Dès juin 2022, un troisième lien réservé au transport collectif était en analyse

Le troisième lien sera entièrement consacré au transport collectif.
Photo : Radio-Canada
Deux mois avant le déclenchement de la dernière campagne électorale, au Québec, le ministère des Transports a commandé une analyse pour un troisième lien réservé exclusivement au transport collectif, a constaté Radio-Canada.
Cette information, qui se trouve dans l’une des études récemment rendues publiques par le gouvernement, risque de soulever bien des questions. Depuis l’abandon du projet de bitube, il y a deux semaines, les élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) répètent qu’ils n’avaient pas anticipé ce recul.
Or, le ministère des Transports avait demandé à ce que soient identifiées formellement des solutions additionnelles
dès l’été dernier, apprend-on dans le Rapport des esquisses préliminaires des différentes options et analyse multicritère.
Le 30 juin 2022, c’est-à-dire deux mois avant le déclenchement des élections le 28 août, le ministère des Transports avait mandaté le consortium Union des Rives pour qu’il produise des analyses d’options uniquement TC [transport collectif]
.
Ce même consortium étudiait le projet de bitube depuis plusieurs semaines déjà, car il avait décroché un contrat de 31 millions de dollars au printemps.
Puis, le 19 août 2022, soit quelques jours avant la dissolution de l’Assemblée nationale, le ministère des Transports avait aussi demandé à Union des Rives d’ajouter des analyses pour une solution combinant un pont et un tunnel, qui aurait permis de franchir le fleuve entre les ponts actuels et le tracé de centre-ville à centre-ville.
François Bonnardel savait-il?
Le cabinet de François Bonnardel, qui était responsable des Transports à l'époque, n'est pas en mesure de dire clairement s'il était au courant que ces analyses portant sur un seul tunnel de transport collectif étaient en cours à l'été 2022.
Le ministre savait que les équipes du ministère effectueraient différentes analyses pour documenter le projet choisi et ses comparables
, indique simplement son attachée de presse, Roxanne Bourque, dans une déclaration écrite.
On réitère que la décision sur le projet de bitube était la décision officielle et qu'il était attendu que de nombreuses études et analyses seraient requises pour faire avancer ce projet d'envergure.

François Bonnardel, ex-ministre des Transports du Québec
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), quant à lui, n'apporte pas de réponse plus claire, mais suggère que le cabinet ministériel est rarement tenu dans l'ignorance.
Pour tous les grands projets au ministère, les échanges sont réguliers entre les cabinets ministériels et les sous-ministériats concernés
, répond le porte-parole du MTMD, Nicolas Vigneault, dans un courriel.
Ce dernier affirme néanmoins qu’il est tout à fait habituel de demander des informations et analyses additionnelles dans le cadre d’une étude d’opportunité
.
L'évolution du projet a mené à améliorer la solution de bitube annoncée le 14 avril 2022. Pour ce faire, différentes variantes devaient être analysées pour recommander la solution optimale, et c’est ce qui a été demandé au mandataire
, explique le porte-parole.
Les différentes requêtes effectuées auprès du mandataire avaient notamment pour but d'améliorer les connaissances et de mieux documenter les diverses études en cours.
Des enjeux de coûts et de sécurité
Dans son rapport, le consortium Union des Rives prévient que ses analyses additionnelles concernant un tunnel réservé au transport collectif sont des schémas très préliminaires qui ont été esquissés dans des délais extrêmement réduits
.
Cependant, le consortium indique qu’avoir un seul tunnel plutôt que deux amènerait des limites et des défis, peu importe le moyen de transport qui y circulerait.
Dès lors que le tunnel de transport en commun n’est plus lié à un tunnel autoroutier, ce tube doit être autonome et doit remplir toutes les fonctions, notamment celles de sécurité, ventilation, évacuation et accès des secours
, peut-on lire dans le rapport.
D’après le consortium, un seul tunnel réservé au transport collectif est faisable, mais les conditions pour le réaliser sont différentes de celles pour réaliser un bitube.
Des surcoûts qui peuvent être importants
seraient même à prévoir, écrit Union des Rives, notamment parce que des aménagements complémentaires seraient nécessaires pour compenser l’absence d’un deuxième tube.