Ottawa investit 390 millions $ dans la lutte contre la violence armée

La lutte contre les armes à feu illégales commence à la frontière, a indiqué le ministre fédéral de la Sécurité publique Marco Mendicino.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Le gouvernement Trudeau injecte des sommes importantes dans des programmes pour prévenir et enrayer la violence par armes à feu au pays.
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, en a fait l'annonce lundi matin à Mississauga, près de Toronto.
La somme de 390 millions de dollars, répartie sur cinq ans et sur l'ensemble des provinces, servira à financer deux programmes : l'Initiative de lutte contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs (ILCVAFG) et le Fonds pour bâtir des communautés plus sécuritaires (FBCS).
Selon La Presse canadienne, qui cite un porte-parole du ministre, le Québec recevra 84,8 millions de dollars. L'Ontario, quant à elle, est la province qui recevra la part du lion avec 121,4 millions de dollars.
Ces investissements devraient permettre de donner des ressources supplémentaires aux forces de l’ordre, d’aider les jeunes à faire les bons choix et d’aider nos communautés à prospérer
, selon M. Mendicino.
Une victime est une victime de trop.
Selon Ottawa, l'ILCVAFG, lancée en 2017, a notamment aidé le Québec à mettre sur pied l'escouade CENTAURE, qui s'attaque à la contrebande d'armes à feu dans la province.
Le projet [...] a permis de saisir près de 400 armes dans les plus grandes villes, près de 500 autres à la frontière ainsi que sept imprimantes 3D qui étaient utilisées pour fabriquer des armes fantômes, dans les premiers neuf mois du programme
, a souligné Marco Mendicino dans son allocution.
La Colombie-Britannique a utilisé ces fonds pour financer l'Organized Crime Agency of British Columbia, un corps de police spécialisé dans la lutte contre le crime organisé et le trafic d'armes et de drogue.
Le Fonds pour bâtir des communautés plus sécuritaires doit pour sa part offrir du financement directement aux communautés qui luttent contre la criminalité liée aux gangs armés.
Annoncé pour la première fois en mars 2022, le FBCS fournit des fonds directement aux municipalités et aux communautés autochtones pour soutenir les initiatives locales qui préviennent la violence liée aux armes à feu et aux gangs et aident les jeunes à faire de bons choix
, lit-on dans le communiqué transmis en amont de l'annonce.
Liberté aux provinces et aux corps policiers
En entrevue à l'émission Midi info diffusée sur les ondes d'ICI Première, le ministre de la Sécurité publique a précisé que les montants annoncés lundi doivent avant tout servir à renforcer les services policiers qui font la job sur le terrain
.
En termes pratiques, ça peut aider [les policiers] avec plus de ressources, ou pour acheter des nouvelles technologies
, a-t-il détaillé
Ça fait partie de nos trois piliers pour contrer la violence par armes à feu. Un : des frontières fortes. Deux : Des [lois] fortes. Trois : des stratégies de prévention. C'est avec ces trois piliers qu'on pourra renverser la tendance.
Les provinces et leurs corps policiers auront le champ libre sur la façon dont ces sommes seront investies, a précisé M. Mendicino. C'est donc dire qu'Ottawa n'imposera aucune condition à ces enveloppes budgétaires.
Avec ces outils, on pourra [s'occuper] des priorités des corps policiers
, a-t-il ajouté.
Le problème de l'accessibilité
Si elle espère qu'une grosse partie de cet argent-là va servir à des initiatives en prévention
, la criminologue Maria Mourani souligne que le problème demeurera entier si rien n'est fait pour empêcher la prolifération des armes sur le territoire.

La criminologue Maria Mourani (Archives).
Photo : Radio-Canada
Le plus gros problème qu'on a actuellement, c'est la porosité de nos frontières
, a dit Mme Mourani en entrevue à Tout un matin sur les ondes d'ICI Première.
On aura beau avoir des milliers de "CENTAURE" sur le terrain pour faire des arrestations et retirer les armes de la rue, il n'en demeure pas moins que la très grande majorité des armes qui se retrouvent dans le marché noir viennent des États-Unis.
Ottawa a prévenu cette critique. Dans son communiqué, le ministre de la Sécurité publique écrit que le plan gouvernemental visant à assurer la sécurité des Canadiens [...] commence par des frontières solides, où le gouvernement a investi près d’un demi-milliard de dollars dans la sécurité des frontières et a renforcé la collaboration avec les États-Unis pour lutter contre la contrebande d’armes à feu
.
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Avec les informations de La Presse canadienne