Les conservateurs refusent de changer le nom du fleuve Saint-Jean

Avant l'arrivée des Européens, le nom du fleuve Saint-Jean était Wolastoq.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
La ministre responsable des Affaires autochtones, Arlene Dunn, a tranché le débat sur le nom du fleuve Saint-Jean, qui traverse le Nouveau-Brunswick du nord au sud. Il n’est pas question redonner au cours d’eau son nom d’origine, Wolastoq.
Je sais que les Premières Nations demandent que le fleuve soit renommé, mais nous avons aussi beaucoup de citoyens de la province qui nous contactent en disant qu'ils ne veulent voir aucun changement
, explique Arlene Dunn.
Ce n'est pas quelque chose de prioritaire.
Selon la ministre, changer de nom serait aussi trop compliqué, puisqu’en plusieurs endroits le fleuve forme une frontière entre les États-Unis et le Canada.

La ministre responsable des Affaires autochtones, Arlene Dunn, dit qu'il n'est pas question de changer le nom du fleuve Saint-Jean.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Personnellement, je dirais que je n'ai aucun problème à garder le fleuve Saint-Jean avec le nom actuel qu'il porte, parce que je pense qu'il y a une longue histoire
, explique la ministre.
Le fleuve Wolastoq a été renommé fleuve Saint-Jean
en 1604 par Samuel de Champlain.
Une décision qui ne surprend pas
Le chef de la Première Nation de Sitansisk, Allan Polchies Jr, ne s’étonne pas de la décision prise par le gouvernement conservateur de Blaine Higgs.
C'est sans surprise et cela reflète la façon dont ils traitent les peuples autochtones sur de nombreuses questions.
Il rappelle que le premier nom du fleuve était Wolastoq, et que c’est encore le nom que les Premières Nations lui donnent.

Allan Polchies, chef de la Première Nation de Sitansisk, le 1er juillet 2021, à Fredericton.
Photo : CBC / Gary Moore
Lorsque les colons sont arrivés, ils ont changé ce nom. Ils ne respectaient pas les peuples indigènes, et à ce jour, nous avons la même mentalité qui règne dans notre gouvernement, et comme nous le savons, il y a de nombreux enjeux qu'ils ne respectent pas
, s’indigne le chef Polchies.
Selon lui, qu’il s’agisse du partage des revenus de la taxe sur l’essence, ou d’autres enjeux, la position des conservateurs de Blaine Higgs est la même. C'est dommage que nous ayons un gouvernement qui ne veut pas avoir une relation de nation à nation
, dit M. Polchies.

Le fleuve que les Premières Nations appellent Wolastoq, le long duquel vivent plusieurs communautés autochtones, du nord au sud.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Le fleuve et le bassin versant sont fondamentaux pour l’identité pour le peuple Wolastoqey, donc je ne comprends pas la décision que le gouvernement a pris sur cet enjeu
, laisse tomber le chef du Parti vert, David Coon.
Selon David Coon, la province aurait pu renommer le fleuve, même s’il se situe à la frontière avec les États-Unis.
Il y a beaucoup d’exemples au Canada où le nom d’une rivière sur le côté de la frontière du Canada avait un nom; sur l’autre côté de la frontière, dans les États-Unis, un autre nom. Ce n’est pas une difficulté
, souligne-t-il.
Un premier ministre qui entretient la division
Lors de la présentation des crédits budgétaires pour son bureau, le premier ministre Blaine Higgs a soutenu que les démarches juridiques entreprises par les Premières Nations, dont les Wolastoqiyik, visaient à s’emparer des propriétés privées au Nouveau-Brunswick, y compris les propriétés des citoyens.
Le chef Allan Polchies a tenu à remettre les pendules à l’heure : Nous ne demandons que le titre, ce n'est pas une revendication territoriale. Nous ne revendiquons aucune terre. Donc, tous les propriétaires fonciers privés, s'il vous plaît, ne tenez pas compte de ce que le premier ministre Higgs dit : il fait peur aux Néo-Brunswickois
, a-t-il martelé.

Le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon, a vivement dénoncé l'attitude du gouvernement conservateur de Blaine Higgs dans les dossiers qui touchent les Premières Nations.
Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau
Excédé par l’attitude du gouvernement dans l’ensemble des dossiers autochtones, le chef du Parti vert, habituellement plutôt réservé dans ses commentaires, n’a pas pu s’empêcher de dénoncer vigoureusement les propos du premier ministre.
Il essaie de diviser les non-Autochtones et les Autochtones en créant une division raciale entre les gens de cette province. C'est dégoûtant. Je suis dégoûté par cette approche qu'il adopte
, a lancé David Coon, à l'Assemblée législative.
Le chef Allan Polchies dit qu’il tente de développer une meilleure relation avec la cheffe libérale Susan Holt. Toutefois, celle-ci n’était pas disponible jeudi pour commenter la décision du gouvernement de ne pas changer le nom du fleuve Saint-Jean.
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