Hockey féminin : l’avenir professionnel des joueuses demeure incertain

En battant la Suisse samedi, les Canadiennes se sont qualifiées pour la finale du mondial de hockey féminin dimanche à Brampton, en Ontario.
Photo : The Canadian Press / Frank Gunn
Les Canadiennes rencontrent les Américaines dimanche pour la finale du mondial de hockey féminin à Brampton, en Ontario. Alors que l'engouement du public pour le hockey féminin continue de croître, l'avenir professionnel des joueuses demeure incertain.
À Etobicoke, en banlieue de Toronto, près de 300 jeunes hockeyeuses participaient dimanche à la Fête du hockey féminin de la Banque Scotia. Les jeunes sportives ont pu recevoir de précieux conseils de la part de joueuses professionnelles, dont Nicole Kosta, membre de l'Association professionnelle des joueuses de hockey féminin (PWHPA), qui soutient que le hockey féminin ne s'est jamais aussi bien porté
.
Selon elle, le nombre de joueuses ne cesse d'augmenter chaque année. Elles sont compétitives
et le niveau n'a jamais été aussi élevé, ajoute cette hockeyeuse originaire de Mississauga, qui se félicite de voir son sport en pleine progression, même si des efforts restent à faire pour pérenniser le hockey féminin professionnel.
Nicole Kosta aimerait voir par exemple des infrastructures appropriées pour s’entraîner, du personnel permanent et un réel environnement professionnel où les joueuses peuvent évoluer
.

De jeunes hockeyeuses ont participé dimanche à la Fête du hockey féminin de la Banque Scotia.
Photo : Radio-Canada
On n'est pas à un stade où on peut se concentrer sur le hockey, avoir un salaire assez élevé et jouer au hockey à temps plein.
La joueuse Carolyne Prévost, également membre de la PWHPA, souligne que la situation demeure précaire pour les joueuses de hockey, qui doivent jumeler plusieurs jobs en même temps
.
Mme Prévost, qui travaille également comme enseignante à temps plein, ajoute que la PWHPA est très proche de débuter une ligue professionnelle qui va permettre aux joueurs de faire du hockey à temps plein
.
On est un groupe très serré entre les filles d'Amérique du Nord, d'Europe et d’autres parties du monde pour créer cette ligue-là
, poursuit-elle. On veut juste soutenir les filles qui jouent au hockey et qui veulent continuer à jouer de leur passion
.
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Contrairement au hockey professionnel masculin, qui est unifié sous la LNH, le hockey féminin en Amérique du Nord est représenté par deux organismes : la PWHPA, qui détient l'essentiel des joueuses vedettes au Canada et aux États-Unis, et la Premier Hockey Federation (PHF), qui a augmenté les salaires des joueuses et qui recrute des noms reconnaissables du hockey canadien pour occuper des postes de direction.
La commissaire de la PHF, Reagan Carey, se réjouit de l'investissement de 25 millions de dollars de la part du propriétaire du groupe, qui bénéficiera aux joueuses et aux ressources de sa ligue. Nous avons un plafond salarial de 1,5 million de dollars
, se félicite-t-elle en précisant que c'est la meilleure masse salariale qui existe pour une équipe féminine.

Reagan Carey, la commissaire de la PHF, explique que l'investissement financier dans son groupe va avoir un effet positif sur la vie de ses joueuses.
Photo : (CBC News)
Selon elle, cette somme est importante
, car elle change bien des choses dans la vie des joueuses, dans leur style de vie et dans leur capacité à être des joueuses de hockey professionnelles
. Mme Carey ajoute que ces ressources financières permettront d'obtenir de meilleurs soins médicaux, davantage de soutien et de ressources pour les joueuses ainsi que de meilleurs entraînements sur la glace.
La commissaire de la PHF assure que ce n’est que le début du progrès pour son groupe.
Il faut des engagements audacieux de la part de certains, des gens passionnés par le jeu pour lancer le mouvement, et nous l'avons grâce à notre propriétaire.
Avec cet engagement de notre groupe de propriétaires, nous suscitons beaucoup d'intérêt, que ce soit pour le parrainage ou simplement pour le soutien de la ligue
, poursuit Reagan Carey, qui souligne par ailleurs l'engagement de la LNH dans le hockey féminin.
Beaucoup d'excellentes joueuses de hockey et de cadres féminines ont commencé à entrer dans les organisations de la LNH et c'est vraiment un changement impressionnant
, se félicite-t-elle.
J'ai commencé ma carrière dans la LNH et je peux certainement dire qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes qui occupaient ce genre d'emplois à l'époque. Je pense donc que la LNH fait beaucoup de choses formidables pour faire avancer le hockey féminin
, poursuit Reagan Carey.
Elle ajoute qu’il y a eu beaucoup d’évolution et d’efforts dans le but d’unifier le hockey féminin en Amérique du Nord.
Il y a beaucoup de travail formidable en cours. L'occasion de continuer à trouver des moyens de s'intégrer se présentera.
Pour Mme Carey, ce n'est encore que le balbutiement du hockey sur glace professionnel féminin
.
Une ligue, c'est ce qu'il y a de mieux
De son côté, Brenda Andress, présidente et fondatrice de l’organisme SheIS Sports Network, qui défend les sports féminins, appelle de ses vœux une ligue unique pour les joueuses de hockey professionnel.
Je crois fermement en une ligue, je crois aussi fermement au fait que la LNH pourrait jouer un rôle très important dans cette ligue unique.

Brenda Andress appelle de ses vœux une ligue unique pour les joueuses de hockey professionnel.
Photo : (CBC News)
Nous n’avons pas le droit de dire à une autre ligue ou à une autre femme qui veut commencer quelque chose de ne pas le faire [...]. Personne n’a le droit de dire qu’une ligue n'a pas le droit de fonctionner
, poursuit Brenda Andress, qui estime que, comme dans tous les sports, une ligue, c'est ce qu’il y a de mieux
.
Comment y arriver? Personne n'a cette réponse à ce stade-ci
, admet-elle.
Comment construire un partisan?
Par ailleurs, Brenda Andress met en garde contre l’impulsion suscitée par les grandes compétitions de hockey, car, selon elle, il faut construire non pas en se basant sur un élan momentané mais plutôt sur le temps qui sépare ces événements. C'est cela qui est important
, dit-elle.
Tout le monde regarde la Coupe du monde, tout le monde regarde les JO, et ensuite, où vont-ils?
demande Mme Andress, qui suggère de vraiment construire un partisan qui ne se contente pas de suivre un événement spécifique mais qui observe l'évolution d'une joueuse tout au long de l’année
.
Brenda Andress regrette également que les partisans ne sachent pas où assister aux matchs parce qu'ils ignorent où ils sont disputés. Pour que les partisans soient engagés, ils doivent savoir où se déroulent les matchs, qui doivent être organisés de manière régulière.
Avec les informations de Yanick Lepage