Les écoles publiques en Ontario se sont améliorées sur l’enseignement autochtone

Le programme obligatoire en matière d'apprentissage autochtone commencera dès la 1re année à partir de la prochaine rentrée de septembre, selon le ministère de l'Éducation.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Les écoles publiques de l'Ontario ont fait d'importants progrès en matière d'enseignement autochtone au cours de la dernière décennie, selon un nouveau rapport.
Le rapport de l’organisme People for Education est basé sur un sondage mené auprès de plus de 1000 directeurs d'école ontariens dans 1044 écoles financées par les fonds publics de l'Ontario au sein de 72 conseils scolaires.
Il se base sur les recommandations des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) sur l'éducation autochtone comme fondement de son analyse. Des succès, ainsi que des échecs, sont soulignés.
C’est encourageant de voir à quel point des progrès ont été réalisés
, réagit pour Radio-Canada Annie Kidder, directrice générale de People for Education.
Selon elle, ce changement est le résultat de l'influence de la politique gouvernementale, de la pression exercée par le travail de la CVR et d'un sentiment général parmi le public que c'est un travail important qui doit être fait
.
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L’analyse montre que 72 % des écoles secondaires ont déclaré offrir un cours d'études autochtones pendant l’année scolaire actuelle, comparativement à 40 % en 2013-2014.
La proportion d’écoles qui offrent un perfectionnement professionnel en enseignement autochtone a plus que doublé dans les écoles élémentaires et secondaires au cours des 10 dernières années
, atteignant une moyenne proche de 80 % en 2022-2023.
Les programmes de langues autochtones ont légèrement augmenté entre 2012 et 2022, passant de 4 % à 13 % dans les écoles primaires et de 11 % à 20 % dans les écoles secondaires.
Et, dans le Nord de l'Ontario, l'analyse a montré que des activités telles que les percussions, les promenades de médecine, la danse et le récit oral ont été signalées dans 72 % des écoles en 2022-2023, comparativement à 30 % dans la région du Grand Toronto.
En général, il y a plus d’élèves autochtones dans les régions urbaines, mais il y a une plus grande proportion dans les écoles du Nord, explique Mme Kidder. Cela dit, il ne devrait pas y avoir un écart d’enseignement aussi profond.

Annie Kidder, directrice générale de People for Education
Photo : CBC / Muriel Draaisma
Mieux colliger les données démographiques
En même temps, elle pense que le ministère de l'Éducation de l'Ontario a besoin d'une meilleure collecte de données pour identifier correctement les élèves autochtones et s’assurer ainsi que le financement des programmes autochtones est alloué là où il est le plus nécessaire
.
L’Ontario a mis en œuvre un processus volontaire d'auto-identification des élèves, mais Annie Kidder demande une collecte de données plus précise.
Le ministère, dit-elle, a récemment fourni des chiffres indiquant que 50 496 élèves des écoles financées par la province se sont identifiés comme Autochtones, mais elle précise que le gouvernement estime le nombre réel était probablement supérieur à 78 000.
Il est impératif de savoir qui est dans nos écoles, combien d'élèves autochtones sont dans les écoles et où ils se trouvent afin de pouvoir réellement mesurer les progrès réalisés
, indique-t-elle.
Le rapport cite également un exemple, au printemps 2022, lorsque le programme-cadre de sciences de la 1re à la 8e année a été modifié unilatéralement
, supprimant des notions de savoir autochtone trois semaines seulement avant sa publication.
Le programme original, selon le rapport, indiquait que les élèves étudieront des enjeux concrets en entrelaçant les modes de connaissance autochtones et occidentaux en matière de sciences et de technologies, tels que l’approche à double perspective
.
Ces sections ont été supprimées sans consultation
avec les groupes autochtones qui ont travaillé sur le programme, regrette Mme Kidder.
Il y a encore des problèmes en Ontario concernant la collaboration avec des partenaires autochtones.
Des conseils scolaires prennent les devants
Afin de répondre aux appels à l'action de la CVR, People for Education formule plusieurs recommandations.
L'organisme veut que le ministère de l'Éducation rende obligatoire un cours de 11e année consacré à la question autochtone à la place de l'anglais ou du français. Selon Mme Kidder, 14 conseils scolaires ont déjà adopté un tel changement.
L'autre grand changement consiste à en apprendre davantage sur l'histoire, la culture et les perspectives autochtones, et l'une des façons d'y parvenir est de le rendre obligatoire dans un cours
, souligne-t-elle.
Le rapport demande également au gouvernement d'augmenter le nombre d'écoles élémentaires et secondaires offrant des programmes de langues autochtones et d'autres programmes en fournissant des fonds et des ressources pour le recrutement, l'embauche et le maintien en poste de travailleurs et d'enseignants autochtones.
Le rapport appelle enfin à la création d'un groupe de travail d'éducateurs et d'aînés autochtones diversifiés et représentatifs de la région
pour soutenir le ministère de l'Éducation et les conseils scolaires publics et répondre aux recommandations des appels à l'action.
Dans un courriel adressé à Radio-Canada, la porte-parole du ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, fait valoir l’engagement du gouvernement à faire en sorte que les perspectives autochtones soient présentes dans les écoles de l'Ontario
.
Plus de 165 millions de dollars sont prévus pour soutenir l’apprentissage autochtone lors de la prochaine année scolaire, continue la porte-parole. Un nouveau programme de sciences sociales qui permet aux élèves d'en savoir plus sur les pensionnats
sera par ailleurs mis en place dès la rentrée de septembre, conformément à une promesse faite en 2021.