•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Le vapotage de cannabis gagne des adeptes chez les jeunes

Des jeunes vapotent à l'extérieur.

En 2022, les plus grandes proportions de consommateurs de cannabis se trouvent chez les 21-24 ans (40 %) et les 25-34 ans (37 %).

Photo : Radio-Canada / Laurie Gobeil

Guillaume Lepage

Le vapotage de cannabis fait plus que jamais fureur chez les jeunes de 15 à 17 ans au Québec, même si la vente de ce produit leur est interdite, montre un rapport de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) dévoilé mercredi. Une tendance à surveiller et qui requiert un meilleur encadrement du gouvernement, plaident des experts.

C’est assez banalisé chez les jeunes. L’accès est facile et les produits sont alléchants, résume au bout du fil le Dr Nicholas Chadi, pédiatre au CHU Sainte-Justine et chercheur spécialisé en toxicomanie et en médecine de l'adolescence.

Selon les chiffres de l’ISQ (Nouvelle fenêtre), 18,5 % des 15-17 ans ont consommé du cannabis au cours de l'année précédant l'enquête. Parmi eux, le taux de vapoteurs de cannabis est passé de 44 % en 2021 à 70 % en 2022. Ce bond de popularité s’observe aussi chez les 18-20 ans, mais de manière moins marquée : le taux est passé de 31 % en 2021 à 46 % en 2022 parmi les jeunes adultes déjà consommateurs (31,7 % des 18-20 ans).

Si cette tendance préoccupe le Dr Chadi, elle ne le surprend pas. Dans le cadre de sa pratique, il rencontre beaucoup d’adolescents qui vapotent à la fois de la nicotine et du cannabis.

Or, plus le consommateur est jeune, plus les risques associés à la consommation de cannabis sont élevés, met en garde le médecin. D'autant que les produits de vapotage ont souvent une forte teneur en THC, le composé chimique qui apporte la sensation d'euphorie, prévient-il.

« Ces produits peuvent avoir des effets assez importants sur le cerveau des adolescents, qui est en développement, mais aussi sur la régulation des émotions, le sommeil ou encore l’appétit. »

— Une citation de  Le Dr Nicholas Chadi, pédiatre au CHU Sainte-Justine et chercheur spécialisé en toxicomanie et en médecine de l'adolescence

Sans oublier les probabilités de développer une dépendance à court ou à long terme, ajoute le pédiatre.

Une jeune femme qui fume une cigarette électronique.

Près de 42 % des Québécois ayant consommé du cannabis dans l'année en ont pris moins d'un jour par mois.

Photo : Associated Press / Steven Senne

Si le vapotage de cannabis ne cesse de faire des adeptes, en fumer reste le mode de consommation le plus populaire au Québec, même s'il perd en popularité depuis la légalisation en 2018, indique aussi le rapport.

Environ 96 % des répondants consommateurs de cannabis employaient cette méthode il y a quatre ans, comparativement à 82 % l'an dernier.

Un marché laissé à lui-même

L'ISQ constate par ailleurs que l'attrait du vapotage diminue avec l'âge. La proportion de consommateurs de 55 ans et plus ayant employé cette méthode était seulement de 9 % en 2022, contre 8 % en 2021.

Sur l'ensemble des consommateurs de cannabis, le taux de vapotage est passé de 19 % en 2021 à 24 % en 2022. Et le taux varie très peu entre les hommes (24,1 %) et les femmes (23,9 %).

À lire aussi :

Pour Jean-Sébastien Fallu, professeur spécialisé en toxicomanie à l’Université de Montréal, il ne faut pas s’étonner de voir le vapotage de cannabis séduire autant les jeunes même si l’âge légal pour en consommer est fixé à 21 ans au Québec.

On ne sait pas non plus ce qu’il y a dans ces produits, argue-t-il. À ses yeux, le gouvernement doit envisager leur vente légale pour encadrer un marché laissé à lui-même et favoriser ainsi la qualité des produits en circulation.

Même si les jeunes de moins de 21 ans n’y auront pas accès légalement, ils risquent d’avoir accès à des produits contrôlés plutôt qu'à ceux qui circulent présentement, fait valoir M. Fallu.

Marché noir et consommation

Moins de Québécois se sont tournés vers le marché noir pour acheter leur cannabis en 2022, constate l’ISQ.

Quelque 11 % des consommateurs ont fait appel à un fournisseur illégal en 2021, contre 8 % en 2022.

Quant à l'âge moyen d’initiation à la substance, il a légèrement augmenté depuis la légalisation, passant de 15,9 ans en 2018 à 16,4 ans en 2022.

La consommation de cannabis, toutes méthodes confondues, est restée relativement stable entre 2021 et 2022, passant de 20 % à 19 %.

Appel à la sensibilisation

La Société québécoise du cannabis (SQDC) – seul détaillant autorisé dans la province – n’offre présentement aucun produit de vapotage sur ses rayons. Cette décision s’appuie notamment sur une mise en garde de la Direction générale de la santé publique formulée en 2019 sur les risques de développer une maladie pulmonaire aiguë associée au vapotage de cannabis.

Pour le Dr Nicholas Chadi, un grand travail de sensibilisation et d’éducation doit être mené auprès du public, surtout chez les jeunes.

« Il faut aller dans les écoles et les rejoindre là où ils se trouvent, sur les médias sociaux, pour les informer avec des sources qu’ils vont être capables d’assimiler. »

— Une citation de  Le Dr Nicholas Chadi, pédiatre et chercheur spécialisé en toxicomanie et en médecine de l'adolescence

Le pédiatre appelle également les pouvoirs publics à revoir la loi et à sévir pour empêcher la circulation de produits illégaux, ce que réfute le professeur Fallu.

Renforcer la sensibilisation, oui, mais il ne faut surtout pas sanctionner les adolescents surpris en train de vapoter du cannabis, d’après lui. C'est un chemin vers plus de problèmes et de stigmatisation, anticipe l'expert en toxicomanie. On a joué dans ce film-là; ce n’est pas pour rien qu'on légalise le cannabis et plein d'autres drogues dans le monde.

Neuf adolescents sur dix âgés de 15 à 17 ans disent avoir été exposés à des messages ou à des campagnes de sensibilisation concernant le cannabis au cours de l’année précédant le coup de sonde de l’ISQ, suivis par les 18-20 ans (88 %) et les 21-24 ans (86 %).

Sollicité par Radio-Canada pour réagir à ces informations, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a indiqué par courriel que le vapotage de cannabis chez les jeunes est un [problème] que le MSSS prend au sérieux et surveille étroitement.

Il a par ailleurs souligné qu’après la légalisation du cannabis, Québec avait lancé une initiative pour contrer le trafic de stupéfiants. Le programme ACCES Cannabis (Actions concertées pour contrer les économies souterraines) et les corps policiers ont mené plusieurs centaines d’enquêtes chaque année en ciblant la production, la vente ou la distribution illégales de cannabis à l’intérieur de la province.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...