Un tube consacré au transport collectif dans le troisième lien Québec-Lévis
L'option de faire passer le tramway de Québec sous le fleuve est envisagée, a appris Radio-Canada.
Le troisième lien consistera en un tunnel bitube.
Photo : site du Réseau express de la capitale
Les études en cours concernant le projet de troisième lien Québec-Lévis devraient aboutir à une version très différente de celle proposée l’an dernier. Radio-Canada a appris que deux « tubes » sont toujours envisagés, mais que l’un d'eux servirait exclusivement au transport collectif qui pourrait prendre la forme d'une ligne de tramway.
Rien n'est encore officiel concernant le moyen de transport qui pourrait circuler dans ce tube. Or, l'idée d'une autre phase du tramway de Québec qui passerait sous le fleuve Saint-Laurent pour relier les deux rives serait bel et bien envisagée.
Selon nos informations, les études sont suffisamment avancées au ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) pour que des rencontres confidentielles aient eu lieu récemment avec des employés de la Ville de Québec et de la Ville de Lévis.
Aucune des deux municipalités n’a voulu commenter ni même confirmer la date exacte des rencontres. Au moment d’écrire ces lignes, Radio-Canada n’avait pas encore obtenu de réponse du service des communications du MTMD.
Un tube étagé pour les autos
Selon nos informations, l'autre tube du troisième lien Québec-Lévis serait quant à lui réservé exclusivement aux automobiles. Les études recommanderaient que le tube soit constitué de deux étages, l'un destiné à la circulation vers le nord, l'autre à celle vers le sud.
Les voitures ne se croiseraient donc pas à l'intérieur de ce tunnel, ce qui rappelle en partie la toute première présentation du tunnel Québec-Lévis faite par le gouvernement de François Legault en 2021.
Le premier ministre François Legault présentait en mai 2021 son projet de REC, un réseau de transport qui incluait notamment le tunnel entre Québec et Lévis.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
La grande différence est que les études actuelles au MTMD concluent qu'il vaudrait mieux ne pas faire cohabiter différents moyens de transport à l'intérieur d'un même tube, entre autres pour des raisons de sécurité.
C'est notamment la raison pour laquelle les poids lourds – qu'ils transportent des matières dangereuses ou non – ne pourraient tout simplement pas emprunter le troisième lien, a-t-on appris.
Le pont Pierre-Laporte resterait donc la seule infrastructure permettant le transport de marchandises par camion entre la rive nord et la rive sud, dans la région de la Capitale-Nationale.
Le MTMD prévoit cependant qu’avec la mise en service du troisième lien, la circulation deviendra plus fluide sur le pont Pierre-Laporte, ce qui laissera davantage de place aux poids lourds.
Du financement fédéral?
La nécessité de ne pas faire cohabiter différents moyens de transport expliquerait aussi en partie la proposition de réserver l'un des deux tubes au transport collectif.
Toutefois, ce changement de vision offre un avantage potentiel, celui de permettre au gouvernement du Québec de refiler une partie de la facture à Ottawa, qui a montré peu d'intérêt pour soutenir un tunnel Québec-Lévis jusqu'ici.
C’est que le projet présenté l’an dernier par le ministre des Transports de l'époque, François Bonnardel, prévoyait des voies réservées pour les autobus électriques, mais seulement aux heures de pointe, ce qu’Ottawa semble associer davantage à du développement autoroutier.
François Bonnardel, alors ministre des Transports, présentait en avril 2022 une nouvelle mouture du troisième lien, rapidement surnommée « bitube ».
Photo : Radio-Canada / Pascal Poinlane
Or, cette idée de voies réservées deviendrait caduque si l’un des deux tubes était entièrement consacré au transport collectif, comme le proposent les études en cours.
Il reste à voir si cela pourrait effectivement inciter le gouvernement fédéral à offrir un financement. Il reste aussi à voir si le choix du moyen de transport collectif – autobus électrique, tramway ou autre – influencerait la perception d'Ottawa.
De la volonté malgré les doutes
Depuis quelques semaines, le gouvernement Legault se fait talonner au sujet des études en cours au MTMD, qu’il avait promis de rendre publiques avant la fin du mois de mars.
Mardi dernier, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a repoussé l’échéance : Avant l’été, assurément
, a-t-elle indiqué. D’ici là, les intentions du gouvernement pourraient-elles différer de ce qui ressort présentement des études? C’est possible, mais assez peu probable, selon nos informations.
Récemment, divers éléments ont semé le doute quant à l’avenir du troisième lien, dont l’absence de sommes qui y sont allouées dans le budget provincial, les données sur la qualité de l’air en Basse-Ville et les projections démographiques pour la grande région de Québec.
La baisse d’achalandage observée sur le pont de Québec et le pont Pierre-Laporte depuis la pandémie a aussi fait les manchettes, mais le premier ministre François Legault est toujours déterminé à faire un troisième lien
, a-t-il assuré la semaine dernière.
