Bénévoles au pays de l’ours polaire
Ils font du bénévolat tout en participant à la recherche sur le changement climatique.

La bénévole Manon Gressard affirme qu'elle est heureuse de ne pas avoir croisé un ours polaire lors de son séjour à Churchill.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Le Centre d’études nordiques de Churchill, situé sur la côte ouest de la baie d’Hudson, accueille des bénévoles venus des quatre coins de la planète qui, en plus de découvrir l’écosystème exceptionnel de la région, contribuent à la recherche qui se penche largement sur le changement climatique.
Le programme de bénévolat a été lancé l’an dernier. Depuis, plus d’une vingtaine de personnes y ont participé, selon le directeur général du centre, Dylan McCart.
Nous avons eu des participants de partout dans le monde. Il y en a eu du Canada, d’Europe, de Berlin. Nous avons eu des participants de Chine, d’Argentine, d’autres endroits en Amérique latine
, souligne-t-il.
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Churchill est une communauté de 900 personnes située à 1000 km au nord de Winnipeg, réputée pour son tourisme. Elle s’est classée parmi les 50 destinations mondiales les plus belles à visiter en 2023, selon le palmarès du magazine américain Time.
Les visiteurs y ont notamment l’occasion de voir des ours polaires, des bélugas et des aurores boréales. La communauté est seulement accessible par les airs, par la mer ou par le chemin de fer.

Le Centre d'études nordiques de Churchill est conçu pour être particulièrement écologique et pour échapper aux accumulations de neige.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Le programme de bénévolat permet aux participants de découvrir Churchill d’une manière plus abordable et plus immersive.
Je crois que le plus grand attrait, c’est juste de faire l’expérience de Churchill, en général. C’est sur la liste de choses à faire avant de mourir de beaucoup de gens, en raison de l’environnement, des animaux qu'on peut voir ici
, indique Dylan McCart.
Former des ambassadeurs du Centre d’études
Le Centre d'études nordiques de Churchill est situé à 30 km du village. Il sert de centre éducatif et de base à de nombreux chercheurs qui se penchent sur les trois biomes qui s’y rencontrent : la toundra, la forêt boréale et la zone côtière.
Dylan McCart étudie les ours polaires, il est venu au centre pour la première fois en 2010 dans le cadre de ses recherches. Il trouve que Churchill a l’avantage d’être accessible par rapport à d’autres parties du subarctique grâce au chemin de fer. Celui-ci facilite aussi le transport d’équipement.

Le directeur général du Centre d’études nordiques de Churchill, Dylan McCart, dans l'escalier du dôme pour observer les aurores boréales.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Les bénévoles du centre ont l’occasion de participer à la recherche qui se fait au centre, en plus de contribuer à son fonctionnement quotidien.
Ils passent du temps avec notre service de la science, alors ils ont l’occasion d’aller sur le terrain et de recueillir des données. Je crois que l’expérience pratique permet vraiment aux gens de comprendre et d’apprécier la recherche qui se fait ici, en plus d’élargir leur compréhension
, indique Dylan McCart.
Ensuite, nous avons des participants qui quittent le centre et qui deviennent des sympathisants à long terme, financièrement, en sensibilisant le public ou en étant bénévoles à distance
, ajoute-t-il.

Des motoneiges et des traîneaux de chercheurs au Centre d'études nordiques de Churchill
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Découvrir le froid et l’isolement
Manon Gressard, qui est Française, sera l’une de ces ambassadrices du programme. L’étudiante en affaires est au Canada pendant six mois pour apprendre l’anglais. Avant d’aller à Toronto, elle a décidé de faire ce volontariat, qui lui était recommandé par un blogue.
J’ai été super bien accueillie par l’équipe qui nous a directement emmenés faire du chien de traîneau, ensuite nous sommes allés découvrir la ville en voiture, parce qu’il fait super froid
, raconte-t-elle, au terme de son séjour de deux semaines à Churchill.

La Française Manon Gressard est au Canada pour apprendre l'anglais.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Elle y était en février, alors que les températures dépassaient rarement -20 degrés Celsius.
C’est vraiment un choc, je ne pensais pas que c’était aussi froid. C’est vraiment une barrière, on ne peut pas sortir dehors sans avoir quelqu’un avec une voiture, ou quelqu’un pour prévenir d’un danger potentiel – du coup, je ne m’attendais pas à ça
, reconnaît-elle.
L’étudiante explique qu’elle a aimé découvrir l’importance scientifique du centre : Une chercheuse [...] m’a présenté le bâtiment oublié qu’on n'utilise plus aujourd’hui. Ça m’a vraiment impressionnée, toutes les recherches qui ont été faites à Churchill.

Les bénévoles ont l'occasion de découvrir la beauté glaciale de la toundra.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
On a beaucoup réfléchi au fait que les ours polaires reviennent toujours à Churchill, et ça nous a fait réfléchir par rapport au changement climatique, ajoute-t-elle. En France, on ne se rend vraiment pas compte de tout ça. Ici, tout le monde en parle.
Si son expérience fait rêver ses amis en France, elle note que l’environnement totalement anglophone et l’isolement présentent quand même des défis. C’est vraiment quelque chose qu’on ne vit qu’une fois dans sa vie
, résume-t-elle.
Matthias Musch, un ingénieur berlinois, a décidé de participer à ce programme en raison de son amour des trains.

Matthias Musch vient de Berlin, en Allemagne.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
Je voulais faire un grand voyage en train. Alors j’ai regardé où je pouvais aller en train et j’ai trouvé Churchill. C’était intéressant de me rendre dans un endroit aussi isolé et je n’ai jamais été autant au nord qu’ici
, explique-t-il.
Il a apprécié le paysage et a aidé des chercheurs qui testaient de nouveaux drones, ainsi que des géologues. Comme il travaille dans l’industrie alimentaire, le fonctionnement de la ferme hydroponique du centre, le projet Rocket Greens, l'a aussi intéressé. Cependant, il ne croit pas revenir.
Pour vivre dans une ville, un lieu aussi isolé, il faut être fait pour ça. Dans mon cas, j’ai découvert que je ne suis pas fait pour ça, mais c’était intéressant de le découvrir
, conclut-il en souriant.