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Le nombre de bélugas du Saint-Laurent serait plus élevé qu’on le croyait

Un groupe de dix bélugas vu du ciel.

Le nombre d'individus de la population de bélugas du Saint-Laurent est estimé à 1850, selon un recensement de 2022. (Photo d'archives)

Photo : NOAA/Lisa Barry

Le nombre de bélugas du Saint-Laurent serait deux fois plus élevé qu’on l'estimait auparavant. Il faut toutefois rester prudent, prévient Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). La population ne serait pas en train d'augmenter, selon lui : c’est la méthode pour dénombrer les individus qui a été améliorée.

On a sous-estimé d'à peu près la moitié le nombre de bélugas, commente Robert Michaud.

C’est ce qu’il conclut à la suite de la présentation de la chercheuse Véronique Lesage, de Pêches et Océans Canada (MPO), faite lors du Symposium béluga 2023, qui s’est déroulé cette semaine à Montréal.

La bonne nouvelle, c'est qu'on sous-estimait la taille de la population, se réjouit Mme Lesage. Mais le consensus, c'est qu'il ne faut pas arrêter de les protéger. En fait, il faut trouver une façon d'améliorer les conditions des femelles et des nouveau-nés et de les empêcher de mourir.

Alors que le nombre d’individus était estimé à 889 au dernier recensement en 2013, le dernier relevé, réalisé en 2022, indique qu’il y aurait entre 1530 et 2180 bélugas dans le Saint-Laurent, soit une estimation moyenne de 1850 bélugas.

On a un peu plus de marge de manœuvre qu’on croyait, mais il ne faut absolument pas réduire nos efforts.

Une citation de Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM

Véronique Lesage affirme que la méthode pour compter les individus a été formellement révisée par d'autres collègues scientifiques en février dernier.

La chercheuse Véronique Lesage.

La chercheuse scientifique au MPO Véronique Lesage (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

On a posé des instruments de haute résolution directement sur le béluga, ce qui nous permet de mieux estimer le temps qu'il passe en surface et en plongée, explique la chercheuse scientifique.

Il y a plus d’animaux en soi et c’est une bonne nouvelle, croit Robert Michaud.

Mais la population n’augmente toujours pas. Il y a des signes qui nous permettent de craindre que la population puisse décliner dans les 10 prochaines années, maintient-il.

Le chercheur Robert Michaud sur sa galerie aux Bergeronnes, avec vue sur les eaux brumeuses du fleuve Saint-Laurent.

Le chercheur Robert Michaud (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Myriam Fimbry

Il rappelle qu’un fort taux de mortalité chez les veaux est observé depuis une dizaine d’années. Par ailleurs, les scientifiques recensent davantage de mortalités des femelles matures — elles meurent en moyenne 15 ans plus jeunes qu’auparavant — et de mortalités pendant les mises bas.

Il nous manque des femelles, il nous manque des veaux qui auraient grandi, qui auraient atteint la maturité. C’est ma hantise de voir si, dans les cinq ou dix prochaines années, on pourrait voir un vrai déclin de la population, admet M. Michaud, qui étudie les bélugas depuis une trentaine d’années.

On sait qu’on a une bombe à retardement. Moi, j’appelle à la prudence.

Une citation de Robert Michaud, directeur scientifique du GREMM

Les chercheurs qui se penchent sur l’état de ce mammifère marin commenceront à comptabiliser l’impact de la mortalité soutenue.

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Une femelle retrouvée à Grosse-Roches en 2019 était en train de donner naissance au moment de son décès. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Luc Paradis_Rad

En 2014, les scientifiques avaient conclu que la population de bélugas affichait un déclin d’environ 1 % par année.

Je ne pense pas qu’on puisse affirmer que la population est en déclin, mais on ne peut pas affirmer que la population est en augmentation, soutient désormais M. Michaud.

Selon les experts, la population serait stable, d'après les données recueillies de 1988 à aujourd’hui.

La disparation des cancers chez cette espèce expliquerait en partie pourquoi ce mammifère marin serait en meilleure posture. Il s’agit de la deuxième bonne nouvelle du Symposium béluga 2023, fait valoir le directeur scientifique du GREMM à Tadoussac.

Une carcasse de jeune béluga repose sur une plage.

Une carcasse d'un jeune béluga retrouvée en 2019 aux Méchins. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Claude Côté

Dans les années 1980, les scientifiques avaient noté l’apparition de cancers de l’intestin chez le béluga du Saint-Laurent, résultat de l’aluminerie au Saguenay qui émettait des HAP. Or, les cas de cancer auraient complètement disparu.

Dans ma carrière, voir que les cancers disparaissent, c’était vraiment quelque chose d’émouvant, témoigne la chercheuse du MPO, qui étudie le béluga depuis 1990. Il y a des actions qui ont été posées et ça a mené à quelque de concret et mesurable, fait-elle valoir.

Ça nous dit que quand il y a des actions, concrètement, ça peut changer la donne.

Une citation de Véronique Lesage, chercheuse au MPO

Statut à réviser?

Depuis l’an 2000, cette espèce du Saint-Laurent est considérée comme étant menacée en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec. Le béluga a été désigné en voie de disparition en 2014 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

La nouvelle estimation pourrait-elle faire revoir le statut d’espèce menacée et en voie de disparition du béluga?

Robert Michaud et Véronique Lesage indiquent que le fédéral et le provincial pourraient faire une réévaluation du statut de cette espèce étant donné l’importance des nouveaux chiffres présentés. Il y a un ensemble de critères qui devront être pris en compte, commente la chercheuse scientifique.

M. Michaud assure par ailleurs que l’habitat du béluga du Saint-Laurent est toujours soumis à des menaces, notamment la présence de contaminants dans l'eau, l’augmentation du trafic maritime et le changement de la diète des bélugas.

Il n’y a aucune menace identifiée qui est véritablement disparue, déplore le directeur scientifique.

Selon lui, l’annonce de la création d’un agrandissement du parc marin demeure une bonne façon d’assurer une protection supplémentaire à ce mammifère marin qui est un des emblèmes du Québec.

La nécessité de créer des aires de tranquillité dans le secteur de l’estuaire moyen, soit à Kamouraska ou à Cacouna, a été discutée lors du Symposium béluga 2023.

Alors l’idée, c’est de s’assurer que ces secteurs-là, tout comme la baie Sainte-Marguerite, obtiennent un statut de protection important. Nous, c’est quelque chose qu’on va recommander, signale Robert Michaud.

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