Jamal Murray, le prochain Canadien à écrire l’histoire dans la NBA?

Jamal Murray sera-t-il le prochain Canadien à écrire l’histoire dans la NBA? Son équipe, les Nuggets de Denver, et lui entament la série finale des éliminatoires de la NBA jeudi en affrontant le Heat de Miami.
Photo : ESPN
Dans la foulée de la conquête du championnat de la NBA par les Raptors de Toronto en 2019, Kitchener, comme beaucoup d'autres villes à travers le pays, a connu une résurgence de l’intérêt de sa population pour le basketball. Ses inscriptions pour la pratique organisée sont montées en flèche et les nouveaux amateurs du sport ont afflué vers ses terrains extérieurs.
Quatre ans plus tard, cette ville d’un quart de million d’habitants s’emballe de nouveau, la faute de l’un des siens, cette fois. Jamal Murray, qui y est né, y a grandi et y a été formé, disputera la finale de la NBA avec son équipe, les Nuggets de Denver, cette semaine.
On l’admire beaucoup par ici
, dit Yazan Hashem, l’un de ceux dont l’amour du ballon orange est né du sacre des Raptors.
C’est l’un des nôtres. On veut le mettre sur un piédestal parce qu’il vient d’ici et pour prouver que tout est possible.

Jamal Murray et son équipe ont atteint la finale après avoir vaincu les Lakers de Los Angeles en finale de l'Association Ouest. (Photo d'archives)
Photo : Associated Press / Ashley Landis
À Kitchener, comme partout ailleurs, c’est le hockey qui est roi. L’équipe junior locale, les Rangers, fait légion. L’histoire de Murray est ainsi celle d’un fils et son père qui ont trimé dur pour frayer leur propre chemin vers la meilleure ligue de basketball au monde.
Le basketball est encore un sport relativement petit dans cette ville alors ce n’est pas tout le monde qui parle de lui de la façon qu’ils le feraient s’il jouait au hockey, mais on en parle assurément plus maintenant
, explique Vladimir Tchourakov, rencontré avec son ami Yazan au Stanley Park Community Centre de Kitchener, là où Jamal a passé d’innombrables heures à jouer.
Si vous mentionnez son nom, tout le monde saura de qui vous parlez, pour quelle équipe il joue. Tout le monde, d’une certaine façon, suit ce qu’il est en train de faire.
Murray fait d’autant plus la fierté locale parce qu’il pourrait écrire une page d’histoire en devenant seulement le neuvième joueur canadien de l’histoire à soulever le trophée Larry O’Brien, remis aux champions de la NBA. Il rejoindrait au sein de ce groupe sélect Bill Wennington (1996, 1997 et 1998), Chris Boucher (2018 et 2019) et Andrew Wiggins (2022), notamment.
C’est vraiment inspirant, pas vrai? Ça donne espoir que d’autres personnes puissent faire la même chose. Ce n’est plus seulement une illusion lointaine provenant d’endroits comme Toronto ou les États-Unis
, souligne Vladimir.
Un futur champion formé à la maison

Jamal Murray a passé un an à l'Athlete Institute de Mono, en Ontario, en route vers la NBA.
Photo : Photo offerte par Athlete Institute/Orangeville Prep
Contrairement à beaucoup de jeunes basketteurs canadiens, Jamal Murray n’a pas quitté la maison pour rejoindre une école secondaire aux États-Unis afin d'attirer les regards des recruteurs des grandes universités. Il a plutôt choisi un jeune programme près de chez lui, l’Orangeville Prep de l'Athlete Institute, avec lequel il a fait sensation et où son nom est sur toutes les lèvres.
Les gens ne cessent de parler du fait que Jamal est venu ici, qu'il est en finale de la NBA et qu'il se débrouille aussi bien qu'il le fait
, raconte Jesse Tipping, le président et fondateur de l’institution.
À Orangeville, des enfants de 5 ou 6 ans portent des maillots de Jamal et parlent de lui. Ceux des écoles primaires qui viennent dans notre gymnase, ils disent ‘c'est ici que Jamal a joué. Il courait sur ce terrain et il a aussi tiré sur ces mêmes paniers’!
Tout le monde garde la tête un peu plus haute qu’à l’habitude et les épaules un peu plus en arrière parce que Jamal nous représente si bien.
Jesse Tipping n’a pas de mal à croire ce qu’il voit. Du moment qu’il l’a recruté, Murray l’a toujours convaincu d’être capable d’atteindre les plus hauts sommets.
Dès le départ, j'ai vu que Jamal pouvait faire tout ce qu'il voulait. Les finales de la NBA ne sont pas en dehors de cela, mais je pense que c'est vraiment spécial de le voir là où il est maintenant et d'avoir cette opportunité de créer l'histoire.

Jesse Tipping ne s'étonne pas des succès que connaît son ancien joueur.
Photo : Radio-Canada
Tipping vante la façon dont son ancien joueur a été élevé par ses parents. Il raconte qu’à l’école secondaire, Murray a lui-même fait le choix de ne pas avoir de téléphone cellulaire pour se contrentrer pleinement sur le basketball. Sa discipline et sa dévotion, ou la mentalité Murray
comme le résume Tipping, l’ont mené à se démarquer rapidement de ses pairs.
Son incapacité à finir second m'a ouvert les yeux sur ce qu'il faut pour devenir un joueur de la NBA
, souligne-t-il.
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Après son passage dans le programme de basketball Orangeville Prep de l'Athlete Institute, Murray a rejoint les rangs des puissants Wildcats de l'Université du Kentucky. Après seulement une saison à ce niveau, il s'est rendu admissible au repêchage 2016 de la NBA où il a été le septième joueur appelé, par les Nuggets de Denver.
On le célèbre aujourd'hui à l'occasion de sa première finale de la NBA, mais ce ne sera pas sa dernière, assure-t-il. On le célébrera à nouveau lorsqu'il obtiendra sa première bague. Et puis une autre fois lorsqu'il obtiendra sa deuxième. Je suis convaincu qu’on aura des bannières de championnat sur nos murs grâce à Jamal.
Le visage d’une vague de superstars canadiennes

Jamal Murray a pris son envol lors des séries éliminatoires de la NBA en 2020. (Photo d'archives)
Photo : Associated Press / Mark J. Terrill
Murray fait des vagues actuellement, mais n'eût été d'une grave blessure à un genou qui lui a fait rater toute la saison 2021-2022, il serait peut-être déjà mieux connu de tous. Après tout, l'Ontarien s'est révélé lors des séries éliminatoires 2020 de la NBA avec deux matchs de 50 points face au Jazz de l'Utah au premier tour. Covedette chez les Nuggets avec Nikola Jokic, possiblement le meilleur joueur de la NBA, son rôle est bien défini.
Remis de sa blessure et de retour au sommet de sa forme, l'athlète de 26 ans ne représente pas qu'un pays en finale. Selon le directeur général de l'équipe canadienne de basketball masculin, Rowan Barrett, il personnifie toute une vague de talents issus du Nord
prêts à s'imposer comme jamais auparavant et les chiffres le démontrent.
En ce moment, je pense que nous avons quatre joueurs actifs dans la NBA qui ont inscrit 20 points en moyenne par match en une saison. Si vous retournez en arrière et me demandez combien y en a-t-il qui l'ont fait auparavant, ce sera une très, très courte liste avec probablement un seul nom. Alors notre sport grandit-il? Avance-t-on? Oui, absolument
, explique-t-il.
Notre sport est entre de très bonnes mains [au Canada] et je pense que Jamal est un merveilleux exemple du talent qu'on a dans la NBA.
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Le Canada est d'ailleurs le deuxième plus important pourvoyeur de talents de la NBA avec 22 joueurs en date du début de la saison. Murray et Shai Gilgeous-Alexander en sont les porte-étendards; et Bennedict Mathurin et R.J. Barrett, pour ne nommer qu’eux, la preuve que le pays n’est pas à court de pépites.
Et quant à l'exploit que Murray pourrait réaliser en gagnant le titre de la NBA, Rowan Barrett éprouve lui non plus aucune surprise. Depuis qu'il a vu l'Ontarien jouer pour la première fois quand il avait 15 ans, il ne s'est plus jamais étonné de le voir exceller sous les projecteurs. S'il est en finale, il y a affaire.
Ce n'est pas difficile de se ranger derrière lui. Quand les gens voient tout le cœur qu’il y met, ils se sentent attirés. Il n’est pas prétentieux, il est compétitif. Pour lui, c’est toi contre moi et je veux te battre, c’est tout. C’est ça, l’esprit du sport, non? C’est facile de l’aimer.
Le premier match de la finale de la NBA sera présenté jeudi à 20 h 30. Il opposera les Nuggets au Heat de Miami, vainqueur en sept matchs des Celtics de Boston en finale de l'Est.
La Ville de Kitchener a prévu présenter le match dans certains espaces. Elle espère même organiser des événements avec l'ancienne école secondaire de Murray pour rassembler la population derrière son héros local.