Crise des opioïdes : le Nord de l’Ontario toujours durement touché

La crise des opioïdes continue de faire des ravages dans le Nord de l'Ontario, selon de récentes données du Bureau du coroner en chef de la province.
Photo : Radio-Canada / Rafferty Baker
Les cinq plus grandes villes du Nord de l’Ontario ont connu les taux les plus élevés de surdoses d'opioïdes dans toute la province en 2022, selon les données les plus récentes du Bureau du coroner en chef de l’Ontario.
Ces statistiques publiées le 4 mai démontrent que la ville de Thunder Bay est la plus touchée en Ontario, avec un taux de 77,2 de surdoses par 100 000 habitants.
Elle est suivie de Sault-Sainte-Marie, du Grand Sudbury, de Timmins et de North Bay.
La moyenne de ces cinq villes est de 60,1 par 100 000 habitants, un chiffre de loin supérieur à la moyenne provinciale des surdoses qui est de 17,6 par 100 000 habitants.
Ce sont des données qui ne surprennent pas Dallas Kosy, résident du Grand Sudbury. Il a récemment perdu son beau-frère à la suite d’une surdose.
Les croix érigées au centre-ville à la mémoire des victimes de surdoses d'opioïdes ne représentent même pas l’ampleur réelle du problème
, observe-t-il.

Le monument «crosses for changes» de Sudbury a installé des croix blanches en mémoire des victimes de la crise des opioïdes dans la région.
Photo : Radio-Canada / Yvon Theriault
M. Kosy remarque que le rétablissement est difficile pour les personnes aux prises avec des problèmes de dépendance aux opioïdes.
Vous savez, quand on en consomme depuis longtemps, les symptômes de sevrage peuvent devenir très sérieux. Je ne pense pas que plusieurs personnes veulent subir ce genre de douleur physique pendant deux semaines ou plus
, indique-t-il.
Il estime que des services de logement de soutien pourraient servir à venir en aide aux personnes touchées par la crise.

Dallas Kosy a perdu son beau-frère à la suite d'une surdose d'opioïdes.
Photo : CBC / Aya Dufour
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Kayla Pelland du Réseau Access Network, qui gère le centre de consommation supervisée de Sudbury, dit aussi trouver les récentes données déchirantes
.
Mais la question de la toxicité des drogues est très complexe, explique-t-elle, et une agence ne peut pas s’en occuper à elle seule.
C’est une crise qui ne peut être réglée que par des changements de politiques
, note-t-elle, dont des efforts de décriminalisation des drogues de rue comme le fentanyl.

Kaela Pelland travaille au Réseau Access Network, qui gère le centre de consommation supervisée de Sudbury.
Photo : CBC / Aya Dufour
Le maire du Grand Sudbury, Paul Lefebvre, se dit aussi profondément préoccupé
par la crise des opioïdes.
Ce sont nos frères et sœurs, nos enfants qui meurent. Et nous avons un rôle à jouer, certainement de plaider et voir ce qu’on peut faire de plus avec les moyens qu’on a.
Mais les services sociaux et médicaux disponibles sont insuffisants, ajoute-t-il, car le Grand Sudbury étant la plus grande ville du nord-est de l’Ontario, des gens de partout dans la région aux prises avec des problèmes de santé mentale s’y rendent pour avoir accès à des soins et services.

Paul Lefebvre, maire du Grand Sudbury, se réjouit du projet qui est proposé par les organismes impliqués.
Photo : CBC / Aya Dufour
La ville de Timmins fait aussi face à un manque de services suffisants de traitement, signale la maire Michelle Boileau, ajoutant que le nouveau centre de consommation supervisée sauve tout de même des vies.
Chaque décès en est un de trop. Et jusqu’à ce qu’on en arrive au point où on n’aura aucun décès liés aux opioïdes, on va continuer à travailler fort.
Avec les informations d'Aya Dufour et Jonathan Migneault de CBC News