Menacée de devoir quitter le Québec, la famille Lienart pourra finalement rester

Corentin Lienart, sa femme et leurs fils pourront finalement s'installer au Québec à long terme.
Photo : Corentin Lienart
Quelques heures après la publication d’un reportage de Radio-Canada sur l’avenir incertain d’une famille belge au Québec, la ministre de l’Immigration Christine Fréchette s’en est mêlée. Verdict : toutes les conditions sont remplies pour que le père, la mère et leurs deux fils puissent rester à long terme.
Je suis en mesure de vous annoncer que la famille va recevoir son CSQ (certificat de sélection du Québec)
, a annoncé la ministre Fréchette en mêlée de presse à l’Assemblée nationale, jeudi matin.
Le dossier traînait pourtant en longueur depuis sept mois. Le père de famille, Corentin Lienart, avait effectivement déposé une demande de CSQ dans le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) en octobre 2022.
Depuis, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) n’a pas cessé de lui demander des preuves additionnelles du fait qu’il occupe bel et bien un emploi au Québec, un critère pour être admissible au PEQ dans le volet des travailleurs qualifiés.

La ministre québécoise de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Christine Fréchette
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Malgré les nombreux documents transmis, des talons de paye aux avis de cotisation, en passant par des lettres de son employeur et son permis de travail, M. Lienart ne parvenait pas à dissiper les doutes du MIFI.
La raison est pourtant bien banale : l’entreprise pour laquelle il travaille, Abbott Medical, gère la paye de ses employés à partir de la province voisine, l’Ontario.
J'ai quand même été surprise et préoccupée
, a admis la ministre Fréchette après avoir pris connaissance des faits. Elle a donc demandé des explications à ses fonctionnaires, jeudi matin, qui ont fait un tour de roue additionnel
, a-t-elle indiqué.
Bien contente que ça se soit soldé de cette manière-là, parce qu'ils semblent cadrer avec les caractéristiques de ceux qu'on souhaite attirer au Québec. Ce sont des francophones, ce sont des gens actifs dans le milieu du travail, dans un secteur stratégique.
Soulagement
Informé du revirement de situation par Radio-Canada, M. Lienart a fait part de son très, très grand soulagement
, lui qui admet s’être senti très démuni
face au MIFI, au cours des derniers mois.
On ne se voyait pas demander notre résidence permanente ailleurs qu'au Québec, donc c'est un réel soulagement d'obtenir ce papier de Certificat de sélection du Québec. Ça nous permet réellement d'avancer
, a résumé l’homme de 33 ans, spécialiste clinique dans le domaine médical.
On faisait face à un refus et on ne savait plus de quelle manière argumenter.

Corentin Lienart est spécialiste clinique dans le domaine médical.
Photo : Corentin Lienart
Selon une avocate spécialisée en droit de l’immigration, l’attitude du MIFI dans le dossier de la famille Lienart était un cas de mauvaise foi
, car le lieu de traitement d’une paye et même l’endroit où se situe l’employeur ne sont absolument pas partie des critères d’admissibilité au PEQ.
La situation était d'autant plus surprenante que le gouvernement Legault s'apprête à annoncer une importante révision de ses programmes en immigration afin de prioriser les candidats qui ont une connaissance du français.
Comment ça se fait qu'un fonctionnaire de l'immigration qui est censé connaître correctement tout le processus et tous les critères de sélection nous émettait un refus pour un critère qui n'apparaît même pas dans les critères de sélection?
se demande encore aujourd’hui M. Lienart.
Mme Fréchette n’a pas voulu se prononcer à savoir si les fonctionnaires du MIFI ont exagéré dans le dossier de M. Lienart.
Même s’il est heureux de tourner la page sur cet épisode angoissant, M. Lienart admet trouver triste et décevant qu'on doive se rendre jusqu'à l'exposition médiatique pour obtenir une décision favorable pour un dossier qui répondait de manière complète aux critères de sélection
.