Edmonton devrait permettre de petits campements de personnes sans-abri, dit un rapport

Plus de 750 personnes dorment chaque nuit dans les rues d'Edmonton.
Photo : Radio-Canada / Kory Siegers
Le groupe de recherche MAPS Alberta propose à la Ville d’Edmonton de maintenir des campements de petite taille, gérés par des Autochtones, le temps que les personnes sans-abri qui y vivent puissent accéder à un logement social.
L’équipe qui a conduit cette étude a analysé les informations accumulées par les agents municipaux et travailleurs sociaux qui patrouillent dans ces camps et interrogé 120 personnes.
Les personnes sans-abri qui vivent dans les campements se considèrent comme des personnes sans importance qui sont déplacées sans endroit où aller, ce qui les rend plus vulnérables
, dit Marlene Mulder, qui a dirigé l’équipe de recherche.
Mardi, elle a présenté aux conseilleurs municipaux qui participent au comité des services publics et communautaires le rapport de la recherche intitulé Staying Outside is Not A Preference: Homelessness in Edmonton (Nouvelle fenêtre) (en anglais).
Jerry McFeeters, qui a participé à la recherche, a vécu pendant des années dans un campement de personnes sans-abri. Ne pas pouvoir dormir ou ne pas trouver la nourriture dont on a besoin n’est pas le problème. Le problème, c'est de traverser la ville pour chercher où manger son souper et de ne pas retrouver sa tente quand on revient
, dit-il.
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Selon la conseillère municipale du quartier métis, Ashley Salvador, les Edmontoniens commencent à accepter l'idée de campements autorisés. J'ai entendu à maintes reprises que les campements peuvent servir de pont entre la situation actuelle des personnes itinérantes et l’accès à un logement
, dit-elle.
Cependant, Jennifer Flaman, la directrice des affaires communautaires de la Ville d’Edmonton, a des doutes en ce qui concerne cette idée, en rappelant les problèmes de sécurité qui ont eu lieu dans le campement de Pekiwewin en 2020 et celui du parc Light Horse dans le Vieux Strathcona.
Quand nous regroupons des personnes vulnérables ensemble, nous les transformons en cible facile pour les gangs, des attaques et des agressions sexuelles
, ajoute Jennifer Flaman.
Le plan de la Ville d’Edmonton manquerait d’ambition
La Ville d’Edmonton, de son côté, a créé un programme pour loger 100 personnes itinérantes, cette année. Les dernières statistiques municipales indiquent que, sur les 2843 personnes sans-abri à Edmonton, 757 dorment le plus souvent dans la rue.
Avant d’avoir pris connaissance du rapport, des conseillers municipaux se plaignaient que la stratégie de la Ville était insuffisante, trouvant que ce n'est qu'un amalgame de mesures provisoires en attendant un investissement plus important de la province.
Les Edmontoniens sont stupéfaits
, a affirmé le conseiller municipal Aaron Paquette lors d'un entretien lundi. Pourquoi laisse-t-on ces problèmes perdurer et pourquoi ne les résout-on pas, surtout quand on sait qu'en les résolvant on économise de l'argent et on sauve des vies?
Démantèlement des campements contre les droits des sans-abri?
Par ailleurs, un membre de la Criminal Trial Lawyers' Association a également expliqué que le démantèlement des campements exposait la Ville à des risques de poursuites.
Ce dernier, Chris Wiebe, dit que des cours de la Colombie-Britannique et de l’Ontario ont statué que les règlements municipaux qui autorisent le démantèlement des campements violent les droits des personnes sans-abri garantis par la Charte canadienne des droits et libertés quand il y a plus de personnes itinérantes que de places dans les refuges des municipalités.
Il ajoute que des agents municipaux ont expulsé des sans-abri avec un préavis de moins de 24 heures, contrairement à ce que la réglementation requiert. Il a aussi entendu dire que des agents ont saisi des biens, notamment des bouteilles de propane.
C'est une pratique qui manque d’humanité durant l’hiver, selon lui : Cela ressemble à une lutte des classes.
Avec des informations de Natasha Riebe