Fourchette bleue lance sa liste 2023 et une plateforme commerciale d’espèces marines

Les oursins figurent parmi les espèces à découvrir, selon la certification Fourchette bleue. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Fourchette bleue dévoile sa traditionnelle liste des espèces marines du Saint-Laurent qui sont à valoriser. La liste 2023 a cependant subi les contrecoups du déclin de certaines espèces.
La liste comprend 46 espèces, dont le flétan du Groenland, communément appelé turbo, et le sébaste.
Elle compte au total 14 espèces de poissons, 15 fruits de mer, 2 mammifères et 15 variétés d’algues.
On a remis le flétan du Groenland, qu’on avait enlevé il y a quelques années parce que les stocks étaient en déclin
, explique la directrice générale du musée scientifique Exploramer, à l’origine de la certification Fourchette bleue, Sandra Gauthier, à l’émission Bon pied, bonne heure!.
Selon l’évaluation des chercheurs, les stocks du poisson ont augmenté depuis 2020. On va garder l’œil dessus pour s’assurer que l’année prochaine soit encore dans la même courbe de croissance
, commente-t-elle.
Le sébaste fait un retour fracassant dans les eaux du Saint-Laurent. Le ministère des Pêches et Océans Canada (MPO) indique que la biomasse de sébaste atteint environ 3,2 millions de tonnes selon la dernière estimation.
On espère que cette année on passera d’une pêche exploratoire à une pêche commerciale.
Elle espère que le MPO autorisera la pêche commerciale en 2023. Il y a plusieurs pêcheurs partout au Québec maritime qui attendent cette pêche-là avec impatience, non seulement pour pouvoir exercer leur métier, mais aussi parce que c’est un prédateur important pour la crevette nordique
, précise-t-elle.
Selon Mme Gauthier, la taille du sébaste serait toutefois plus ou moins intéressante pour la commercialisation de filets de poisson, mais la chair peut servir à faire des produits de transformation.

La liste des espèces marines valorisées par Fourchette bleue compte 14 espèces de poissons, 15 fruits de mer, 2 mammifères et 15 variétés d’algues.
Photo : Fourchette bleue
Deux espèces retirées de la liste 2023
Le concombre de mer, qui était officiellement de retour l’an dernier, a été une fois de plus retiré de la liste.
Sandra Gauthier précise que son équipe attend l’évolution des techniques de pêche au concombre de mer pour l’y inscrire à nouveau.
On pêche le concombre de mer à la drague, donc ce sont les fonds marins qui écopent de cette pêche-là
, avise-t-elle. C’est pour ça que l’on souhaite retirer cette pêche de la liste pour cette année. On sait qu’il y a des gens qui travaillent, notamment chez Merinov, sur l’évolution des engins de pêche. On espère qu’il y aura une nouvelle méthode de pêche qui sera mise en place.
Mme Gauthier indique que seul un nombre infime de pêcheurs pratiquent la cueillette manuelle. C’est pour ça qu’on l’a retiré momentanément.
Le buccin commun, qu’on connaît sous le nom de bourgot, a aussi été retiré de la liste d’espèces marines à valoriser. Le fruit de mer voit sa biomasse décroître dans 7 des 11 zones de pêche en activité.
Selon l’équipe qui analyse les évaluations des stocks menées par différents ministères, la forte présence des phoques gris met une pression sur les stocks de certains poissons. Le MPO signale que les phoques gris sont en partie responsables du déclin d’au moins six espèces de poissons, soit la morue franche, les plies canadiennes et grises, la limande à queue jaune, la merluche blanche et la raie tachetée.
Pour une chasse commerciale du phoque gris
La directrice générale, qui a été invitée d’ailleurs au comité permanent sur les pêches, propose d’allonger la période de chasse au phoque gris et de développer la chasse récréative.
La chasse aux phoques menée de façon responsable et durable pourrait aider à réguler la population croissante du mammifère et réduire l’impact de sa prédation sur plusieurs stocks fragilisés, croit-elle.
L’objectif, ultimement, est d’ouvrir des pourvoiries pour permettre d’accueillir des chasseurs d’autres régions du Québec, du Canada et même de l’étranger, pour venir faire de la chasse aux phoques dans nos régions. Ça permettrait un développement économique et un développement social intéressant pour nos régions en hiver
, fait valoir Mme Gauthier.
Pour la chasse commerciale, Exploramer est d’avis qu’elle devrait être démocratisée notamment en augmentant le quota de permis de chasse pour la Gaspésie.
Sandra Gauthier espère par ailleurs que d’autres usines de transformation de la viande de phoque soient en activité durant l’hiver. On pourrait se permettre de transformer de la viande de phoque parce que la demande commerciale est là
, mentionne-t-elle.
Une nouvelle plateforme commerciale de type marketplace
Fourchette bleue met en ligne un marché virtuel dans lequel pêcheurs et restaurateurs pourront se retrouver pour faciliter les ventes de petits volumes de poissons et fruits de mer.
Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a annoncé le financement à la hauteur de 50 000 $ à Exploramer pour développer cette plateforme commerciale numérique.
Les restaurateurs vont pouvoir aller voir ce qui vient de sortir de l’eau, qu’est-ce qu’ils veulent et peuvent acheter rapidement
, décrit Sandra Gauthier d’Exploramer. C’est vraiment un premier marché de poisson au Québec.
C’est la première fois qu’on va mettre en vente des produits marins d’ici pour l’industrie alimentaire d’ici, donc on est très fiers.
Pour le grand public, des recettes qui mettent en valeur les poissons et fruits de mer d’ici seront accessibles.
Avec les informations d'Isabelle Lévesque
À lire aussi :
- Vers un autre effondrement des stocks de poissons pélagiques?
- Les requins du Saint-Laurent, gestionnaires du garde-manger océanique
- Deux espèces de baleines en voie de disparition dans l’estuaire du Saint-Laurent
- Cartographier la végétation sous-marine pour la protéger en cas de déversement pétrolier
- Ottawa et Québec souhaitent quadrupler le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent