La lutte contre l’autoritarisme nécessite la présence du Canada à l’ONU, dit Joly

L'animateur Daniel Thibeault reçoit la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly.
Photo : Radio-Canada
La recrudescence des tensions diplomatiques entre l’Est et l’Ouest, qualifiée de nouvelle guerre froide, nécessite la présence du Canada sur les tribunes internationales comme les Nations unies, selon la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
L’ONU, c’est extrêmement important pour le Canada
, a déclaré Mme Joly dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir, car c’est là qu’on y débat des grandes questions mondiales.
Justin Trudeau a abondé dans ce sens vendredi à New York en répondant aux critiques des partis d’opposition qui le blâmaient de côtoyer des vedettes au sommet Global Citizen NOW plutôt que de résoudre la grève de 150 000 fonctionnaires fédéraux.
Le premier ministre estime que le Canada doit prendre part aux discussions sur les problèmes mondiaux qui se déroulent à l’ONU. Toutefois, cette organisation ne s’est pas toujours montrée ouverte à ce qu’Ottawa avait à lui offrir : depuis 2010, elle a bloqué à deux reprises ses tentatives de siéger au Conseil de sécurité.
La ministre des Affaires étrangères reconnaît que le fonctionnement des Nations unies est parfois déficient. À preuve, la Russie occupe la présidence tournante du Conseil de sécurité, organe auquel il revient de faire respecter la paix et la sécurité sur la scène internationale.
La semaine dernière, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, y a tenu une réunion sur la défense de la Charte des Nations unies.
Je ne sais pas comment Sergueï Lavrov arrive à se regarder dans le miroir. [...] Mais une chose est sûre, c'est que la Russie essaie de déchirer le papier sur lequel les règles de la Charte des Nations unies sont écrites. C'est un problème!
La ministre Joly affirme qu’il revient au Canada et à la communauté internationale de faire en sorte que la Russie soit tenue responsable des atrocités perpétrées en Ukraine depuis son invasion.
L’ONU n’est pas restée muette devant cette guerre, souligne-t-elle, même si, au bout du compte, rien n’a changé. Au total, 141 des 193 États membres ont adopté une résolution appelant Vladimir Poutine à retirer ses troupes du territoire ukrainien.

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly répond aux questions de Daniel Thibeault.
Photo : Radio-Canada
Mélanie Joly constate que plusieurs pays cherchent à enfreindre les règles internationales qui guident le monde depuis plus de 75 ans. Ce sont des pays qui ont des régimes plus autoritaires et qui veulent avoir leur propre sphère d'influence et leur propre contrôle, peu importe les Nations unies. Nous, ça, on ne va jamais l'accepter.
Pendant ce temps, plusieurs gouvernements aux prises avec une crise de la dette accentuée par la pandémie ou par les changements climatiques se tournent vers l’ONU et vers les pays du G7 pour trouver des solutions et pour mettre en œuvre une réforme du système financier international.
Il y a une guerre d’influence, certainement en Afrique, certainement en Amérique latine, certainement aussi en Asie, et nous, notre rôle, c'est d'être ce pays qui tend la main pour aider.
Révision de la politique étrangère
Mélanie Joly a aussi entrepris une révision de la politique étrangère du Canada en juin dernier et espère pouvoir la présenter au cours des prochaines semaines.
Ottawa doit s’adapter à la réalité, précise la ministre, parce que les crises se multiplient et qu’il y a de plus en plus d’instabilité. Le Canada doit être présent dans les organisations internationales pour défendre notre point de vue et défendre le point de vue de nos alliés.
Le Canada a déjà annoncé l’ouverture de huit nouvelles ambassades, y compris plusieurs dans les pays limitrophes de la Russie, en plus d’un siège d’observateur à l’Union africaine. Il a aussi dévoilé sa stratégie indo-pacifique.
On ne regardait pas beaucoup vers l'Ouest, et la réalité, c'est que le Canada est un pays du Pacifique. [...] On a une immense côte en Colombie-Britannique. C'est la porte d'entrée à l’ouest pour aller vers l'Arctique, donc c'est un endroit très, très stratégique pour nous
, précise la responsable de la diplomatie canadienne.
Cette stratégie prévoit des investissements de 2,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour accroître, entre autres, les échanges commerciaux et les investissements ainsi que pour promouvoir la paix et la sécurité.