22 mai 1948 : Gratien Gélinas présente la pièce Tit-Coq
La première de la pièce « Tit-Coq » a été présentée le 22 mai 1948.
Photo : Radio-Canada / Henri Paul
Il y a 75 ans, l’auteur Gratien Gélinas présente sa pièce de théâtre Tit-Coq. L’importance de cette première est d’autant plus grande que plusieurs considèrent qu’elle constitue le fondement du théâtre d’ici.
Tit-Coq triomphe sur les planches
Tit-Coq est présenté pour la première fois le 22 mai 1948.
Photo : Radio-Canada
Le 28 janvier 1949, l’animateur Jean-Paul Nolet interviewe, lors de l’émission radiophonique Gratien Gélinas — 100e représentation de Tit-Coq, l’auteur de la pièce pour souligner l’événement qui aura lieu le lendemain.
Quelques mois plus tôt, le 22 mai 1948, Gratien Gélinas a monté au Monument-National cette œuvre qu’il a écrite, mise en scène et dont il interprète le personnage principal.
L’action de la pièce se situe durant la Seconde Guerre mondiale. Elle donne la vedette à un enfant illégitime, Arthur Saint-Jean, alias Tit-Coq, qui a grandi dans un orphelinat. Ce dernier découvre, avant de partir pour le front, l’amour et les joies que peut procurer une famille.
Cependant à son retour, le conscrit doit renoncer à sa fiancée, Marie-Ange, parce qu’elle a entre-temps épousé un autre homme sous la pression familiale. Dépité et révolté, il continue, malgré lui, sa vie de solitaire.
La pièce est un triomphe. Tit-Coq sera présentée 542 fois au Québec et dans le reste du Canada français.
Comment expliquer cet énorme succès? Le sujet de la pièce, la critique sociale qui la sous-tend sur le conservatisme et la fermeture de la société canadienne-française, son rythme, tout contribue à son immense notoriété.
Un aspect fondamental du triomphe de la pièce est que le public s’identifie aisément aux situations et aux personnages qu’elle présente.
Gratien Gélinas a notamment utilisé la langue canadienne-française des milieux populaires, que reconnaissent facilement les spectateurs. Jusqu’alors, le répertoire présenté dans les théâtres venait de France ou des États-Unis, et était souvent joué en français international.
Pour beaucoup, Tit-Coq pose le premier jalon d’un théâtre typiquement canadien-français ou québécois, et préfigure les pièces d’auteurs comme Marcel Dubé ou Michel Tremblay.
Tit-Coq au grand écran
En 1952, Joseph Alexandre DeSève, qui dirige au Canada les activités de la société France Film, propose à Gratien Gélinas d’adapter Tit-Coq au grand écran.

Monique Miller et Gratien racontent des anecdotes sur le tournage du film Tit-Coq.
Le 18 septembre 1976, Gratien Gélinas et l’actrice Monique Miller, qui incarnent les deux principaux personnages du film Tit-Coq, racontent, durant l’émission Cinéma canadien — années 1970, des anecdotes à propos du tournage de cette production.
La réalisation n’a pas été de tout repos. Ainsi, se rappelle Gratien Gélinas, une équipe technique a gâché la pellicule qui avait enregistré trois jours de tournage.
En catastrophe, il a fallu remonter les décors pour refaire les scènes, car ceux-ci avaient déjà été démontés.
Une très jeune Monique Miller, quant à elle, reprenait le rôle de Marie-Ange que plusieurs autres interprètes de renom avaient joué avant elle. Elle admet que le tournage de ce film a été une expérience inoubliable et très formatrice.
Monique Miller affirme s’être souvent servi plus tard dans sa carrière de conseils ou de trucs qui lui ont été donnés pendant le tournage de Tit-Coq.
Une pièce adoptée dans les écoles
Grâce au succès de Tit-Coq, la pièce a souvent été intégrée à la formation scolaire et à l’enseignement du français.

Reportage de l'animateur et journaliste Pierre Nadeau sur la création de la pièce Tit-Coq à l'école de Roberval
Le 4 mai 1980, l’animateur et journaliste Pierre Nadeau présente, à l’émission L’observateur, un reportage sur la création de Tit-Coq par un groupe d’élèves de l’école de Roberval.
Cette présentation possède un intérêt particulier : le rôle de Marie-Ange est joué par plusieurs élèves issues de l’immigration.
Marie-Ange est tour à tour québécoise de souche, puis d’origine africaine, ensuite algérienne.
Gratien Gélinas, qui assiste à la première, apprécie grandement l’interprétation et félicite chaleureusement les acteurs.