Le contrat d’Hydro-Québec au Massachusetts continue de causer des vagues

Le projet de 336 kilomètres doit traverser le Québec et le Maine pour acheminer de l'électricité vers le Massachusetts.
Photo : Radio-Canada / Thomas Pakulski
La fin appréhendée des surplus d’électricité chez Hydro-Québec, prévue pour 2026, risque de remettre en cause les bénéfices du projet d’exportation vers le Massachusetts, affirment des sénateurs du Maine qui demandent que l’entente soit déchirée. Hydro-Québec se fait rassurante.
Dans une lettre transmise à la gouverneure de l’État, mercredi, quatre élus démocrates et républicains (deux sénateurs et deux représentants à la Chambre) demandent à Maura Healey d'entreprendre un examen complet des nouvelles informations concernant la capacité d'Hydro-Québec à respecter ses obligations contractuelles pour le New England Clean Energy Connect (NECEC)
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Ils se demandent si Hydro-Québec pourrait avoir intentionnellement trompé le Massachusetts en ne divulguant dans sa proposition aucune projection interne selon laquelle de nouveaux barrages seraient nécessaires pendant la période contractuelle de 20 ans
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Les élus américains affirment que si Hydro-Québec doit construire de nouveaux barrages, rien n’indique que la chose sera facile, étant donné l’opposition de certains écologistes et groupes autochtones. Cela remet en cause, selon eux, la prétention d’Hydro-Québec que ses sources de production sont à faible risque
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Au cours de sa première année d'exploitation, une nouvelle retenue hydroélectrique émet autant de CO2 qu'une centrale au charbon produisant la même quantité d'électricité.
Et, après 10 ans, une centrale hydroélectrique n’émet que 30 % moins de C02 qu’une centrale au gaz naturel, affirment-ils. Cela passe difficilement pour une énergie sans carbone
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En outre, si la société d’État québécoise devait détourner l’électricité dévolue à certains autres marchés pour respecter l’entente avec le Massachusetts, les émissions mondiales de GES ne seraient pas nécessairement réduites
, soulignent-ils.
Hydro-Québec clame que ces chiffres sont complètement erronés et clame au contraire que l'hydroélectricité émet autant de GES que l'énergie éolienne, 50 fois moins que le gaz naturel et 70 fois moins que le charbon.
Sur le papier, le contrat de vente d'électricité avec le Massachusetts réduirait les gaz à effet de serre de 3 millions de tonnes métriques, l'équivalent d'enlever 700 000 voitures de la route.
Les quatre élus républicains et démocrates mentionnent que lors de l’octroi du contrat, le second soumissionnaire le plus proche n’était que 3,11 points derrière Hydro-Québec. À la vue des nouvelles informations sur la fin des surplus chez HQ, le Massachusetts aurait-il sélectionné un autre projet?
se questionnent-ils, avant de souligner que d’autres sources d'approvisionnement sont sur la table à dessin.
Hydro-Québec se défend
Du côté d'Hydro-Québec, on se veut rassurant. Quand on dit qu’on va avoir besoin de 100 térawattheures pour être carboneutre en 2050, ça tient compte de nos engagements contractuels, donc il n’y a pas lieu de s’inquiéter
, a dit Lynn St-Laurent, porte-parole d’Hydro-Québec en entrevue à l’émission D’abord l’info sur ICI RDI.

Lynn St-Laurent, porte-parole d'Hydro-Québec, défend le projet d'Hydro-Québec au Maine.
Photo : Radio-Canada
Elle souligne que ce groupe de législateurs s'oppose au projet depuis le début
et qu’ils ont décliné l’invitation de la société d’État qui souhaitait les rencontrer.
Hydro-Québec mentionne que les nouvelles lignes de transport d’électricité en construction aux États-Unis permettront à terme d’exporter, mais aussi d’importer de l’électricité grâce à un meilleur maillage entre les réseaux, qu’ils soient éoliens, solaires ou hydroélectriques
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Les habitants du Maine ont voté à 59 % contre le projet d’Hydro-Québec en 2021, mais un juge a statué que ce référendum était inconstitutionnel. Par ailleurs, une autre cour de justice du Maine a statué en avril dernier que le partenaire d’Hydro-Québec avait bien tous les permis nécessaires avant d’entamer les travaux de construction de la ligne de transport qui doit acheminer l’électricité à Boston.