L’UQAR inondée de demandes d’admission d’étudiants étrangers

Plus de 12 000 demandes d'admission ont été reçues par l'Université du Québec à Rimouski, un chiffre prudent selon l'administration. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / François Gagnon
En prévision de la prochaine rentrée, l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) indique avoir reçu plus de 12 000 demandes d’admission d’étudiants étrangers. Un nombre hors norme, considérant que l’université accueille 6710 étudiants, dont 650 de l’étranger.
On parle de chiffres totalement gonflés avec nos habitudes
, lance le directeur des services à la communauté étudiante de l’UQAR, Jean-François Ouellet.
Des demandes d’admission, on en avait quelques milliers chaque année… mais jamais au-delà d’un 12 000.

Le directeur des services à la communauté étudiante à l'Université du Québec à Rimouski, Jean-François Ouellet
Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet
Et encore, ce chiffre est conservateur
, selon le directeur.
M. Ouellet fait le même constat que ses homologues du Cégep de Rimouski quant à l'ambiguïté occasionnée par une annonce faite par l’ex-ministre de l’Immigration, Jean Boulet.
Nous avons un intérêt à attirer et à retenir les étudiants [étrangers]
, déclarait Jean Boulet en mai 2022, parlant de ces derniers comme d’une force vive
. Il affirmait alors que certains étudiants poursuivant leurs études en région dans certains programmes ciblés verraient leurs droits de scolarité nivelés pour atteindre ceux de leurs camarades de classe québécois – des milliers de dollars en économie.
Cependant, seuls 46 étudiants seront admissibles à ce programme à l’UQAR, alors que l’objectif de l’annonce était de répondre à des besoins de main-d'œuvre d'employeurs en région
.
Je crois que [l’annonce] a créé des attentes parmi bien des étudiants à travers le monde
, suggère Jean-François Ouellet, qui ajoute que l’administration de l'Université anticipait que ce ne seraient pas tous ses étudiants étrangers qui bénéficieraient de ces nouvelles bourses.
Le Cégep de Rivière-du-Loup avait toutefois une interprétation bien différente de l’UQAR. L’annonce [qui] a été faite nous laissait penser qu’il y aurait un nombre assez important d’exemptions… c’est un peu triste
, jette son directeur général, René Gingras, qui déplore avoir à choisir une douzaine de candidats sur plus de 440 demandes d’admission.

Le programme annoncé en mai 2022 par Jean Boulet prévoit attirer 1200 étudiants étrangers en région d'ici quatre ans. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Hugo Pothier
De son côté, le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) confirme que 150 nouvelles bourses ont été accordées dans les cégeps québécois pour ce programme, et 250 dans les universités de la province.
René Gingras mentionne avoir signifié au MES que le nombre de bourses octroyées était trop petit. En se retrouvant avec aussi peu d’exemptions, on se retrouve avec un objectif qui n’est pas tout à fait atteint non plus
, remarque-t-il, soulignant que l’initiative s’inscrit dans l’Opération main-d’œuvre du gouvernement.

« Il y aura clairement des espoirs déçus », dit le directeur général du Cégep de Rivière-du-Loup, René Gingras, en référence aux nombreux candidats qui se buteront à un refus, faute de places disponibles. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Le directeur général du Cégep souligne le travail qui a été accompli par le personnel du Cégep pour traiter ces demandes, notamment en passant plus de 70 entrevues individuelles
auprès de candidats étrangers.
À l’UQAR, beaucoup de ressources ont également été mobilisées au Bureau du registraire pour traiter toutes ces demandes. Ils ont travaillé extrêmement fort pour ne laisser personne en plan
, décrit Jean-François Ouellet.
C’est un travail immense que de traiter toutes ces demandes pour arriver en bout de ligne avec 46 personnes qui pouvaient être admissibles
Québec se défend
Sur les exemptions qu’on accorde, on ne peut pas admettre tout le monde
, a déclaré de son côté la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascal Déry, en entrevue à l’émission Au cœur du monde. La popularité du programme aux quatre coins du monde nous a tous un peu surpris
, affirme l’élue.
Par courriel, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) affirme que le programme en question a fait l’objet d’une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux de la part de certains promoteurs à l’étranger laissant entendre que le cégep serait dorénavant gratuit pour les étudiants internationaux.
N'empêche, le MIFI n’a pas répondu à nos questions sur la clarté de l’annonce du ministre Jean Boulet en mai 2022, mise en doute par l’administration du Cégep de Rimouski.
En même temps, ça nous montre à quel point il y a un engouement pour venir étudier au Québec
, nuance Pascale Déry, tout en déclarant que les établissements des régions sont capables de répondre à cette demande
.
Les coûts du programme ont entre-temps été révisés, précise le MIFI. Ceux-ci passeront de 80 à 88 millions de dollars, ce qui permettrait à 2300 nouveaux étudiants de bénéficier de ces bourses d’ici 2026-2027.