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Les élus gaspésiens se tournent vers les pêcheries

Un crevettier au quai de Rivière-au-Renard

Les MRC estiment qu'elles peuvent aider à soutenir le secteur des pêches. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Joane Bérubé

Les MRC de la Gaspésie ont entrepris une réflexion sur le rôle qu’elles pourraient occuper pour soutenir les pêches, un des moteurs économiques importants de la région.

L’an dernier, la valeur des produits marins au débarquement en Gaspésie a atteint 204 millions de dollars, soit 44 % de tous les débarquements effectués au Québec.

Tous ces poissons et crustacés, débarqués sur les quais gaspésiens, ont généré 2000 emplois en usine. Le secteur est aussi générateur de toute une chaîne d’entreprises, chantiers maritimes, fournisseurs, formation et recherche.

C’est dire que cette industrie occupe une place importante dans l’économie régionale.

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) vient justement de déposer un portrait de l’industrie des pêches en Gaspésie réalisé à la demande du Regroupement régional des MRC de la Gaspésie.

Un homme qui s'apprête à embarquer un casier à bord d'un bateau.

L'industrie occupe une place importante dans l’économie régionale. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Luc Manuel Soares

Les MRC souhaitaient voir de quelle manière elles pourraient mieux soutenir le secteur et dans un premier temps, voir si l’industrie avait besoin de son soutien.

C’est le cas, relève le président de la Table des préfets de la Gaspésie, Mathieu Lapointe. Ce qu’on a trouvé intéressant, dit-il, c’est d’entendre les acteurs de l’industrie nous dire qu’ils souhaitaient avoir une collaboration avec les MRC et les élus municipaux de façon générale, qu’il y a volonté manifeste de travailler ensemble, en collaboration.

L’auteur lance à cet égard des pistes en fonction des pouvoirs et compétences des MRC.

Les MRC, selon l’auteur de l’étude, Gabriel Bourgault-Faucher, peuvent effectivement contribuer à aider cette industrie à franchir certains caps dans un contexte de changements climatiques et de globalisation.

Il donne l’exemple de l’agriculture où les MRC vont s’engager, entre autres, pour soutenir la relève. C’est un peu faire la même chose dans les pêches, indique le chercheur de l’IRÉC.

Mathieu Lapointe approuve : Il y a tout le volet, accompagnement, financement de projets qui peut être fait dans les MRC. On constate qu’on pourrait en faire un peu plus pour soutenir financièrement et en termes de ressources.

Les MRC sont aussi des acteurs qui ont des entrées politiques indéniables. Sur le plan politique aussi, faire du démarchage, ça fait partie de tout ce qui est volet commercialisation à l’intérieur du Québec aussi. Il y a une foule d’aides qu’on peut faire.

Le maire de Carleton-sur-Mer, Mathieu Lapointe.

Le président du Regroupement des MRC de la Gaspésie, Mathieu Lapointe. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois

L’industrie doit aussi savoir que cette aide est là, relève M. Lapointe qui note que les entreprises n’ont pas toujours le réflexe de cogner à la porte des MRC.

Un portrait par MRC

Pour être en mesure de mieux arrimer l’action des MRC avec l’industrie, l’étude l’IRÉC trace le portrait détaillé des activités du secteur des pêches dans chacune des MRC.

Ces données devraient permettre aux élus d’agir plus judicieusement et spécifiquement, selon le profil de chaque territoire.

Sans surprise, ce sont les MRC Côte-de-Gaspé et Rocher-Percé où se concentre la majorité des activités de l’industrie. C’est beaucoup axé sur la pêche du crabe, du homard, qui sont les plus grands secteurs de pêche du territoire en termes de volumes, de captures et de prix, relève le président de la Table des préfets.

Cette dépendance peut être vue comme une faiblesse, souligne l’étude de l’IRÉC.

Une des recommandations du rapport pour les élus est d’aider l’industrie à être moins dépendante de ces deux ressources, dont la valeur repose sur les fluctuations des marchés internationaux. Ce sont aussi deux pêcheries qui risquent d’être bousculées par les changements climatiques.

On invite plutôt les MRC à ne pas tout mettre leurs œufs dans le même panier, puis à se servir aujourd’hui de la force de ces deux espèces pour mener une transition dans le secteur plus écologique, un secteur qui serait plus ancré dans le territoire qui serait plus en adéquation avec les enjeux alimentaires, avec les enjeux environnementaux et les enjeux socioéconomiques des communautés, indique le chercheur.

Les bouleversements de l’écosystème marin ont déjà eu des impacts récents sur l’économie des pêches gaspésiennes.

Un homme ferme un bac de homards dans une usine de tri.

Depuis quelques années, les travailleurs étrangers sont de plus en plus requis dans les usines. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

En filigrane de l’étude, lorsqu’on s’attarde notamment aux données sur la baisse des débarquements, le secteur est directement touché par le déclin de la crevette nordique.

L’étude démontre bien les impacts de ce déclin ainsi que les difficultés éprouvées par la pêche d’espèces comme le hareng, le maquereau ou le turbot, notamment dans une MRC comme la Haute-Gaspésie.

La capacité d’intervention des MRC auprès des petites entreprises pourrait donc, croit Mathieu Lapointe, aider à l’émergence ou à l’adaptation des entreprises.

L’étude note qu’un virage vers la mariculture pourrait être une avenue intéressante pour consolider les capacités de transformation de la région dans un contexte où la capture des ressources marines est imprévisible et de surcroît, malmenée par les changements climatiques. Le potentiel est énorme pour la région. On pourrait aller encore plus loin, observe le préfet de la MRC d’Avignon et maire de Carleton-sur-Mer.

Des problèmes et des solutions

Même si le secteur se porte bien, plusieurs problèmes pointent à l’horizon, selon l’étude.

C’est le cas des coûts d’achat ou de transfert des entreprises de pêche qui peuvent être des obstacles pour l’émergence de la relève ou de la propriété étrangère des usines qui inquiète l’industrie régionale.

La présence de plus en plus grande des travailleurs étrangers comme modèle de croissance ou de maintien des entreprises vient, pour sa part, limiter les retombées du secteur des pêches dans les petites communautés.

Selon l’auteur de l’étude, le développement de la seconde et troisième transformation aiderait les entreprises gaspésiennes à passer d’une logique commerciale de quantité vers une approche basée sur la qualité et la rareté. C’est donc de rendre ce travail-là plus stimulant, d’améliorer les conditions de travail d’emploi pour attirer la main-d’œuvre et la retenir, fait valoir Gabriel Bourgault-Faucher.

Des autocollants bleus sont collés devant des assiettes de service du comptoir d'une poissonnerie

Des pastilles autocollantes bleues seront apposées sur les comptoirs de service des poissonneries participantes pour identifier les espèces 100 % gaspésiennes. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Enfin, l’auteur de l’étude cible la commercialisation sur les marchés internationaux comme un facteur d’instabilité.

Manger local n’est pas simplement un effet de mode, mais bien une tendance sociétale, écrit le chercheur qui prône une mise en marché plus locale qui pourrait être soutenue par les MRC ou les communautés. C’est quelque chose qui existe beaucoup, aux États-Unis, beaucoup en France, ailleurs en Europe, commente Gabriel Bourgault-Faucher.

Le rapport de l’IRÉC a été présenté en début de semaine aux préfets.

Un plan d’action devrait suivre cette étude, indique le président de la Table des préfets, Mathieu Lapointe.

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