92 % des profs veulent bannir le cellulaire des classes, selon la FSE
Le syndicat affirme que les enseignants y voient d'abord et avant tout une source de distraction.

Adapter l’enseignement en utilisant le cellulaire.
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La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) affirme qu’une écrasante majorité des professeurs qu’elle représente est favorable à l’idée d'interdire les téléphones cellulaires en classe, sauf dans le cadre d’activités pédagogiques. Les enseignants y voient d’abord et avant tout une source de distraction dont « ils peuvent très bien se passer ».
La FSE-CSQ a profité vendredi de la tenue de son colloque pédagogique et professionnel intitulé Maîtres de notre profession!, qui se déroule à Laval, pour présenter les résultats d’une vaste consultation menée auprès de ses membres portant sur l’avenir de leur profession.
Lors de la première phase de consultation qui s’est déroulée à l’automne 2022 et à laquelle plus de 6000 enseignants ont participé, une question portait sur l’utilisation du cellulaire en classe.
Méthodologie
La première phase de consultation a été menée du 11 novembre au 22 décembre à l’aide d’un questionnaire utilisant l’outil SurveyMonkey. La FSE a envoyé un courriel aux syndicats affiliés contenant les hyperliens menant aux questionnaires. En tout, 6048 personnes y ont participé. Cela représente 9,7 % des membres déclarés par les syndicats de la FSE.
Source : Fédération des syndicats de l'enseignement
La FSE-CSQ indique que 92,4 % des personnes répondantes ont dit qu’elles étaient d’accord avec l’interdiction des téléphones mobiles en classe, à moins qu’ils soient utilisés à des fins pédagogiques.

Le gouvernement ontarien de Doug Ford a interdit les cellulaires en classe afin de mettre fin aux distractions qu’ils génèrent.
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La présidente de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini, assure que les enseignants qu’elle représente n’ont rien contre les cellulaires employés comme outils pédagogiques. Ils estiment cependant que ces appareils représentent une source de distraction en dehors des activités d’apprentissage.
Perdre le fil
Pouvoir se servir d'un cellulaire pour les apprentissages, pour des méthodes pédagogiques, on n'a pas de problème avec ça. Ce dont on ne veut pas, c'est le cellulaire qui devient une diversion faisant que lorsqu'on est en train d'enseigner, de donner un cours, l'élève est plus attiré par les messages qu'il reçoit, par la vibration que son cellulaire fait, et à partir de ce moment-là, il perd le fil de ce qui est en train de se passer en classe. Donc, pour nous, c'est vraiment une question de distraction
, indique Mme Scalabrini en entrevue à Radio-Canada.
On dit qu'on n'a pas besoin de ça. Il y a assez de choses dans notre société qui viennent attirer notre attention. On peut très bien se passer des cellulaires.
La FSE-CSQ aimerait que le gouvernement Legault adopte un règlement balisant l’usage du téléphone cellulaire en classe à l’échelle du Québec. Ce faisant, il éviterait aux conseils d’établissements et aux enseignants d’avoir à décider chaque année s’ils incluent ou non l’interdiction du cellulaire dans le code de vie de l’établissement.

Des professeurs veulent l'interdiction des cellulaires en classe.
Au lieu de laisser chacun des enseignants décider ce qu'il préfère, si on a des balises claires qui viennent dire que, pédagogiquement parlant, c'est accepté, mais que pour le reste, c’est non, le cellulaire n'a pas sa place dans la classe, on ne sera pas obligé de reprendre ces échanges-là, on ne sera pas obligé de réexpliquer aux parents pourquoi on ne veut pas de ce cellulaire-là dans la classe
, précise Josée Scalabrini.
Elle mentionne que des parents tiennent à ce que leur enfant ait son téléphone avec lui en tout temps afin de pouvoir le joindre en cas d’urgence. La présidente de la FSE-CSQ ne souscrit pas à cet argument.
Débat social
Nous, on dit qu’avant le cellulaire, on réussissait à joindre l'école, on réussissait à parler aux parents et aux enseignants, donc, pour les urgences, on va trouver un autre mode. Ce n'est pas une raison pour soutenir que chaque enfant doit avoir son cellulaire. Ayons une règle sociale, ayons un débat social qui vient nous dire que ce n'est pas une nécessité, sauf si c'est pour des raisons pédagogiques, et ce sera plus facile pour tout le monde de l'appliquer
, martèle Josée Scalabrini.
Lorsque l'Ontario a annoncé en mars 2019 son intention d’interdire les cellulaires en classe, le gouvernement Legault avait indiqué que le Québec ne comptait pas suivre l’exemple de son voisin.
Je n’ai pas l’intention de donner de directive ministérielle dans ce sens-là
, avait déclaré le ministre de l’Éducation de l’époque, Jean-François Roberge.
Avec des informations de Magalie Masson