•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

L’arrivée d’une nouvelle drogue inquiète à Sherbrooke

Une pilule sur laquelle il est écrit le chiffre 8.

Le protonitazène pourrait se retrouver sous cette forme.

Photo : Police régionale d'Halifax

Une nouvelle drogue de synthèse « plus puissante que le Fentanyl » a été recensée pour la première fois en Estrie après avoir causé la mort d’un Sherbrookois l’automne dernier. Le protonitazène, un opioïde très populaire ailleurs au Canada, serait d’ailleurs de plus en plus en circulation, ce qui inquiète la Direction de santé publique de l’Estrie.

Dans une publication du CIUSSS de la Capitale-Nationale, on indique que cette drogue de synthèse, offerte sous la forme d’un comprimé, serait aussi difficile à détecter par des tests de routine à l’urgence ou par des bandelettes de détection du fentanyl. Si ses effets et mêmes les surdoses reliés au protonitazène peuvent être renversés par la naloxone, il faut, par contre, plusieurs doses pour y arriver.

L’inquiétude principale des autorités médicales par rapport à cette substance, c’est l’arrêt respiratoire qui peut, par la suite, mener au décès.

On l'a vu apparaître surtout à partir de 2020 et de manière très, très légère [ailleurs au Canada]. Puis, il y a eu vraiment une augmentation. C’est surtout présent dans l’Est canadien, indique le Dr Éric Lampron-Goulet, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive.

Ainsi, dans la dernière année, sur les 1300 saisies faites au Canada de nitazène, la grande famille de cette substance, il y avait du protonitazène dans 414 saisies. C’est une augmentation assez importante. On parle de 96 % d’augmentation d’une année à l’autre! s’étonne le Dr Lampron-Goulet.

C'est la tendance qui m'inquiète. C’est vraiment un produit qui est en forte augmentation.

Une citation de Dr Éric Lampron-Goulet, médecin spécialiste en santé publique

Au Service de police de Sherbrooke, on soutient qu’aucune saisie de protonitazène n’a été effectuée dans les dernières années et que cette substance n’était pas sous le radar des policiers.

Si le nombre de saisies de protonitazène faites au Canada peut paraître impressionnant, dans la province, la situation est moindre. C'est une substance qui est assez négligeable en termes de quantité quand on la compare aux autres substances qui sont présentes sur notre territoire. Au Québec, ce qui est très, très prédominant, c'est tout ce qui est de la catégorie des stimulants, comme les méthamphétamines, explique Eric Lampron-Goulet.

Une substance souvent coupée

Selon ce qu’on apprend dans le rapport d’enquête du coroner, l’homme, qui est décédé après avoir consommé du protonitazène, avait également ingéré d’autres substances dont de la méthamphétamine, du cannabis et de la quétiapine. C’est rarement une substance psychoactive que l’on voit seule dans les saisies. C’est souvent coupé, retrouvé avec deux à quatre autres substances, dont le fentanyl, indique-t-il.

Selon le Dr Lampron-Goulet, les utilisateurs de protonitazène aiment le sentiment de bien-être qu’apporte cette substance. Des fois, c’est prescrit légalement, pour soulager des douleurs par exemple, mais il y a une forte dépendance qui peut survenir. Et c’est lorsque cette dépendance survient que les gens commencent à en consommer de façon illégale, prévient-il.

Pour l’instant, c’est vraiment plus les opioïdes qui restent les plus inquiétants en termes de risque pour les surdoses, puis les décès.

Une citation de Dr Éric Lampron-Goulet, médecin spécialiste en santé publique

Diminution des surdoses aux opioïdes en Estrie

Alors que les intoxications liées aux opioïdes sont en augmentation dans la région de Montréal, c’est tout le contraire qui se produit en Estrie. Dans nos salles d’urgence, ce qu’on voit, c’est une légère diminution quand on regarde les statistiques des cinq dernières années, note-t-il.

Même si les statistiques démontrent qu’il y a moins de surdoses, le milieu ne s’assoit tout de même pas sur ses lauriers. On reste quand même très actifs, malgré cette donnée qui est réconfortante pour l’Estrie. On travaille avec les organismes communautaires pour mettre de l’avant toutes les mesures pour diminuer les impacts, nuance le Dr Lampron-Goulet.

Ce dernier rappelle qu’il faut tout de même être prudent avec les statistiques puisque ce ne sont pas toutes les intoxications qui vont être détectées dans les salles d’urgence, par exemple. Puis, certaines substances peuvent ne pas avoir été repérées chez les gens intoxiqués. On n’a pas encore d'appareils de détection qui sont optimaux. Il y a des travaux qui se font pour tenter d’améliorer ce qu’on a comme données.

À ce sujet, le Dr Lampron-Goulet indique qu’un nouvel appareil d’analyse des drogues et qui servira aux consommateurs sera en fonction d’ici la fin de l’été. L’appareil est arrivé, mais il reste à le calibrer, à entrer les algorithmes. Pour nous, c’est une grande plus-value de pouvoir faire ce type d’analyse. Ça donne aussi une porte d’entrée aux consommateurs pour avoir accès à des intervenants.

Cette machine sera mobile et se déplacera dans divers organismes dont chez Elixir et IRIS Estrie.

Quelques conseils :

  • Toujours consommer en groupe. « Si quelqu’un fait une surdose, la personne ne pourra pas s’injecter de la naloxone seule », rappelle le Dr Lampron-Goulet.

  • Éviter de consommer plusieurs substances en même temps.

  • Tester une partie de la substance pour voir l’effet avant de la prendre en grande quantité surtout quand il s’agit d’une nouvelle substance ou d’un nouveau distributeur.

  • Toujours avoir de la naloxone avec soi.

  • Appeler l’ambulance après avoir injecté une dose de naloxone. « Son effet est temporaire. »

    Source : Dr Éric Lampron-Goulet, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

En cours de chargement...

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.