Des producteurs d’alcool appellent à une refonte du modèle de taxation
Les ventes de bière à l’extérieur, dans les bars, les restaurants et les festivals restent inférieurs de 15 à 20 % du niveau prépandémie, selon Bière Canada.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
La taxe fédérale sur les boissons alcoolisées a augmenté de 2 % samedi alors que cette hausse devait initialement atteindre 6,3 % en suivant le cours de l’inflation. Les producteurs d'alcool poussent donc un soupir de soulagement, mais certains appellent tout de même à une refonte du modèle de taxation.
Marie-Ève Myrand, membre du conseil d’administration de l’Association des microbrasseries canadiennes, se réjouit de ce plafonnement qui est une très bonne nouvelle pour les entrepreneurs et microbrasseries
du pays. D'autant plus, précise-t-elle, que l'industrie a connu des turbulences économiques
l'année dernière avec l’inflation et l’incertitude post-pandémie
.
Mme Myrand souligne que les producteurs d’alcool doivent déjà gérer l’augmentation du coût de leurs entrants, les matières premières, le coût des grains, l’électricité
. Donc, selon elle, une taxe automatique sur l’alcool à 6,3 % aurait pu mettre en péril l'industrie de l'alcool qui est quand même fragile à certains égards
.
« On n’est pas contre le fait de contribuer à l'assiette fiscale, de payer des taxes, mais encore faut-il que ce soit à une hauteur raisonnable. »
Marie-Ève Myrand, pour qui une taxe automatique suivant l'inflation aurait été préjudiciable et pas souhaitable
, pense que le modèle de taxation doit être repensé pour être adapté à la taille des producteurs.
On conçoit aisément qu'un citoyen qui gagne 40 000 dollars ne sera pas taxé au même niveau qu'un autre qui gagne 140 000. C'est exactement cette logique-là qu'on veut adapter et appliquer à la taille d'une entreprise brassicole
, fait-elle savoir.
De son côté, Jonathan St-Pierre, copropriétaire de la brasserie Full Beard Brewing à Timmins, dans le Nord de l’Ontario, souligne que, quelle que soit l'augmentation de la taxe, celle-ci affecte la production dans la brasserie.
« Chaque litre qu’on produit, chaque litre qui va dans la canette, chaque litre qui va dans la bouteille, on paye des taxes dessus, et à la fin du mois c’est un bon montant qu'on donne au gouvernement. »
Jonathan St-Pierre reconnaît toutefois qu’ une hausse de 2 % n’est pas majeure pour les microbrasseries
.
D’autres préoccupations
Mais la hausse de la taxe d'accise n’est pas la première préoccupation des producteurs d’alcool qui subissent depuis plus d’un an des augmentations sans précédent du prix des matières premières.
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L’augmentation du coût des grains, du houblon et de l’aluminium des canettes, par exemple, ont augmenté, se désole Jonathan St-Pierre, qui devra mesurer ce que cela représente pour sa brasserie sur le long terme.
Pour le moment, la taxe de 2 % ne change pas grand-chose
, répète-t-il.
Jonathan St-Pierre espère pouvoir continuer d'absorber les coûts, mais il n'exclut pas, à plus long terme, une augmentation du prix de la canette de bière.
Pour sa part, Bière Canada, qui représente l'industrie brassicole, se réjouit que le gouvernement ait limité l'augmentation des droits d'accise fédéraux à 2 %, car, selon l'organisme, les circonstances commerciales aujourd'hui sont uniques
, en raison d’un secteur hôtelier en difficulté et d’un consommateur fragile
.
Selon Bière Canada, les brasseurs et les entreprises hôtelières touristiques au pays ont du mal à se remettre de la pandémie.
L'organisme souligne que les ventes de bière à l’extérieur, dans les bars, les restaurants et les festivals restent inférieurs de 15 à 20 % du niveau prépandémie
.
Avec les informations de Jean-Loup Doudard