Un moratoire sur les claims miniers n’enverrait pas un bon message, croit Mathieu Lacombe

Selon le ministre responsable de l'Outaouais, Mathieu Lacombe, il n'est pas question que Québec impose un moratoire sur les claims miniers. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Alors que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Maïté Blanchette Vézina, a laissé entendre qu’il y aurait des changements dans le dossier des claims miniers, pour le ministre responsable de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, il est toujours hors de question pour Québec d'imposer un moratoire sur l'activité minière.
C’est important de bien faire les nuances qui s’imposent. Un moratoire qui serait décrété sur l’ensemble du territoire, ça envoie un message à l’industrie minière qu’on est fermé, que c’est partout pareil, alors que ce n’est pas le cas
, a-t-il réagi lundi matin, lors d’une conférence de presse à Montpellier, dans la Petite-Nation.
La veille, sa collègue Mme Blanchette Vézina a admis auprès de La Presse canadienne que le système actuel des claims devrait être amélioré, en raison notamment de la forte croissance qu’a connue l’industrie ces dernières années.
En deux ans, le nombre de claims miniers a bondi de 65 % au Québec, créant ainsi de la frustration chez certains résidents au travers la province, dont en Outaouais.
Mme Blanchette Vézina a affirmé qu’elle souhaite ajouter des journées de consultations publiques sur l’encadrement de l’activité minière.
Mais pour M. Lacombe, il n’y a pas de lien entre les consultations et un moratoire
, comme le réclament pourtant certaines municipalités.
On a besoin de ces mines-là, si l’on veut se tourner vers l’avenir, décarboner, puis avoir une industrie qui est plus verte au Québec. Je pense que ça va être un exercice utile. […] C’est ça que je répète aux municipalités et aux citoyens qui m’interpellent sur cette question-là. Il y a une consultation qui prend place. On est ouvert à faire des modifications législatives comme gouvernement pour nous assurer qu’on a toujours la meilleure façon de faire
, a-t-il dit.
Les municipalités ont tous les outils
, d'après Mathieu Lacombe
D’ailleurs, selon M. Lacombe, les municipalités ont les outils nécessaires pour faire des moratoires, sans nécessairement passer par Québec.
Si une municipalité entre dans un processus de révision de territoire incompatible avec l’activité minière, il y a automatiquement un moratoire qui se met en place
, souligne-t-il.
« Si une municipalité ne veut pas qu’il y ait des mines sur son territoire, elle peut commencer le travail [le moratoire] et pendant ce temps, il ne peut avoir de nouveaux claims qui se mettent en place. Les outils sont là, en plus de la consultation et des possibilités de modifier la loi. Honnêtement, on est de bonne foi dans tout ça. »
Mais le maire de la municipalité de Duhamel, David Pharand, n’est pas de cet avis.
On répète depuis plusieurs années, les outils qui sont dans notre coffre d’outils sont insuffisants. Il nous faut des outils plus adaptés à cette réalité-là et je pense que Mme Blanchette Vézina va reconnaître les besoins de fournir les outils aux municipalités
, a répondu M. Pharand.
« Le gouvernement doit lui-même reconnaître que la priorité de créer de la richesse ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’environnement, et ne doit pas se faire en sacrifiant la population du territoire qui est convoitée par les [entreprises] minières. »
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Les citoyens resteront sur leurs gardes
Cela n’empêche pas le fait qu’en Outaouais, l’ouverture de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts du Québec a été bien reçue. Toutefois, les groupes de pression qui sont contre les projets de claims miniers affirment qu’ils vont continuer à être prudents.
Bien heureux de voir le sérieux [de la ministre] et de savoir qu’elle est prête à regarder sérieusement [le dossier], à modifier la loi pour répondre aux attentes des milieux
, a commenté le maire de Duhamel.
L’activiste Louis St-Hilaire, qui est le porte-parole du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation et de la Coalition Claims, reste pour sa part sur ses gardes.
C’est de bon augure. Mais ce dont [la ministre des Ressources naturelles et des Forêts du Québec] a parlé hier, c’est quand même limité à l’octroi de claims miniers, alors que le sujet est beaucoup plus large [...]. Il va nous falloir de l’information supplémentaire
, a-t-il fait valoir.
Avec les informations de Julien David-Pelletier