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Les coûts de restauration de l’église Saint-Jean-Baptiste montent en flèche

Un rapport commandé par la Ville de Québec témoigne d'une explosion des coûts pour rénover l'église, mais évalue qu'une conversion pourrait aussi générer des revenus autonomes.

Un bâtiment religieux par temps nuageux.

L'église Saint-Jean-Baptiste est fermée au culte depuis 2015.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Restaurer l'église Saint-Jean-Baptiste coûtera au bas mot 34 millions de dollars sur 15 ans, selon un rapport commandé par la Ville de Québec. Ce montant n'inclut que les travaux de rénovation de l'immeuble patrimonial et ne tient pas compte des investissements à faire pour convertir le lieu de culte en espace culturel et communautaire, comme le souhaite l'administration du maire Bruno Marchand.

Fermée en 2015, l'église Saint-Jean-Baptiste n'est plus accessible au commun des mortels. Toujours propriété de la fabrique de la paroisse du même nom, le bâtiment fait l'objet d'un projet de conversion étudié par la Ville de Québec.

Selon un rapport commandé l'automne dernier à la firme Raymond Chabot Grant Thornton, dont Radio-Canada a obtenu copie, il faudrait investir des sommes considérables avant même de songer à la conversion de l'immeuble.

D'après un audit technique réalisé par une firme d'architecture et cité dans le rapport, il en coûterait 34 millions de dollars pour restaurer l'église, à l'intérieur comme à l'extérieur. De ce montant, quelque 20,8 millions de dollars seraient à investir dans un horizon de 0 à 5 ans.

En 2013, la fabrique de la paroisse évaluait les travaux à 12 millions de dollars, soit presque trois fois moins que l'évaluation de l'audit.

Des échafaudages de construction installés sur la façade d'un bâtiment.

Des travaux sont en cours de réalisation sur l'église. Un audit technique indique toutefois qu'il faudrait investir encore 34 millions de dollars sur 15 ans pour assurer la pérennité du bâtiment.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Projet de conversion

Si le rapport témoigne de l'ampleur des travaux à réaliser pour rafraîchir l'église, le mandat de Raymond Chabot Grant Thornton était surtout d'apprécier la viabilité potentielle du projet Le Carrefour, pensé conjointement par la Ville et l'Institut canadien de Québec (ICQ).

Le Carrefour regroupera activités culturelles, espaces communautaires, salles multifonctionnelles, promenade intérieure sur les mezzanines, résidences d’artistes, espace de diffusion et spectacles majeurs pour nourrir l’imaginaire et favoriser l’épanouissement des citoyens et des touristes, peut-on lire dans le document.

L'étude de préfaisabilité conclut que l'ensemble des activités déterminées pourrait générer entre 600 000 et 1,1 million de dollars en revenus autonomes par année. Le rapport mentionne que le projet mériterait toutefois d'être resserré en considérant la diversité des utilisations.

Coupe schématique des trois étages de l'église.
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Divers locaux à utilisations variées seraient mis à la disposition de la communauté dans l'ancienne église Saint-Jean-Baptiste.

Photo : Gracieuseté : Ville de Québec - BGLA Architecture + Design urbain

Au sous-sol, la Ville et l'ICQ envisagent des espaces communautaires pour les organismes du quartier, mais aussi pour une cuisine collective et des ateliers d'artistes.

Au rez-de-chaussée, la prodigieuse nef de l'église Saint-Jean-Baptiste pourrait servir à la diffusion culturelle ou à la production événementielle. Un espace boutique et un café sont aussi mentionnés.

La Ville souhaite finalement attirer des touristes en plus de mettre en valeur le bâtiment dessiné par l'architecte Joseph-Ferdinand Peachy. Elle veut notamment le faire au moyen d'aménagements en hauteur dans les mezzanines.

Les revenus autonomes pourraient donc à la fois provenir de la location des différents espaces, mais aussi de la billetterie. Au total, le rapport estime que Le Carrefour pourrait attirer jusqu'à 175 000 personnes par année.

Les plans du rez-de-chaussée de l'église, y compris un plateau polyvalent, un espace café, une scène et des espaces de cotravail.
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La nef pourrait devenir un plateau polyvalent pouvant accueillir des spectacles ou des expositions.

Photo : Gracieuseté : Ville de Québec - BGLA Architecture + Design urbain

Ne pas rater sa chance

Mélissa Coulombe-Leduc, conseillère municipale du district du Cap-aux-Diamants et membre du comité exécutif responsable des dossiers de patrimoine à la Ville de Québec, qualifie l'étude de grand pas en avant.

En campagne électorale, en 2021, l'ancienne présidente du Conseil de quartier Saint-Jean-Baptiste s'était engagée à assurer la pérennité du bâtiment et à en redonner l'accès à la communauté. L'objectif était alors d'acquérir l'immeuble auprès de la paroisse pour un montant symbolique d'un dollar et de mettre sur pied un projet de conversion. L'idée, c'est toujours ça, dit-elle en entrevue à Radio-Canada.

Une femme discute à la caméra par temps gris.

Mélissa Coulombe-Leduc souhaite que la Ville fasse l'acquisition de l'église, mais doit d'abord évaluer la viabilité d'un projet de conversion du bâtiment patrimonial.

Photo : Radio-Canada

L'étude de Raymond Chabot Grant Thornton vient selon elle aider la Ville à préparer son projet et à mieux le vendre auprès d'éventuels partenaires. La prochaine étape, ça va être de faire un vrai plan d'affaires, avec des colonnes de chiffres, voir combien ça peut nous rapporter.

Elle espère produire ce plan d'ici la fin de l'année.

« Avec ça, on va être bien outillé pour prendre la décision à savoir si on peut, comme Ville, acquérir ce bâtiment-là. Pour les contribuables, il faut qu'on ait un plan d'affaires. »

— Une citation de  Mélissa Coulombe-Leduc

À terme, ces travaux permettraient à la Ville, si elle décidait d'aller de l'avant, d'avoir un dossier complet au moment de faire des demandes de subventions dans le cadre de programmes gouvernementaux. Il y a quelques années, l'administration du maire Régis Labeaume a raté une occasion de profiter d'un programme de financement fédéral pour l'église Saint-Jean-Baptiste.

Mélissa Coulombe-Leduc ne veut pas rater sa chance lorsqu'elle se présentera. La Ville devrait être propriétaire au moment de poser sa candidature, du moins au fédéral, puisque les règles de financement entourant les bâtiments communautaires n'incluent pas les lieux de culte.

Outre Ottawa, la Ville pourrait également se tourner vers le Conseil du patrimoine religieux du Québec.

L'intérieur de l'église Saint-Jean-Baptiste de Québec.

L'église Saint-Jean-Baptiste est fermée depuis le mois de mai 2015. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Pas figé

Le projet Le Carrefour n'est pas figé et pourrait encore être amélioré, a tenu à préciser Mélissa Coulombe-Leduc. Elle mentionne que des changements pourraient être apportés en fonction de l'offre et de la demande dans le quartier.

L'une de ses préoccupations concerne notamment la concurrence que pourrait livrer l'église si elle devenait un lieu de diffusion. À ce sujet, l'élue admet que des réflexions sont amorcées et que certaines utilisations pourraient être revues en cours de route. Elle se dit consciente que les salles de spectacles ne sont pas encore tout à fait relevées de la pandémie.

Il semble toutefois que le communautaire aurait une place assurée afin de répondre à la demande criante des organismes du quartier.

Le mode de gouvernance est également assez précisé, car la Ville, si elle devenait propriétaire et responsable de l'état du bâtiment, confierait la gestion de la programmation culturelle à l'Institut canadien. L'Institut est déjà connu pour assurer la gestion de la Maison de la littérature, aménagée dans l'ancien temple Wesley, propriété de la Ville.

Ce mode de gouvernance est d'ailleurs recommandé par Raymond Chabot Grant Thornton. Des économies d’échelle pourraient être réalisées, et ce, grâce à l’efficacité opérationnelle éprouvée et la reconnaissance de l'Institut canadien de Québec comme gestionnaire efficient.

L'église Saint-Jean-Baptiste en quelques dates

1849 : Inauguration de l'église Saint-Jean-Baptiste

1886 : Ouverture de l'église actuelle après sa destruction dans l'incendie du Faubourg de 1881

1979 : Classement de l'orgue Casavant comme bien patrimonial

1991 : Classement de l'église comme immeuble patrimonial par le gouvernement du Québec

2015 : Fermeture de l'église au culte et fin de l'ensemble des activités

2021 : Réflexion sur la valorisation de l’église par l'Institut canadien de Québec

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