Auclair.

Un phénomène largement invisible

Ray Auclair, un grand admirateur de hockey, a décidé de demander de l’aide après avoir lu la biographie de l’ancienne vedette des Flames de Calgary, Theoren Fleury, publié en 2009.

Ce dernier dévoilait alors avoir été agressé par son entraîneur au niveau junior.

Le livre de Theo le dit :''brise le silence, va chercher de l’aide.'' C’est ça que j’ai fait, lance-t-il avec le trémolo dans la voix.

Ray Auclair lit un livre.

Le livre a amené Ray Auclair a aller chercher de l'aide au Timmins Family Counselling Centre.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Natacha Godbout est psychologue clinicienne, chercheuse et professeure au département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal. Elle constate que pour bien des hommes, demander de l'aide ne va pas de soi.

« Si on regarde l’ensemble des études, dans les pays occidentaux, on a une moyenne d’à peu près 20 ans pour la première fois qu’un homme en parle à quelqu’un et au moins 28 ans avant d’aller parler avec un peu plus de détail. »

— Une citation de  Natacha Godbout, psychologue et professeure à l'Université du Québec à Montréal

Les hommes qui ont vécu une agression à l’enfance sont plus nombreux que l’ont croit, assure Dr Godbout qui dirige l’unité de recherche et d’intervention sur les Traumas et le Couple (TRACE).

Une femme en photo.

Natacha Godbout est psychologue et professeure à l’Université du Québec à Montréal. Ses travaux de recherche et sa pratique clinique sont centrés sur les impacts des traumas interpersonnels à l’âge adulte.

Photo : Emilie Tournevache

Nos chiffres tournent autour de 10 % au niveau de la population générale. C’est très bien établi qu’au moins 1 homme sur 10 a vécu des agressions sexuelles en enfance, ajoute celle qui dévoue sa carrière à comprendre la violence interpersonnelle.

Peu de ressources pour les hommes abusés sexuellement

Nathasha Godbout a constaté qu’au fil de ses recherches les ressources pour les hommes victimes sont moins nombreuses que pour les femmes.

Un homme qui veut aller chercher de l’aide pourrait se frapper le nez, assure-t-elle.

« Il y a des hommes qui vont nous le rapporter. Ils ont appelé à des endroits qui disent qu’on n’offre pas de service à des personnes qui s’identifient comme hommes. »

— Une citation de  Natacha Godbout, psychologue et professeure à l'Université du Québec à Montréal

Conséquence : une revictimisation et une retraumatisation, explique la psychologue.

« En tendant une main, l’homme n’a personne pour prendre cette main-là. Ça peut prendre des années ensuite avant qu’ils retendent une main pour aller chercher de l’aide. »

— Une citation de  Natacha Godbout, psychologue et professeure à l'Université du Québec à Montréal

Ray Auclair se considère chanceux d'avoir pu trouver de l'aide assez facilement dans le Nord de l'Ontario, lorsqu'il a eu le courage d'en parler. Ce travail sur lui-même lui a donné un second souffle.

Sa thérapeute l’a convaincu que ce n’était pas de sa faute.

J’avais 13 ans et le monsieur avait 39 ans, confie-t-il. Là, j’ai dit: ''il faut que je fasse quelque chose pour aider les gens comme moi.''

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