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Tragédie d’Akwesasne : demande d’enquête indépendante sur l’intervention de la police

Un bateau dans une marina où des personnes se parlent.

Huit personnes – quatre originaires de l'Inde et quatre d'origine roumaine – sont mortes en tentant de rejoindre illégalement les États-Unis à partir du Canada via le territoire mohawk d'Akwesasne, qui chevauche la Montérégie, l'Ontario et l'État de New York. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Radio-Canada

Des membres de la communauté d’Akwesasne réclament la tenue d’une enquête indépendante sur l’intervention de la police la nuit du 29 mars dernier après que huit migrants eurent été retrouvés morts noyés dans le fleuve Saint-Laurent.

Les victimes sont une famille de quatre adultes de l’Inde et un couple roumain avec deux enfants. Ils ont péri après être montés à bord d’un bateau, par mauvais temps, dans la nuit du 29 mars, dans le but de traverser la frontière canadienne vers les États-Unis. Les corps de ces huit personnes ont été retrouvés les 30 et 31 mars dans le fleuve.

J’aimerais beaucoup qu’il y ait une enquête indépendante, parce qu’à l’heure actuelle, il semble que [le chef de la police] Shawn Dulude n’ait pas beaucoup de comptes à rendre dans la communauté, explique Chrissy Onientatahse Jacobs, à qui d'autres membres de la communauté d'Akwesasne ont demandé qu'elle fasse part de leurs préoccupations.

L'uniforme du Service de police mohawk d'Akwesasne.

La communauté d’Akwesasne partage les frontières de l’Ontario, du Québec et de l’État de New York. Cette situation géographique la rend susceptible d'être le théâtre d'activités de contrebande et de traversées illégales des frontières, selon le chef de la police mohawk d'Akwesasne. (Photo d'archives)

Photo : Facebook/Akwesasne Mohawk Police Service

La police mohawk d’Akwesasne affirme avoir reçu, pendant la nuit du 29 mars, deux appels de la part de citoyens qui disaient entendre des cris en provenance du fleuve.

Cette information concernant des appels de citoyens a d’abord été soulevée par le journaliste Isaac White, du Indian Time d’Akwesasne, qui a questionné à ce sujet le chef de la police, Shawn Dulude, lors d’une conférence de presse le 31 mars dernier.

M. White a indiqué que le journal avait reçu des informations selon lesquelles des membres de la communauté [avaient] entendu des gens sur le fleuve crier à l’aide.

Le chef de la police mohawk d'Akwesasne, Shawn Dulude, lors d'une conférence de presse le 31 mars dernier. (Photo d'archives)

Le chef de la police mohawk d'Akwesasne, Shawn Dulude, lors d'une conférence de presse le 31 mars dernier. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Shawn Dulude a alors répondu qu’après avoir reçu ces appels, des agents ont immédiatement fait enquête avec de l’équipement de vision nocturne et infrarouge, mais ils n’ont rien trouvé sur le fleuve. La police n’a pas patrouillé en bateau sur l’eau.

Depuis, la police d’Akwesasne a fait face à des critiques et Shawn Dulude défend la réponse de son corps policier.

Shawn Dulude soutient qu’il a demandé au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) du Québec de se pencher sur la situation, y compris les enregistrements des deux appels. Ils ont jugé qu’il n’y avait pas de raison d’ouvrir une enquête, a-t-il indiqué cette semaine à CBC News. Le BEI n’a pas pu être joint pour commenter.

Appel pour plus de transparence

Keith Gordon, un avocat d’Akwesasne, a recueilli les témoignages de membres de la communauté qui disent avoir entendu des appels à l’aide en provenance du fleuve Saint-Laurent pendant la nuit du 29 mars dernier.

Selon lui, la police a reçu deux appels de citoyens : l’un vers 22 h, l’autre vers minuit.

Il ajoute qu’une troisième personne a contacté la police d’Akwesasne, cette fois-ci par message privé sur Facebook, le matin du 30 mars vers 3 h pour signaler le bruit d’un bateau à moteur et de quelqu’un criant hey! ou à l’aide!.

Des plongeurs dans une embarcation de la GRC.

Les recherches nautiques ont duré plusieurs jours à la suite du naufrage mortel à Akwesasne. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin

La personne a reçu une réponse automatisée indiquant que la police ne surveille pas en tout temps les messages reçus par Facebook. Elle n’a pas fait de suivi téléphonique.

M. Gordon croit que la police d’Akwesasne doit transmettre davantage d’informations à la communauté afin de répondre aux préoccupations selon lesquelles elle n’en a pas fait assez. Cela inclurait, entre autres, le partage de vidéos enregistrées par des caméras d'intervention portées par des policiers ou qui sont placées sur des tableaux de bord.

Ils disent qu’ils sont transparents, mais il y a tellement d’informations qui tardent à sortir. Elles ne sont révélées qu’après que la communauté les a diffusées sur Facebook, lance-t-il.

L’enquête sur le naufrage se poursuit

Le chef de la police mohawk d’Akwesasne, Shawn Dulude, affirme que le corps policier se concentre actuellement sur le démantèlement du réseau de passeurs clandestins, basé au Canada, qui a organisé les déplacements des familles.

L’enquête sur le naufrage survenu à la fin mars implique la Gendarmerie royale du Canada, la Police provinciale de l’Ontario et la Sûreté du Québec. La division des enquêtes du département de la Sécurité intérieure des États-Unis en mène aussi une en parallèle.

Une carte d'Akwesasne.

La communauté d’Akwesasne chevauche les frontières de l’Ontario, du Québec et de l’État de New York.

Photo : Radio-Canada

La police d’Akwesasne est toujours à la recherche d’un homme de 30 ans de la région, Casey Oakes, qui aurait possiblement piloté le bateau.

Shawn Dulude affirme que la police n’a pas encore déterminé si Casey Oakes est en fuite ou s’il a péri dans le fleuve Saint-Laurent.

Deux portraits de Casey Oakes souriant.

Casey Oakes, âgé de 30 ans, est toujours porté disparu et la police poursuit ses recherches. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / HO

Nous avons fait le suivi de toute l’information qui nous est parvenue. Les gens ici disent l’avoir vu, l’avoir entendu, donc nous faisons le suivi sur ces informations quotidiennement, souligne le chef de la police d’Akwesasne.

Jusqu’à présent, les recherches n’ont permis de retrouver que les bottes de Casey Oakes.

Avec les informations de Jorge Barrera, CBC News

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