Le Bloc québécois demande à la vérificatrice générale d’enquêter sur la Fondation Trudeau
Les bloquistes font valoir que la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau a reçu du financement du gouvernement fédéral.

Contrairement à ce qui a été avancé par cet organisme, le don de 200 000 $ qui lui aurait été versé par un mécène chinois à la demande de Pékin n’a pas été remboursé, a pu confirmer Radio-Canada mercredi.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Le chef du Bloc québécois a envoyé une lettre à la vérificatrice générale du Canada, dont Radio-Canada a obtenu copie, pour lui demander formellement de faire enquête sur la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau.
Yves-François Blanchet juge que le moment est venu pour Karen Hogan de se pencher sur la gestion du don de deux riches hommes d’affaires chinois proches de Pékin à la fondation en 2016.
À ses yeux, le Bureau du vérificateur général du Canada (BVG) a non seulement l’autorité, mais aussi l’obligation d’intervenir puisque la Fondation a obtenu du financement public.

Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, lors d'une conférence de presse à Ottawa (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / PATRICK DOYLE
Comme la loi vous en confère l’autorité et compte tenu des investissements du gouvernement fédéral dans la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau, nous estimons aujourd’hui, Mme la Vérificatrice Générale, qu’une vérification diligente de votre part est nécessaire afin de faire la lumière sur cette affaire
, peut-on lire dans la lettre.
Le gouvernement fédéral a investi 125 millions de dollars pour financer les activités de base de la Fondation en 2002.
Le public, les électeurs et les contribuables ont le droit de savoir ce qui s’est passé dans la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau.
Le mystère s'épaissit
Depuis les premières révélations, le mystère ne semble jamais avoir cessé de s'épaissir autour de ce don. Mardi matin, huit administrateurs de la fondation et sa présidente-directrice générale, Pascale Fournier, ont annoncé qu’ils avaient démissionné, déplorant le climat politique entourant le don. Selon les démissionnaires, la politisation de l’affaire avait rendu impossible le statu quo au sein de l’organisme caritatif.
Par ailleurs, il a été révélé que la Fondation n’avait toujours pas remboursé le don aux deux hommes d’affaires, comme elle l’avait pourtant affirmé en mars dernier. L’organisme est incapable de trouver à qui remettre le montant. Le don avait été effectué par l’entremise d’une corporation enregistrée au Canada.
Selon nos informations, des divisions régnaient au conseil d’administration sur la manière de gérer la crise.
Ces révélations, dans la foulée de la démission en bloc des administrateurs de la Fondation qui déplorent un climat toxique et l’absence d’une enquête indépendante, sont extrêmement préoccupantes
, peut-on lire dans la lettre du chef bloquiste envoyée à la vérificatrice générale.

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan (Photo d'archives)
Photo : The Canadian Press / PATRICK DOYLE
Par voie de communiqué mercredi, la Fondation a annoncé avoir lancé son propre examen indépendant de révision sur la gestion du don.
Mais Yves-François Blanchet croit qu’il faut aller plus loin. Le chef du Bloc québécois estime que d’éclaircir les liens entre la fondation et ce donateur peut s’avérer révélateur sur la nature et l’ampleur des tentatives de Pékin pour influer sur le gouvernement.
Cette fondation, étant dans son ADN éminemment libérale, c’est peut-être même sur les libéraux qu’on espérait avoir une influence
, explique Yves-François Blanchet en entrevue à Radio-Canada.
On a affaire à un adversaire redoutable et on fait comme si le danger n’existait pas.
Enquête publique et indépendante toujours réclamée

Le rapporteur spécial nommé par Justin Trudeau, David Johnston, mandaté de déterminer si une enquête publique sur l'ingérence chinoise est nécessaire. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Selon lui, cette démarche de la vérificatrice générale ne devrait cependant pas remplacer la tenue d’une enquête publique et indépendante sur l’ingérence étrangère au Canada.
D’autant plus que les nouvelles révélations sur la gestion du don s’ajoutent aux questions soulevées sur la neutralité du rapporteur spécial nommé par Justin Trudeau, David Johnston.
M. Johnston a été membre de la Fondation jusqu’au moment où il a accepté ce mandat dans lequel le gouvernement lui demande de trancher avant le 23 mai sur la nécessité de déclencher une enquête publique.
Je ne sais pas comment Justin Trudeau peut éviter une enquête publique, le plus tôt sera le mieux y compris pour lui-même parce qu’il doit y avoir de plus en plus de gens qui se demandent qu’est-ce qu’il essaie de cacher
, conclut Yves-François Blanchet.