Deux Canadiennes rapatriées de Syrie sont libérées sous caution en Ontario
Elles figurent au nombre des six femmes qu'Affaires mondiales Canada a accepté de faire rentrer au pays.

Ammara Amjad a comparu en personne devant la juge Hawke. Le procureur de la Couronne, Aaron Shachter, est à droite, tandis que l'avocat de la défense, Branden Miller, est à gauche.
Photo : Radio-Canada / Alexandra Newbould
Ammara Amjad et Dure Ahmed sont libres, mais elles sont soumises à de strictes conditions de remise en liberté. Elles ont comparu séparément mardi devant la Cour de justice de l'Ontario à Brampton après leur retour au pays, le 6 avril dernier.
Un interdit de publication nous empêche de révéler les preuves à conviction de la Couronne, les informations de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et les observations sur la peine des deux parties.
Les médias ne sont autorisés qu'à indiquer la décision de la juge Kathryn Hawke et les conditions de remise en liberté qu'Ammara Amjad devra respecter à la lettre.
Ammara Amjad ne fait face à aucune accusation criminelle.
Elle a été libérée en vertu d'une caution de 100 000 $ que son père et son frère ont versée en se portant garants de la jeune femme.
Ses deux jeunes enfants, revenus au Canada avec elle jeudi, ont en outre été logés dans la maison de leur grand-père maternel dès leur retour au pays.
Sorties à l'extérieur très limitées
Mme Amjad sera assignée à résidence 24 heures sur 24, sept jours sur sept, chez son père à Milton, en banlieue de Toronto, en attendant que son bracelet électronique soit prêt.
D'ici là, elle ne pourra sortir en public que sous de strictes conditions : pour emmener ses enfants à l'école et les ramener chez eux à la fin des classes, pour des raisons médicales au sujet de sa santé ou de celle de ses enfants, pour toute entrevue d'emploi, pour un éventuel retour aux études, pour s'entretenir avec la GRC ou pour consulter un conseiller que la GRC aura autorisé au préalable.

Vue du camp d'al-Hol, contrôlé par des forces kurdes en territoire syrien.
Photo : afp via getty images / DELIL SOULEIMAN
En outre, elle devra constamment porter sur elle l'engagement écrit qu'elle a signé et dans lequel elle promet de ne pas troubler la paix dans l'éventualité où elle se ferait arrêter dans la rue par un membre des forces de l'ordre.
Aucun étranger ne sera autorisé à lui rendre visite chez son père, à moins qu'il s'agisse d'une connaissance de son père ou de son frère, qui se sont portés garants de sa personne.
Communications sous surveillance
Elle ne peut posséder aucun appareil électronique qui soit en mesure d'avoir un accès Internet et elle ne pourra se connecter à Internet qu'en présence de son père ou de son frère et sous de strictes conditions (éducation, santé, emploi) ou pour recevoir des documents du gouvernement fédéral ou de la province.
Ses communications téléphoniques doivent se limiter à des appels à son avocat, à son conseiller et à des agents de la GRC.
Son père ou son frère doivent être présents au début et à la fin de chaque conversation. Par ailleurs, elle ne peut pas entrer en communication avec une liste d'individus que la juge a nommés.
Elle ne peut pas se trouver en possession de matériel subversif et violent (documentation, vidéocassettes, etc.) et ne peut en aucun cas avoir accès à des réseaux sociaux ou à des plateformes comme Snapchat.
Enfin, Ammara Amjad devra rester en Ontario, remettre son passeport (si ce n'est déjà fait) et ne demander aucun document de voyage. Elle ne peut posséder aucune arme ni conduire un véhicule motorisé.
Sa prochaine comparution est prévue le 12 mai au sujet de son engagement à ne pas troubler l'ordre public pour une affaire présumée liée au terrorisme.

Un gardien ouvre la porte d'une prison dans la région de Hasaka où sont détenus des étrangers soupçonnés d'avoir combattu pour le groupe armé État islamique en Syrie, le 7 janvier 2020.
Photo : Reuters / Goran Tomasevic
La seconde Canadienne, Dure Ahmed, qui est revenue au pays en même temps que Mme Amjad, a également comparu devant le tribunal de Brampton, mais des problèmes de son sur la plateforme Zoom ont fait en sorte que son audience s'est déroulée avec du retard devant un autre juge, si bien que Radio-Canada n'a pas pu y assister.
Selon La Presse canadienne, Mme Ahmed a elle aussi été libérée sous caution, mais ses conditions de remise en liberté n'ont pas été énumérées dans son cas.
Le gouvernement fédéral a autorisé le retour de 13 enfants qui ont séjourné avec les six Canadiennes dans des camps de détention kurdes dans le nord-est de la Syrie.
Quatre des femmes et dix des enfants sont déjà revenus au Canada depuis qu'Affaires mondiales a accepté de les rapatrier, en janvier.
L'une d'elles a été libérée à Edmonton sur la promesse de ne pas troubler l'ordre public.
Tous les enfants ont été placés chez des membres des familles respectives.