Des organismes manitobains saluent un « investissement historique » pour le français

Le gouvernement fédéral veut mettre en place les conditions d’une égalité réelle des deux langues officielles.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
Des organismes francophones du Manitoba saluent l'« investissement historique » d'Ottawa dans les langues officielles, surtout pour le français. Ils estiment que cet argent leur permettra notamment de favoriser l’immigration francophone et l’apprentissage du français.
Le Plan d’action pour les langues officielles prévoit des investissements de 4,1 milliards de dollars pour les cinq prochaines années, dont 1,4 milliard d’argent frais.
Le directeur adjoint de la Société de la francophonie manitobaine (SFM), Jean-Michel Beaudry, affirme que ce nouvel investissement est un bon pas dans la bonne direction
.
Il pense que cela entraînera des améliorations dans le recrutement de nouveaux arrivants
, ainsi que du côté du traitement des demandes [d’immigration]
.
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Selon la gestionnaire du réseau en immigration francophone du Manitoba, Salwa Meddri, ces investissements vont pouvoir inverser la tendance de déclin du français. Elle espère notamment que la langue ne sera plus une barrière pour venir dans la province.
Il faut que chaque nouvel arrivant [puisse] choisir l’une des langues officielles
, affirme-t-elle.
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, reconnaît que ces investissements historiques nous permettront de mettre en place les conditions d’une égalité réelle de nos deux langues officielles
.
Du côté du gouvernement provincial, la ministre responsable des Affaires francophones au Manitoba, Rochelle Squires, se dit ravie de ces investissements.
Je me réjouis de voir comment le nouveau Plan d'action sera mis en œuvre pour s'assurer que les priorités de notre population francophone au Manitoba puissent réellement bénéficier de ces nouveaux investissements
, a-t-elle partagé par communiqué.
Un coup de pouce pour les organismes communautaires
La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) avait chiffré les besoins des organismes francophones au Canada à 300 millions $ (Nouvelle fenêtre) pour éviter des fermetures.
Ce nouveau plan prévoit, entre autres, 62,5 millions $ pour bonifier le financement de base des organismes communautaires. La somme accordée est en deçà des attentes, mais ça va être un bon coup de pouce
, estime Jean-Michel Beaudry.
On est un peu victimes de notre succès. Les organismes peuvent faire beaucoup avec peu, mais ce n’est pas soutenable. Il faut plus d’argent
, insiste-t-il.
Dans l’attente des détails
Différents volets du Plan visent à soutenir l’éducation et la recherche en français.
La rectrice de l’Université de Saint-Boniface, Sophie Bouffard, veut cependant faire preuve de prudence.
C’est un plan où on a les grandes lignes, mais pas encore tous les détails associés
, souligne-t-elle.
Le Plan prévoit par exemple 147,8 millions sur 5 ans de soutien à l’enseignement du français en milieu minoritaire, jusqu’à 128 millions de dollars sur 4 ans à destination des établissements d’enseignement postsecondaire ainsi que 50 millions de dollars sur 5 ans pour créer un réseau d’intervenants en petite enfance.
On ne sait pas encore comment on pourra accéder à ces fonds, s’ils sont récurrents ou permanents
, remarque Sophie Bouffard.
Le président de la Commission scolaire franco-manitobaine, Bernard Lesage, se dit lui aussi très content
, mais dans l’attente des détails
. Il rappelle que de l’argent supplémentaire servira à construire de nouvelles écoles pour répondre à la demande
.
Selon la présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française, Marguerite Tölgyesi, cet investissement va permettre de mieux valoriser le français auprès des jeunes. On ne rivalise pas avec l’anglais, on veut simplement donner l’opportunité [aux jeunes] de vivre leur francophonie.
Selon elle, cela passe par des écoles francophones, de la confiance dans sa langue et dans son accent.
Avec les information d'Alexia Bille et Jean-Francois Morin

La Société franco-manitobaine sur le boulevard Provencher à Winnipeg
Photo : Radio-Canada / Florence Reinson