Crise au Soudan : le Canada met fin aux évacuations aériennes à partir de Wadi Seidna

À l'instar d'autres pays, le Canada tentera maintenant d'évacuer des Canadiens bloqués au Soudan par voie terrestre et maritime. Ci-dessus, des évacués sur un navire saoudien ont quitté le pays à partir de Port-Soudan.
Photo : Getty Images / AFP / FAYEZ NURELDINE
Le Canada met fin aux évacuations aériennes au Soudan en raison des conditions dangereuses sur le terrain, a confirmé la ministre de la Défense nationale, Anita Anand.
En raison des conditions dangereuses et en accord avec les décisions prises par nos alliés, aucun autre vol canadien n'est prévu à partir de l'aérodrome de Wadi Seidna.
La ministre Anand avait déjà mentionné à plusieurs reprises que la fenêtre pour transporter des évacués par avion se refermait rapidement.
Le gouvernement du Canada travaille cependant avec ses alliés pour trouver d'autres moyens de quitter ce pays en crise depuis le 15 avril en ayant cette fois-ci recours aux voies terrestres et maritimes.
C’est une situation très incertaine
, a déclaré Wayne Eyre, chef d'état-major des Forces armées canadiennes. Il y a des combats autour de l'aéroport. Nos pilotes ont pu voir des échanges de coups de feu [en effectuant les vols samedi].
Le Canada emboîte le pas au Royaume-Uni, qui a également mis fin à ses vols depuis l'aérodrome soudanais samedi, et aux États-Unis, qui ont recommandé d'éviter cette zone.

Des ressortissants britanniques montent à bord d'un avion lors de leur évacuation du Soudan le 27 avril 2023.
Photo : Reuters
Six vols canadiens en trois jours
Depuis jeudi, six vols d’évacuation canadiens ont eu lieu, ce qui a permis à près de 550 personnes de quitter le pays.
Les deux derniers vols ont été effectués samedi. Ils ont permis de transporter environ 205 passagers, dont une soixantaine de Canadiens.
Environ 400 Canadiens et résidents permanents avaient été évacués du Soudan en date de dimanche matin. Certains ont bénéficié de l'aide des pays alliés.
Quelque 230 Canadiens qui demandent l'assistance d'Affaires mondiales Canada se trouvent encore sur le terrain.
Malgré la fin des vols canadiens depuis Wadi Seidna, le travail du Canada n’est pas terminé
, a déclaré Anita Anand.
Nous continuerons d’être présents dans la région aussi longtemps que nous serons utiles
, a-t-elle ajouté sans préciser la durée de l'aide canadienne ni la forme qu'elle prendra au cours des prochaines semaines.
Évacuations depuis Port-Soudan
La ministre Anand a évoqué la possibilité pour les Canadiens toujours sur le territoire soudanais de se joindre aux convois organisés par les États-Unis.
Ces convois transportent des personnes de Khartoum, capitale du Soudan, vers Port-Soudan, d'où elles peuvent quitter le pays par voie maritime.
Deux navires canadiens se trouvent d'ailleurs à proximité de Port-Soudan. Ces navires resteront sur place à court terme pour l’élaboration d’un plan d’évacuation
, a expliqué la ministre Anand.
Toutefois, le transport terrestre depuis Khartoum n'est pas toujours la meilleure option, a précisé Sébastien Beaulieu, d’Affaires mondiales Canada.
[Ce] sont souvent des déplacements de plus de 30 heures et ce n’est pas possible pour tout le monde
, a-t-il affirmé.

Des personnes attendent d'être évacuées du Soudan par voie maritime.
Photo : Getty Images / AFP
Mélanie Joly en visite au Kenya
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, passera les prochains jours au Kenya, en Afrique de l'Est, afin d'orchestrer la réponse du Canada à la crise au Soudan.
Le Kenya a joué un rôle de meneur clé tout au long de cette crise en répondant aux besoins humanitaires générés par le conflit au Soudan et en aidant à diriger les efforts vers une solution pacifique
, a souligné Mme Joly dans un courriel envoyé samedi à La Presse canadienne.
Le Canada est ici pour aider le Kenya et les acteurs régionaux à faire face à cette crise.
La ministre doit notamment y rencontrer des personnes qui ont été évacuées de ce pays plongé dans les combats depuis 16 jours ainsi que du personnel diplomatique qui y a travaillé jusqu'au début des affrontements.
Mme Joly doit également s'entretenir avec des groupes humanitaires afin de mieux cerner les besoins des habitants du Soudan ainsi que ceux des personnes qui ont fui vers les pays voisins en cette période de crise.

De la fumée s'élève à Khartoum, au Soudan, le samedi 29 avril 2023, alors que les tirs d'armes à feu et d'artillerie lourde se poursuivent malgré la prolongation d'un cessez-le-feu entre les deux principaux généraux du pays.
Photo : Associated Press / Marwan Ali
Les affrontements se poursuivent sans relâche au Soudan malgré un récent cessez-le-feu.
Le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, se livrent une violente lutte pour le pouvoir.
Le conflit a fait 528 morts et 4599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués, et les deux camps s'accusent mutuellement de violer la trêve.
Avec les informations de La Presse canadienne