Les personnes handicapées peu préparées pour la vie adulte au Manitoba, selon un rapport

Des jeunes en situation de handicap âgés de 18 à 27 ans ont été interrogés pour cette étude. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Catherine Paradis
La transition vers la vie adulte des jeunes ayant des incapacités est pavée d’embûches, selon un rapport d’un groupe d’expertes, notamment attachées à l’Université du Manitoba.
Le rapport (en anglais), (Nouvelle fenêtre) dont le titre se traduit par Le passage à l’âge adulte pour les jeunes en situation de handicap au Manitoba : Une route sinueuse et ascendante
, appelle le gouvernement manitobain et les divisions scolaires à agir.
Publié en partenariat avec le Centre canadien de politiques alternatives, il dénonce le fait que leur situation ne s’est que faiblement améliorée depuis les 30 dernières années.
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Nous avons découvert que la préparation des jeunes [à la vie adulte] était très inégale en fonction de l’école secondaire au Manitoba
, explique la coautrice du rapport et professeure associée à la Faculté d’éducation de l’Université du Manitoba Nadine Bartlett.
En tout, 440 personnes ont été interrogées dans le cadre de cette étude, notamment des jeunes âgés de 18 à 27 ans en situation de handicap, des aidants naturels, des éducateurs et des prestataires de services.
Plusieurs des participants ont déclaré avoir plusieurs handicaps
, comme des handicaps intellectuels, d’apprentissage et des troubles de santé mentale, ajoute Nadine Bartlett.

Nadine Bartlett, professeure associée à l'Université du Manitoba, fait partie des quatre autrices du rapport.
Photo : Source: Université du Manitoba
Mis à l’écart en raison d’un manque de ressources
Le rapport indique que les besoins de plusieurs jeunes ne sont actuellement pas comblés, notamment parce que leur accès à des occasions de développement professionnel est limité, à défaut d’avoir des personnes pour les accompagner.
De nombreuses coupes budgétaires en matière d’aide à l’éducation secondaire ont fait en sorte que de jeunes adultes ayant des incapacités n’ont pas eu de placement dans le milieu du travail [par exemple]. Ils ne pouvaient pas se déplacer seuls, car ils n’avaient personne pour les aider
, explique Nadine Bartlett.
Elle ajoute que l’obligation pour certaines personnes handicapées de demeurer à l’école secondaire jusqu’à 21 ans, plutôt que 18 ans, pose aussi problème.
Plusieurs personnes nous ont dit que les jeunes ayant des incapacités ne voulaient pas rester au secondaire jusqu’à l’âge de 21 ans. Ils voulaient terminer à 18 ans comme leurs pairs et faire autre chose, comme aller sur le marché du travail ou faire des études postsecondaires.
La chercheuse estime aussi que le Manitoba tire de l’arrière en matière d’offre de programmes postsecondaires pour les personnes ayant des déficiences intellectuelles ou de développement.
Selon elle, il existe un seul programme dans la province, soit le Campus Life, à l’Université du Manitoba. Il est excellent, mais il n’accepte qu’un petit nombre de personnes pour des raisons de financement
, note Nadine Bartlett.
Ce type de programme est toutefois très bénéfique, selon elle.
Il y a de nombreuses études qui montrent que les personnes ayant des handicaps qui accèdent aux études postsecondaires ont de meilleures possibilités, de meilleurs emplois et un meilleur réseau social
, explique Nadine Bartlett.
Mieux planifier selon les besoins des jeunes
Le rapport affirme qu'il faut prévoir le plus tôt possible le processus de transition des jeunes ayant des handicaps vers l’âge adulte.
Pour ce faire, Nadine Bartlett pense que les écoles devraient développer des échéanciers adaptés au développement du jeune, flexibles et correspondant aux besoins et aux intérêts de ce dernier et de sa famille
.
Elle explique que, à l’heure actuelle, les divisions scolaires agissent toutes de manière différente
.
Des prestataires de services font souvent face à des ressources différentes selon l’école dans laquelle ils travaillent.
Nadine Bartlett précise qu'aucun participant fréquentant une école francophone n’a participé à cette étude. Par ailleurs, les répondants n’ont pas eu à préciser leur langue maternelle.
Des personnes travaillant dans des écoles d’immersion ont toutefois été interviewées.
La Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) a indiqué à CBC/Radio-Canada par courriel qu'elle n'avait pas de classes spécialisées pour les personnes ayant des incapacités. Elle a cependant un Plan d’accessibilité (Nouvelle fenêtre) prévoyant des objectifs pour supprimer les barrières auxquelles font face les jeunes en situation de handicap.
Un plan mis à jour doit d’ailleurs être déposé auprès de la province d’ici un mois, comme le précise une porte-parole de la DSFM.