Adaptation aux changements climatiques : le président de l’UMQ déçu des choix de Québec
Les inondations sèment la destruction depuis des jours au Québec. Il y a un mois, c’était le verglas. Les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient et les municipalités sont au premier rang pour venir en aide aux citoyens.

Le président de l'UMQ, Martin Damphousse.
Photo : Radio-Canada
Le nouveau président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) reconnaît que l’adaptation aux changements climatiques nécessite une priorisation des dépenses des gouvernements. Mais sachant que chaque dollar qui n’est pas investi maintenant en prévention exigera des dépenses de 15 dollars au moment d’une crise, il s'interroge sur les choix du gouvernement québécois.
Ça aurait peut-être été bien qu'il ne baisse pas les impôts pour se servir de ces argents-là pour répondre aux besoins de la population
, a déclaré Martin Damphousse dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir.
La réduction des taux d’imposition coûtera au Trésor québécois 1,7 milliard de dollars par année. Or, une étude commandée par le regroupement municipal conclut qu’il faudrait investir 2 milliards de dollars pendant 5 ans pour faire face à l’urgence climatique.
Dans son discours prononcé aux Assises de l’UMQ, François Legault a rappelé que son gouvernement a réservé 1,4 milliard aux projets d’adaptation et que d’autres annonces sont prévues. Les marges de manœuvre n'existent pas plus à Québec que dans les municipalités
, a-t-il souligné.
Il faut pourtant agir pour contrer les ravages de la nature, comme la disparition d’un mètre de berge chaque année à Varennes, insiste M. Damphousse qui est maire de cette municipalité depuis 14 ans. Cela exige de réorienter les dépenses.
Il faut intervenir. C'est surtout de rendre nos infrastructures plus résilientes, parce que la façon dont on construisait les tuyaux d'égout [sanitaire], les tuyaux d’égout pluvial d'avant, il faut le faire différemment et se servir de la science.
Il se dit prêt à travailler en partenariat avec le gouvernement provincial et veut déjà commencer à négocier le pacte fiscal 2024-2029.
Le premier ministre a assuré les maires de la province de sa collaboration et réitéré un engagement pris en 2022. Je vous promets de déposer une loi sur l'expropriation
, a indiqué François Legault.
Un tel changement législatif permettrait aux villes et villages d’accélérer des projets, que ce soit pour du logement social ou pour la protection de zones forestières ou de milieux humides.

Martin Damphousse et notre journaliste Daniel Thibault.
Photo : Radio-Canada
Tout le monde est sur les freins parce qu'il y a eu trop de poursuites pour bloquer l'expropriation par les villes. Et des villes ont perdu en cour et se retrouvent à devoir compenser financièrement des sommes astronomiques
, a déploré le dirigeant de l’UMQ.
Lourdeur bureaucratique
Il invite Québec à éliminer le taux de compensation accordé aux écoles primaires et secondaires qui ne paient que 50 % de la valeur foncière des établissements. Il réclame aussi que le gouvernement Legault reprenne à sa charge les pouvoirs accordés aux centres de services scolaires. Ceux-ci peuvent exiger un terrain pour la construction d’écoles.
C'est ce terrain-là que je veux. Vous devez me l'offrir ou, si c’est pas à vous, vous devez l'acheter, le décontaminer. [...] Mais ça n'a pas de bon sens!
, s’est exclamé M. Damphousse.
Il y a aussi la pénurie de logements. Il faudrait en construire 75 000 dans la province pour en garantir l’abordabilité, mais la lourdeur bureaucratique retarde la réalisation de projets.
Quand le délai devient incroyablement long, le coût de construction n'est plus le même. Puis, avec l'inflation galopante qu'on connaît dans la dernière année, les prix et le modèle économique ne fonctionnent plus
, a soutenu Martin Damphousse.
Et ce qui vaut pour le logement, selon lui, s’applique aussi en matière d’environnement et de transport. De nouvelles formules sont donc souhaitables pour accélérer les initiatives.