L’Arabie saoudite se réconcilie avec la Syrie
Riyad reprend également ses relations diplomatiques avec Téhéran.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan ben Abdullah avec son homologue syrien Fayçal Meqdad à Djeddah, en Arabie saoudite
Photo : via reuters / SAUDI PRESS AGENCY
L'Arabie saoudite a accueilli mercredi le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, avant la tenue vendredi en Arabie saoudite d'une réunion de neuf pays de la région pour discuter d'un éventuel retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, dont le prochain sommet ordinaire est prévu le 19 mai dans le royaume.
Les deux ministres ont discuté des mesures nécessaires pour parvenir à un règlement politique complet de la crise syrienne
, a déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué.
L'objectif est de parvenir à une réconciliation nationale […] de ramener la Syrie dans le giron arabe et qu'elle reprenne son rôle naturel dans le monde arabe
, ajoute le texte.
Damas était isolé sur le plan diplomatique depuis la répression en 2011 d'un soulèvement populaire ayant déclenché une guerre civile qui s'est complexifiée au fil des ans avec l'intervention de plusieurs pays et groupes armés étrangers.
Mais de plus en plus de pays arabes sont désormais favorables à un retour de la Syrie.

L’armée fidèle à Bachar Al-Assad a annoncé contrôler « totalement » la ville de Damas et ses environs après la reconquête de l’ultime bastion du groupe armé État islamique dans le sud de la capitale en mai 2018. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / Omar Sanadiki
Reprise des relations avec Téhéran
Le même jour, une délégation iranienne s’est rendue dans la capitale de l'Arabie saoudite, Riyad, pour rouvrir les missions diplomatiques dans le royaume.
La visite de la délégation iranienne est intervenue quelques jours après une rencontre historique à Pékin des chefs de la diplomatie des deux pays, qui avaient rompu leurs liens en 2016.
Les Iraniens et les Syriens sont en Arabie saoudite le même jour. C'est totalement fou et c'était inconcevable il y a encore quelques mois.
Riyad et Téhéran ont conclu récemment un accord, négocié par la Chine, pour une reprise de leurs relations. Ils devraient rouvrir leurs ambassades d'ici la mi-mai et mettre en œuvre des accords de coopération économique et de sécurité signés il y a plus de 20 ans.
Arrivée à Riyad mercredi, la délégation iranienne prendra les mesures nécessaires pour mettre en place l'ambassade et le consulat général à Riyad et à Djeddah, ainsi que l'activité du représentant permanent de la République islamique d'Iran auprès de l'Organisation de la coopération islamique
, a annoncé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani (Photo d'archives)
Photo : Associated Press / Ministère iranien des Affaires étrangères
Pékin dans le jeu diplomatique moyen-oriental
Riyad et Téhéran, deux poids lourds du Moyen-Orient, avaient rompu leurs liens après l'attaque de missions diplomatiques saoudiennes en Iran par des manifestants dénonçant l'exécution en Arabie saoudite d'un important religieux chiite.
Samedi, une délégation diplomatique saoudienne s'était rendue à Téhéran pour discuter de la réouverture de la représentation diplomatique du royaume dans la République islamique.
M. Kanani a précisé que la délégation technique
de l'Arabie saoudite partirait jeudi pour Machhad, deuxième ville d'Iran.
La semaine dernière, les ministres des Affaires étrangères iranien et saoudien, Hossein Amir-Abdollahian et Fayçal ben Farhane, ont eu des entretiens à Pékin sur la mise en œuvre de la normalisation amorcée dans la capitale chinoise le 10 mars.
Ce rapprochement devrait être formellement scellé à l'occasion d'une visite du président iranien, Ebrahim Raïssi, à Riyad, à l'invitation du roi Salmane d'Arabie saoudite, un déplacement prévu après le ramadan, fin avril.
Plus de 40 ans de relations tendues
Depuis la Révolution islamique de 1979 en Iran, les deux pays entretiennent une inimitié qui s'est caractérisée par des positions souvent opposées sur les dossiers régionaux, soutenant des camps rivaux comme en Syrie, au Liban ou au Yémen.
Leur rapprochement est de nature à changer la donne régionale, d'autant plus qu'il coïncide avec un dégel des relations entre Riyad et Damas.
Le royaume saoudien avait rompu ses relations en 2012 avec la Syrie, où il a soutenu des rebelles au début du conflit.

La ville rebelle de Jandaris, au nord de la Syrie, complètement dévastée par le séisme qui a fait des milliers de morts. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / KHALIL ASHAWI
Depuis le séisme du 6 février qui a dévasté le sud de la Turquie et des régions de la Syrie voisine, Riyad a envoyé de l'aide aux populations sinistrées, à la fois dans les zones sous contrôle gouvernemental et dans les zones rebelles.
Les deux pays ont également entamé des discussions sur une reprise de leurs services consulaires.
La guerre en Syrie a fait environ 500 000 morts, quelque six millions de réfugiés et dévasté les infrastructures du pays.